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dimanche, 16 octobre 2005

Robert Laffont

On parle régulièrement d’édition, en ce lieu. Le dernier-né de ma documentation consacrée à ce métier vient de paraître, c’est un nouvel ouvrage de Robert Laffont, le dernier des grands éditeurs fondateurs (ou l’un des derniers, je ne sais plus). Il paraît aux éditions Anne Carrière, c’est-à-dire, si je ne me trompe, chez sa fille. J’en reparlerai certainement.

Robert Laffont, Une si longue quête, en collaboration avec Brigitte Lozerech, Anne Carrière, 2005.

 

Pour mémoire, les précédents ouvrages de Laffont :

Robert Laffont, Éditeur,
collection « Un homme et son métier »,
Robert Laffont, 1974.

Robert Laffont, Léger étonnement avant le saut,

Robert Laffont, 1996.

18:35 Publié dans Édition | Lien permanent | Commentaires (24)

Commentaires

Bon, premier aperçu, c'est mal rédigé. Plutôt : c'est plat. Ce n'est pas lui qui écrit, je ne sais pas pourquoi, peut-être parce qu'il est âgé maintenant (près de quatre-vingt dix ans). Le livre compte deux cent trente pages imprimées dans un corps important, histoire de lui en donner (du corps). Avec une typographie plus "normale", il aurait eu trente pages de moins, ça ne changeait rien. Trop grand format, aussi, par rapport à l'épaisseur. Presse Cameron : d'où, défauts d'encrage, évidemment. Bref, un livre d'aujourd'hui.

Cela étant, le contenu m'intéresse. C'est tout de même l'essentiel.

Écrit par : Jacques Layani | dimanche, 16 octobre 2005

Est-ce qu'il parle de sa première passion et de ses premiers objets d'édition : la poésie ?

Écrit par : Dominique | dimanche, 16 octobre 2005

"Léger étonnement avant le saut", quel beau titre ! S'agit-il du récit de sa NDA (near death experience) ? puisque cet homme fait partie de ceux qui disent "en être revenus" (de la mort). De mémoire, il en parlait oralement de façon assez juste et touchante - souvenir très diffus d'une émission de radio.

Écrit par : Dominique Autié | lundi, 17 octobre 2005

Pour vous conforter dans cette conviction militante, Jacques, que je partage, ô combien !, cette confidence publique : il a paru vers le milieu des années 1980 (je ne me lève pas pour vérifier la date, je suis épuisé comme tout lundi matin) un témoignage aux Presses de la Cité, intitulé "Les Yeux de l'Amour" : le récit d'une jeune femme qui avait perdu la vue lors d'une chute dans un escalier, qui est restée plusieurs années aveugle avant de se faire opérer à Boston et de recouvrer une vision à peu près normale. Il se trouve que je suis le nègre de cette femme (à l'époque, les éditeurs n'avaient pas encore adopté le principe de précaution qui consiste à faire figurer systématiquement en couverture "avec la collaboration de…" – expression strictement conforme aux principes du Code de la propriété intellectuelle –, donc je ne me suis mentionné que dans les remerciements !
Il m'est arrivé il y a un an, à l'occasion de mon dernier déménagement, d'ouvrir et de feuilleter quelques pages de ce livre. Ma réaction a été de me dire : "Bon Dieu, que c'est bien écrit !".
Je me souviens avoir donné à ce travail le meilleur de moi-même et en avoir tiré de vrais bonheurs (celui qui, un matin d'été à l'aube – j'étais en retard, j'avais écrit toute la nuit, profitant de la fraîcheur nocture – m'a fait relire, halluciné, la dernière phrase de "mon" chapitre, écrite dans cette sorte de fulgurance de l'inspiration : « Ce fut une journée bien éprouvante pour la jeune fille sensible que j'étais. »)

Écrit par : Dominique Autié | lundi, 17 octobre 2005

Voilà, c'est exactement cela. Je ne savais pas que nous aurions un exemple si proche. Merci de nous l'avoir donné.

Écrit par : Jacques Layani | lundi, 17 octobre 2005

"Et sa propre fille, qui le publie, ne se rend pas compte du mauvais service qu'elle lui rend."

Tout simplement parce que, de son propre aveu, elle ne lit pas ce qu'elle imprime.

Ainsi, je l'ai entendue dire, il y a un an environ, lors d'une émission radio (cela devait être "Cosmopolitaine", un dimanche après-midi sur France Inter) qu'elle avait édité Paulo Coelho sans l'avoir lu. L'écrivain avait déjà du succès, il venait d'être traduit en espagnol si je me souviens bien et une des amies d'Anne carrière, qui résidait à Barcelone venait de le lire. Elle lui a suggéré de le faire traduire en français et de l'éditer, ce qu'elle a fait, un peu par intuition commerciale. Après, le succès de librairie a été étonnant au point qu'elle avouait que sa maison reposait en grande partie sur cet auteur (que j'avoue ne pas avoir lu et qui compte autant d'admirateurs que de détracteurs).

Écrit par : Feuilly | lundi, 17 octobre 2005

Mais Feuilly, depuis quand les éditeurs lisent-ils ce qu'ils publient, allons ?

Ici, toutefois, il s'agit de son père, quand même.

Écrit par : Jacques Layani | lundi, 17 octobre 2005

Non, Jacques ! Même si vous avez en partie raison – mais vraiment en partie seulement –, ne répandons pas la sinistrose à propos de ce métier. Voyons l'avenir ! Et, dans l'ensemble, les éditeurs lisent en tout cas ce qu'ils publient (ce qu'ils reçoivent par la poste, c'est une autre affaire…)

Écrit par : Dominique Autié | lundi, 17 octobre 2005

Ah Dominique, que de perches vous saisissez quand je vous les tends ! Chic alors...

Allons donc, mon premier livre a paru chez Laffont, justement, sous l'étiquette Seghers. Vous n'imaginez pas que Laffont l'a lu ? Et l'un de nos éditeurs communs, Pirot ?

Écrit par : Jacques Layani | lundi, 17 octobre 2005

Christian Pirot ? Mais il n'est éditeur que parce qu'il est un lecteur addictif !!!! C'est le dernier exemple qu'il faut citer (ou plutôt le premier comme raison d'espérer et de croire dans ce métier).
Là, vous ne me tendez plus des perches, ce sont des banderilles !

Écrit par : Dominique Autié | lundi, 17 octobre 2005

Mais non, Pirot n'a jamais lu mon texte, voyons. Je ne lui en veux pas d'ailleurs, et je le remercie de l'avoir pris, mais il ne l'a pas lu.

Écrit par : Jacques Layani | lundi, 17 octobre 2005

On peut supposer qu'un comité de lecture s'occupe de ce qui arrive par la poste (et qui en gros ne sera pas publié). Dans ce fatras, si quelque chose a attiré l'attention, il passera à l'étape suivante, c'est-à-dire qu'on le proposera à l'éditeur proprement dit (ou au président du comité de lecture dans les grosses maisons). Viendra ensuite le volet financier (le livre sera-t-il rentable?) puis enfin la décision de publier ou non le texte.

Enfin, c'est comme cela que j'imagine que les choses doivent se passer. Suis-je encore trop naïf?

Remarquons, pour faire un pont avec le fil sur Aubenas, que pour réussir l'étape "financière", il est important d'être déjà connu (et d'être par exemple journaliste) ou d'avoir écrit sur un sujet d'actualité particulièrement porteur (ce qui est le cas avec Outreau)

Écrit par : Feuilly | lundi, 17 octobre 2005

Le schéma, globalement, est le bon, vous avez raison. J'ajoute toutefois qu'en littérature tout éditeur savait, jadis, qu'aucun bilan de "rentabilité" ne pouvait être dressé avant le troisième roman publié d'un auteur débutant. Publier de nouveaux auteurs était un véritable investissement pour l'éditeur. Ce phénomène reste vrai et si vous regardez la page "Du même auteur" de nouveaux venus dans la collection blanche de Gallimard, vous constaterez souvent qu'ils ont publié quelques livres auparavant chez de petits éditeurs. L'itinéraire d'un Richard Millet, pour ne citer que cet exemple, est emblématique à cet égard. Ce que l'on peut regretter, donc, c'est que les éditeurs jouent aujourd'hui les tout premeirs romans comme des "coups" (dont on attend le retour immédiat sur investissement) plutôt que comme des "mises" au long cours. Ce que je dis est très schématique, mais la tendance est celle-ci, et le principe de base, intangible, est celui-là.

Écrit par : Dominique Autié | lundi, 17 octobre 2005

"Si vous regardez la page "Du même auteur" de nouveaux venus dans la collection blanche de Gallimard, vous constaterez souvent qu'ils ont publié quelques livres auparavant chez de petits éditeurs"... Oui, c'est vrai, mais l'histoire ne dit pas comment, de chez ces petits éditeurs, ils ont bondi jusqu'au 5, rue Sébastien-Bottin.

Écrit par : Jacques Layani | lundi, 17 octobre 2005

Si je comprends bien, ce sont les petits éditeurs qui prennent les risques financiers en jouant sur la rentabilité à long terme, mais une fois que l'auteur devient un peu connu, il se tourne vers de plus grandes maisons qui alors ne lui ferment plus leurs portes.

D'un autre côté, il semble difficile d'attirer l'attention même des petits éditeurs.

On retombe donc sur le problème de la notoriété préalable.

Écrit par : Feuilly | lundi, 17 octobre 2005

"Une fois que l'auteur devient un peu connu, il se tourne vers de plus grandes maisons qui alors ne lui ferment plus leurs portes" : ce n'est jamais aussi simple, en tout cas ce n'est pas automatique. En fait, il n'y a aucune recette, rigoureusement aucune. De 1971 à 1987, j'ai tenté de publier des livres, impossible. De 1987 à 2005, je suis parvenu à en faire paraître onze, ce qui n'est pas rien mais n'est pas grand chose non plus, par rapport au nombre de mes tentatives. Eh bien, rien n'est changé, je n'ai aucune opportunité, actuellement, pour continuer. Je veux dire par là qu'on peut aussi repartir à zéro toute sa vie.

Écrit par : Jacques Layani | lundi, 17 octobre 2005

Il me semble pouvoir vous affirmer que c'est même pire : quand vous avez publié une dizaine de livres, dont quelques-uns dans de "grandes" maisons – mais que vous restez un auteur confidentiel parce qu'aucune de ces maisons n'a "misé" sur vous au long cours (faute d'avoir pu tenter l'expérience d'une production suivie chez un même éditeur, je m'en tiendrai orgueilleusement à ce diagnostic) –, et que vous sollicitez un "petit" éditeur pour faire paraître un texte qu'il vous plairait de voir publier à l'enseigne d'une maison sérieuse, indépendante, au catalogue de qualité, vous êtes suspect (que nous veut donc ce "has been" ?). J'ai fait cette expérience insolite il y a quatre ans. C'est très étrange, je vous assure. Narcissiquement éprouvant…
Je dis que c'est à de tels signes que l'on vérifie que quelque chose ne va pas au royaume de l'édition. C'est d'ordre dépressif. Cela passera, j'en suis absolument, résolument certain. Je n'en tire aucun dépit qui ne soit réparable. D'autant que je reste, peu ou prou, acteur de ce secteur.

Écrit par : Dominique Autié | lundi, 17 octobre 2005

C'est formidable, vous dites ce que je pense.

Votre optimisme, toutefois, m'étonne. Je vous l'ai déjà dit, je ne demande qu'à vous croire. Mais enfin, quand est-ce que ça ira mieux ? Quand nous ne serons plus là ?

Écrit par : Jacques Layani | lundi, 17 octobre 2005

Jacques,

Je ne vous cherche pas noise, mais simplement, je note:

"Bon, premier aperçu, c'est mal rédigé. Plutôt : c'est plat."
et ensuite:
"Cela étant, le contenu m'intéresse. C'est tout de même l'essentiel."

Ben voilà ! Sur le fil consacré à l'écriture non-romanesque et sur le questionnement sur ce qui fait la littérature, c'est très précisément ce que je tentais de dire: histoire, biographie, philosophie - il y d'abord le sujet, la qualité de l'écrit, et D'ABORD, pour ces sujets, le contenu. Le but du livre sur Laffont n'étant pas (malheureusement je vous l'accorde) de faire un livre complet (fond et forme) mais de simplement transmettre un contenu sur Robert Laffont personnage historique de l'édition française. Si vous y apprenez des choses intéressantes, ce livre aura servi sans prétendre être ce qu'il n'est pas: de la littérature. Et y'a pas de honte. (Pour la honte, ce serait plutôt l'objet livre mal foutu que vous décrivez. Mais là c'est autre chose.)

Écrit par : Benoit | lundi, 17 octobre 2005

Pour le travail des éditeurs, il n'est pas inutile de souligner qu'il y en a de toutes sortes, des petits et des très grands (je parle ici de moyens financiers) et qu'ils fonctionnent nécessairement différemment. Je ne trouve pas scandaleux que Carrière n'ait pas lu Coelho - elle montait un 'business" avec souci de grande rentabilité etc. Elle avait eu l'exemple paternel - publier des best-sellers pour pouvoir publier autre chose.

Peut-on reprocher à Antoine Gallimard de ne pas lire tout ce qui se publie avec son nom sur la couverture ?
À l'opposé, il y a plein de petits éditeurs qui font tout. Par ici, les gens sont parfois étonnés d'apprendre qu'un éditeur avec pignon-sur-rue ne fonctionne qu'avec deux employés. Cet éditeur là lit évidemment tout ce qu'il publie et se tape à peu près tout le travail.
Métier précaire qui demande une vraie passion.

Une bonne copine a participé à un lunch avec Anne Gavalda lors d'une tournée pour son dernier et monstrueux best-seller. Elle a raconté aux convives que tous les ponts d'or qu'on peut lui faire (et Dieu sait qu'on a dû lui en faire quelques uns) ne sauraient la faire changer d'allégeance: son éditeur lui avait un jour, gardé son chien alors qu'elle était malprise, EN PLUS de faire son travail d'éditeur, soit être le premier lecteur et l'infirmier dans la salle d'accouchement.

Autrement dit, elle se sent en famille et trouve la qualité de ses rapports avec son éditeur plus importante qu'un surplus de fric - son cas est particulier il faut dire, puisque tous ses livres depuis le premier ont été des succès, elle a donc ce luxe de pouvoir se consacrer à son travail d'écrivaine.

Voir aussi les auteurs qui suivent les Cremi et autres grands pontes et pontesses de l'édition lorsqu'ils mettent les bouts vers d'autres maisons - ceux là, fric ou pas, ont trouvés ce qu'ils désirent dans leurs rapports à l'éditeur.

Dommage que le Laffont ne vous apporte pas un surplus d'informations, puisque les exemples par vous cités sont assez catastrophiques.

Écrit par : Benoit | lundi, 17 octobre 2005

Benoît : son éditeur lui avait un jour, gardé son chien alors qu'elle était malprise

Pardon ?

Écrit par : Dominique | lundi, 17 octobre 2005

Malprise, comme dans malpris, je suis québécois, ben oui, faut vous habituer - je n'ai pas ici fait l'effort de cacher mes origines puisque malprise (dans le contexte, elle n'a personne pour garder son chien - l'éditeur la dépanne parce qu'elle malprise avec son chien) est ce qui est venu en premier, et parfois, j'aime bien écrire sans surveiller tous les régionalismes.

Parlant de dépanner, les magasins du coin ici, ou l'on achète lait, pain et autres yaourts sont des dépanneurs.

C'était la minute "enrichissons notre français avec les régions".

Écrit par : Benoit | lundi, 17 octobre 2005

Benoît, vous tombez mal, Dominique est un grand spécialiste de la langue et du français de partout, surtout du Québec. Peut-être, simplement, ne connaissait-il pas ce mot-là. Mais n'allez surtout pas croire à un reproche de sa part, tout au contraire, c'est une marque d'intérêt, à mon avis.

Écrit par : Jacques Layani | lundi, 17 octobre 2005

Dominique demande : "Est-ce qu'il parle de sa première passion et de ses premiers objets d'édition : la poésie ?"

Extrêmement brièvement, quelques courtes lignes signalant sa rencontre avec Seghers et la création de sa collection de poésie.

C'est d'ailleurs le problème général de ce livre, il est bien trop bref. Nonante années de souvenirs ne se traitent pas en deux cent trente pages seulement, surtout imprimées aussi gros.

Écrit par : Jacques Layani | mardi, 18 octobre 2005

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