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lundi, 17 octobre 2005

Elle revient, fuyons

Elle est de retour. Il y avait quelque temps qu’on n’entendait plus parler d’elle. Il fallait bien qu’elle revînt. Certes, cette fois, elle exerce son métier de journaliste, nous livrant une somme sur l’affaire d’Outreau. 


Nous allons de nouveau avaler notre dose quotidienne obligatoire d’aubenasserie, cette tisane vendue depuis des mois, produit fabriqué imposé qui m’avait valu, il y a plusieurs mois, une grande bagarre sur LSP, bagarre débordant du ring pour en arriver dans l’heure à une mise en cause de ma personne, pour changer un peu. Passons.


Florence Aubenas est de retour, pas Gloria, pas Alleluiah du tout, Florence Aubenas nous casse les pieds, qu’elle nous foute la paix. Le dirai-je jamais assez fort ?


Ah j’entends déjà, du fond de mon bureau, objecter : « Mais elle ne parle pas d’elle, elle ne relate pas sa captivité, elle traite d’Outreau, vous savez bien, cette énorme erreur judiciaire, ce cas sans précédent, ça fera jurisprudence, vous savez »… Oui, je sais.


Si elle n’a rien produit à ce jour sur sa captivité (c’est tant mieux, d’ailleurs, ça nous épargnera du papier), on peut être certain que c’est pour obéir aux injonctions des services secrets qui l’avaient cueillie à son retour et emmenée, avec les siens, en hélicoptère.


En ce qui concerne Outreau, un livre, certainement, était nécessaire. Mais ce genre de parution entérine l’idée reçue selon laquelle ne peuvent et ne sauraient écrire que les journalistes et les universitaires. Les écrivains, on ne sait plus ce que c’est. J’insiste : des auteurs comme Vailland, Kessel, Mauriac, d’autres encore, n’ont jamais négligé le document, le récit. Ils ont aussi fait du journalisme, d’ailleurs, mais à quel niveau ! Aujourd’hui, les écrivains ne jugent plus cela dignes d’eux, ils préfèrent se nombriliser le sentiment dans des romans prétentieux paraissant à l’automne et en janvier et finissant bradés sur le trottoir, chez Boulinier, boulevard Saint-Michel.


De plus, avec le relatif recul dont on dispose à présent, un traitement journalistique de cette affaire ne s’imposait absolument pas. Une analyse sociale et critique, et surtout rédigée, avait sa place.


Regardez maintenant la couverture du livre en question : le nom de l’auteur est bien plus gros que le titre, regardez encore – qui voit-on sur la couverture de ce volume consacré à quelque chose de grave ? L’auteur, mais oui, mais c’est bien sûr.


Que les écrivains nous libèrent définitivement de Florence Aubenas.

14:38 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (14)

Commentaires

Son livre s'appelle "La méprise". Ma foi, le titre convient parfaitement à ce genre de couverture, dont on se demande ce que la tête de l'auteur vient faire dessus. Il ne manquerait plus qu'elle reçoive le prix Albert Londres et la nausée serait à son comble.

Écrit par : Sébastien | lundi, 17 octobre 2005

Ah, je vois que ce n'est pas moi qui fais une fixation sur cette dame. Vous êtes aussi indigné que moi, n'est-ce pas ?

Écrit par : Jacques Layani | lundi, 17 octobre 2005

Quel courage (inconscient ?…) de vous attaquer ainsi à la cléricature. Je vous rappelle la formule épinglée un soir de ce printemps, alors que je passais malheureusement dans la proximité d'un récepteur de télévision (je n'en ai pas à mon domicile depuis des lustres) : "Ayons ce soir une pensée pour tous les otages retenus dans le monde, civils et journalistes". C'était, cela va de soi, une journaliste qui s'exprimait ainsi, appelant le Peuple français à la prière, comme le muezzin du haut de son minaret.

Écrit par : Dominique Autié | lundi, 17 octobre 2005

Je ne sais pas si c'est du courage, c'est en tout cas le point de vue d'un citoyen, c'est tout. Je me rappelle en effet cette phrase que je n'avais pas entendue directement mais qui avait fait du bruit. Comme bourde, on ne fait guère mieux. Phrase révélatrice toutefois de l'aura militaro-religieuse des journalistes.

Écrit par : Jacques Layani | lundi, 17 octobre 2005

Allon, allons, je vous rappelle que le courage, "c'est aussi de lancer des ballons"...

Quelle indécence incroyable, cette couverture, que j'ai vue pour ma part placardée en affichette sur la plupart des maisons de presse..

Écrit par : Ludovic | lundi, 17 octobre 2005

J'ai l'impression que c'est Florence Aubenas qui nous a pris en otages. Quelle rançon va-t-il falloir payer pour que nous soyons libéré de cette journaliste ? Il n'y aura pas de lâcher de ballons ni de randonnées en rollers pour la majorité silencieuse, captive des légionnaires du Bien.

Écrit par : Sébastien | lundi, 17 octobre 2005

J'ai quand même du mal à comprendre la raison de cette détestation. Est-ce qu'il est anormal d'être vraiment drôle, intelligente, impertinente et de crever l'écran ou le poste de radio ? Cette fille a une personnalité certaine, cela n'en fait pas pour autant un écrivain – d'accord. Mais est-ce que cela la condamne à être dans la catégorie des non-écrivains faisant des non-livres. Comme je ne me souviens pas de ce qu'elle a écrit (j'ai dû la lire un peu à la sauvette dans Libé), je ne peux pas la juger sur ses écrits. Et je ne peux pas juger ses écrits d'après ses propos dans la sphère des médias qui se font de la publicité sur le nom déjà connu. De quoi parle-t-on ? Du phénomène médiatique ou de la personne qui écrit ?

Écrit par : Dominique | lundi, 17 octobre 2005

"cela n'en fait pas pour autant un écrivain – d'accord. Mais est-ce que cela la condamne à être dans la catégorie des non-écrivains faisant des non-livres".

Et bien oui...

Écrit par : Ludovic | mardi, 18 octobre 2005

Lol...

Mais Jacques, vous l'avez-lu (parcouru), au moins, son "non-livre"?

Écrit par : gluglups | mardi, 18 octobre 2005

Non. Je ne le ferai pas. Je trouve vraiment qu'elle consent à cette exploitation qui est faite de son nom et de son image. Franchement, était-il besoin de mettre son visage sur un livre consacré à Outreau ?

Moi qui en principe me livre toujours très facilement, j'éprouve envers elle une méfiance grandissante. J'ai horreur d'être manipulé.

Écrit par : Jacques Layani | mardi, 18 octobre 2005

Elle avait couvert le procès en question, donc il n'est pas anormal qu'elle reprenne ses anciens articles et reportages : elle est plus ou moins qualifiée pour en parler. Ce genre de livre serait sorti de toute manière et peut-être avec une autre signature, on aime tellement les histoires sordides. Néanmoins, est-ce qu'on n'aurait pas proposé à quelqu'un d'autre (un journaliste d'une autre publication ou d'un autre média) le même livre sur le même sujet s'il n'y avait pas eu déjà une publicité une publicité autour de son nom ? Cela fait mieux que Monique Michu de Radio-Bleu Dunkerque ou Gertrude Tartempion des Dernières Dépêches du Plat Pays. Mais sur le fond, je crois que c'est le genre du livre (du type causes célèbres) qui me dérange le plus : dans ma Champignacie, les journalistes locaux ont été mis à contribution pour narrer dans de faux livres les exploits d'un adjudant sadique et je pense qu'ils seront aussi prêts pour les exploits d'un châtelain amateur de jeunes vierges.

Écrit par : Dominique | mardi, 18 octobre 2005

Nous sommes d'accord sur le fond, les "causes célèbres". Je persiste toutefois à trouver honteux qu'elle n'ait pas exigé une couverture moins accrocheuse. Elle pouvait le faire. On peut obtenir des choses des éditeurs, lorsqu'on le veut, surtout avec sa notoriété et son "poids" commercial.

Écrit par : Jacques Layani | mardi, 18 octobre 2005

"une publicité une publicité": je profite de cette (tout à fait exceptionnelle) coquille de Dominique (que celui qui n'a jamais fourché du clavier lui jette la pierre (je suis pétri de retours bibliques, ces temps-ci (et les parenthèses, je ne vous dis pas))), pour demander aux spécialistes de l'édition et de typographie que vous êtes comment s'appelle la répétition erronée d'un mot ou d'une expression, comme ici: en anglais, je crois savoir que cela s'appelle "dittography". (Et l'inverse "haplography")

Écrit par : Guillaume | jeudi, 20 octobre 2005

En typographie, c'est un doublon.
http://www.u-cergy.fr/article52.html
http://www.gutenberg.eu.org/pub/GUTenberg/publicationsPDF/31-andre.pdf
Le contraire en typographie, c'est le bourdon (en codicologie, paléographie, rhétorique, c'est alors l'haplographie qui devient haplologie pour la phonétique).

Écrit par : Dominique | jeudi, 20 octobre 2005

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