jeudi, 29 septembre 2005
Stock, un éditeur
Je lis, étudie et stocke (tiens…) depuis quelques trente ans des ouvrages sur l’édition, l’imprimerie, l’écriture, la librairie, le livre, les bibliothèques. Personne ici, je pense, ne s’en étonnera. En ce qui concerne la section « Édition », on trouve sur mes rayonnages mémoires d’éditeurs, biographies d’iceux, souvenirs de leurs épouses, monographies sur leurs maisons... Curieusement, je n’avais rien de ou sur Stock. Voilà qui comble donc une lacune. Je n’ai pas achevé ma lecture mais, dès à présent, quelques remarques me paraissent s’imposer.
Paru en 1935, soit. On ne se méfie jamais assez… Un livre de souvenirs, forcément, ça porte sur une période, plus ou moins longue, antérieure. Ici, le récit remonte à quelques cinquante ans auparavant, soit aux dernières années du XIXe siècle. Surtout, si l’on espère trouver en ces pages un état de l’édition française à ce moment-là, on peut toujours chercher. Le volume ne recèle pas davantage une histoire de la maison Stock. C’est regrettable. Au vrai, de quoi est-il constitué ? De souvenirs du patron, et ces souvenirs sont ce qu’il conserve de ses rapports avec quelques uns de ses auteurs. Qu’on n’aille surtout pas attendre, cela dit, un portrait des écrivains en question. Il s’agit uniquement de ses relations avec eux et notamment de questions de contrats, de droits, ainsi que de différends inévitables. Une correspondance abondante est reproduite in extenso. Aucun point de vue littéraire. Lorsque, d’aventure, Stock nous dit qu’Untel est un grand écrivain, c’est en général en l’affirmant purement et simplement.
Au passage, on relève quelques noms de célébrités du moment et les titres de leurs immortels romans, complètement oubliés de nos jours. Certains noms ne me sont même pas connus, fût-ce par ouï-dire. Ce qui nous ramène, par parenthèse, aux propos récemment échangés sur le roman, clef de voûte de la littérature... et bradé sur le trottoir chez Boulinier, libraire d’occasion, boulevard Saint-Michel. Je m’égare.
12:00 Publié dans Édition | Lien permanent | Commentaires (18)
Commentaires
Ce livre est très bien. Il contient une correspondance entre Stock et Darien qui est très drôle, rétrospectivement. Alors que Darien se plaignait amèrement dans une lettre que Stock n’eût toujours pas publié son livre L’Epaulette au bout de deux ans, voici ce que son éditeur lui répondit :
« Monsieur Darien… Vous êtes un farceur, mais pas un farceur aimable, ce qui gâte tout. Vous êtes avec cela de la plus mauvaise foi, ce qui complique les choses et c’est embêtant. A la lettre que vous venez de m’adresser, on répond : merde, et c’est ce que je fais. »
Je ne possède pas ce Mémorandum mais un extrait de la correspondance figure sur la quatrième de couverture de l’édition 10-18 de L’Epaulette parue dans les années 70.
Désolé, je m'égare un peu du sujet mais je n'ai pas pu résister à donner cette anecdote.
Écrit par : Sébastien | jeudi, 29 septembre 2005
Vous avez parfaitement bien fait, j'en suis justement là de ma lecture. Je reviendrai sur le sujet.
Écrit par : Jacques Layani | jeudi, 29 septembre 2005
Je découvre, grâce à vous, l'existence d'un M. Stock… J'aurais dit, sans conviction, que "Stock" était un nom de marque, du temps où la publicité n'était pas la publicité mais la "réclame"…
J'ai, pour ma part, une tendresse particulière pour deux volumes de mémoires de ces pionniers de l'édition contemporaine : Robert Laffont, d'une part, dont le livre "Éditeur", dans la collection "Un homme et son métier", publié dans sa propre maison (1974) est tout à la fois modeste, pédagogique et vivifiant. Plus fantasque, dès son titre, "Endetté comme une mule ou la passion d'éditer" d'Éric Losfeld (Belfond, 1979) donne du métier d'éditeur une image qui est aux antipodes du cadre supérieur formaté par les contrôleurs de gestion que l'on rencontre couramment désormais aux commandes de nombre de catalogues…
Écrit par : Dominique Autié | jeudi, 29 septembre 2005
Stock fut l'éditeur de Bloy, Darien, Louise Michel... Je reparlerai sûrement de ce livre.
"Éditeur" de Laffont fut le premier. C'est lui qui a lancé la vogue des livres sur les éditeurs. J'ai pour Laffont pas mal d'estime. Longtemps, on l'a dit "le plus américain des éditeurs français", et l'inventeur des "coups" qui ne disaient pas encore leur nom (avec la collection "Vécu" et la collection "Best-sellers"). Cependant, quand, en 1969, Pierre Seghers a vendu sa maison prestigieuse, c'est à Laffont qu'il l'a vendue. Laffont vaut mieux que sa réputation. Quand il a cessé son activité, en 1988, il a vendu sa maison de la place Saint-Sulpice à Fixot, un marchand de soupe aigre. Hélas... Mais son fils ne voulait sans doute pas reprendre les rênes. Et sa fille... a fondé sa propre maison. Un comble.
Laffont avait commencé en 1941, rue Venture, à Marseille. Un libraire local l'avait aidé à ses débuts, la librairie Fueri, 21, rue Paradis, librairie qui, de 1973 à 1974, appointa comme vendeur (et autres) votre très humble et très dévoué serviteur. Quand il passait par Marseille, Laffont célèbre ne manquait pas de venir rendre visite à ses anciens amis.
Losfeld ? J'ai également son livre, publié chez Belfond. Belfond, encore un dont le fils, Jean-Daniel (qui a publié ma biographie d'A. Sarrazin) a fondé sa propre maison, L'Archipel-Écriture-Presses du Châtelet. Lui ne pouvait sans doute faire autrement, son père ayant vendu la sienne à Hachette alors qu'il était jeune encore pour reprendre le flambeau.
Écrit par : Jacques Layani | jeudi, 29 septembre 2005
Oui, Laffont était cet éditeur qui d'une main vendait Papillon et Le Parrain, et de l'autre des romans plus confidentiels (très bonne collection de romans étrangers, et n'est-il pas le premier à avoir publié Salinger en France ?), l'un permettant évidemment l'autre.
Aujourd'hui, on a souvent l'impression que l'on vous vend de la soupe des deux mains. Mais je succombe ici à la scrogneugneuserie. Ce doit être ce ciel de tempête qui pèse. Je vais me réfugier dans un café tiens.
Bonne soirée,
B.
Écrit par : Benoit | jeudi, 29 septembre 2005
Laffont fait partie de cette théorie d'éditeurs fondateurs de maisons. Il n'y en a plus. Les maisons qui se fondent à présent durent peu et n'ont à peu près aucune chance d'atteindre une position prestigieuse.
Cela dit, à part Gallimard qui est toujours dirigé par la famille mais n'a plus rien à publier et vit sur sa réputation, les grands éditeurs qui demeurent sont, pour la plupart des marques. Laffont, maintenant, c'est une marque, Seghers aussi, et Pauvert également, qui appartient à Fayard. Corti, de même. Belfond, pareil. Et d'autres. Il n'y a plus que des grands groupes financiers qui se rachètent les uns les autres. Le Seuil s'est fait racheter il y a peu.
Il reste de petits éditeurs un peu partout en France. La plupart du temps, ils se comportent comme des gros -- avec insolence et mépris -- mais n'ont pas les moyens de travailler comme des gros. Cela s'appelle éditer plus haut que...
Bon, maintenant, je suppose que l'ami Autié va intervenir.
Écrit par : Jacques Layani | jeudi, 29 septembre 2005
Et que se passe-t-il s'il reste sur la réserve ?
Une précision : j'ai dirigé pendant dix-neuf ans une maison d'édition, l'une des plus anciennes (fondée en 1839), Privat à Toulouse. Et j'ai vécu en direct le passage d'une entreprise strictement familiale au rachat par "un grand groupe" (extérieur au milieu éditorial), en passant par sept années au sein des éditions Bordas, premier acquéreur en 1987.
Impossible d'exprimer un sentiment sur ce que vous évoquez ici, Jacques, en seulement quelques lignes. D'autant plus que, dans le même temps de vie, je suis auteur et que j'ai fréquenté à ce titre des maisons comme Belfond, Phébus, Le Rocher. En toute conscience, je ne peux cosigner le tableau qu'en partie implicitement vous brossez de l'édition française aujourd'hui. Je dis "en partie implicitement" car, à vous lire, il n'y aurait plus à espérer de ce métier, ni de toute une tradition qui l'a longtemps porté et qui, selon mon expérience, n'est pas éteinte.
Pour faire bref, je me contenterai de comparer cette tradition à un organisme en état d'hibernation. L'édition n'est pas le seul secteur que les lois du marché ont "dévisagé". Ce qui ne signifie pas "tué". En un quart de siècle, j'ai assisté (et participé, à ma place d'acteur du secteur, fût-elle économiquement modeste) à une évolution du métier d'éditeur qui s'est d'abord traduite par un professionnalisme plus grand qui a permis au livre, convenez-en, de garder la tête haute – en tant que médium culturel – en plein essor de l'audiovisuel puis des TIC (technologies de l'information et de la communication).
Je pourrais continuer… mais il conviendrait de justifier le propos par des exemples, par des chiffres. J'ai enseigné tout cela pendant treize années à des étudiants en BTS édition et je m'y remets, depuis quinze jours, pour mon plus grand bonheur, en licence professionnelle et en master sous l'égide de l'université du Mirail. Mais, pour le coup, Jacques, je vais transformer votre espace en amphithéâtre et l'on va nous traiter de profs…
Non, disons qu'il me semble bien – et je saurais défendre, vraiment, ce point de vue qui n'est pas seulement une profession de foi – que l'évolution n'est pas terminée. Le pire (qui s'appelait Vivendi Universal Publishing et avait le faciès poupin de M. Messier) est derrière nous. Des "gens du livre", capable de transmettre une tradition à de futurs professionnels susceptibles de la recueillir et de la perpétuer, il n'en manque pas, je vous assure. Et de nouvelles maisons d'édition, vous allez voir en naître, dans cinq ou dix ans, et vous serez surpris.
Quant à celles qui opèrent aujourd'hui, deux exemples très précis :
- Le premier pour atténuer le propos sévère que vous tenez sur Gallimard : j'ai évoqué, ici même, la parution de deux volumes des romans de Charles-Ferdinand Ramuz en Pléiade, précisant bien que c'est la mise à l'honneur et la "médiatisation" de cet auteur qui me semble une vraie bonne nouvelle (plus que le papier Bible de ladite collection, qui induit un prix d'achat qui n'est pas à la portée de chacun de nous) ; Gallimard publiant un "thésaurus" Ramuz honore le métier d'éditeur (et je vous trouverai vingt exemples du même poids sur une année de nouveautés et de nouvelles éditions – ouvrages du fonds remis au jour – de Gallimard) ;
- second exemple, celui d'une maison d'édition (couplée à une librairie spécialisée dans le domaine portugais), Chandeigne : consultez leurs ouvrages en librairie, découvrez leur catalogue… Vous avez là la perfection en matière de politique et de production éditoriale – et tous les critères réunis qui me permettent d'affirmer ce que je dis plus haut : l'édition est vivante, bien vivante, mais elle se refait des forces dans un hiver un peu long et quelque peu rude, j'en conviens.
(Pardon, vraiment, je n'ose relire… ça doit faire 60 ou 80 cm d'écran ! ce n'est pas bien…)
Écrit par : Dominique Autié | jeudi, 29 septembre 2005
Eh bien voilà, je vous ai tendu la perche, il faut savoir provoquer aimablement et amicalement.
Moi, je suis ravi. Si vous me dites que les choses sont en passe de s'arranger, que de nouvelles maisons naîtront et m'étonneront, je suis très heureux. Et je vous crois. C'est justement pour ça que j'ai grossi le trait. Je ne pensais pas que la réponse viendrait si vite, mais j'en suis content.
Pour Gallimard, j'ai joué les provocateurs également. Mais la Pléiade ou la renaissance des ouvrages du fonds, c'est ce que j'appelais "vivre sur sa réputation". Si on lui enlève son fonds (ce serait idiot, certes), Gallimard s'écroule. Je crois que peu de choses, aujourd'hui, différencient sa production de celle des autres.
Et puis il y a les fonds perdus (pardon pour ce mauvais jeu de mots), notamment celui de Seghers, et ça...
Écrit par : Jacques Layani | jeudi, 29 septembre 2005
Ce n'est pas moi qui vous reprocherai votre longueur. Je travaillais jusqu'à tout récemment à l'implantation d'un programme de formation professionelle en milieu de travail pour le métier de libraire avec certification d'État, et ce travail pragmatique se trouvait au centre d'une réflexion plus large sur l'importance de la transmission des métiers du livre (sur toute sa chaîne) au sein d'une école, d'un programme intégré.
Bref, non seulement ce que vous racontez est intéressant, mais si j'y travaillais encore, qui sait, on se serait peut-être retrouvés pour un colloque ou votre expérience et votre enseignement aurait profité j'en suis sûr à l'industrie québécoise.
Las, les subventions gouvernementales et ses diverses agences faisant défaut, les dits programmes sont compromis, et moi-même suis désormais au chômage pour manque de fonds. C'est d'autant plus dommage que c'était vraiment bien amorcé.
C'est toujours un crève-coeur lorsque, une fois que l'unanimité arrive à se faire dans un milieu professionel (ce qui est loin d'être évident), il faut tout remiser sur une tablette et laisser retomber les énergies sollicitées à cause du manque de vision des ministères, organismes d'État, qui ont eux mêmes organisés la démarche. Fonds publics gaspillés, alors qu'un véritable programme, soutenu par le milieu allait naître.
Le monde du livre est assis le cul entre deux chaises, entre Culture et Commerce. La Culture, par ici, est le parent pauvre des ministères (pas même 1% du budget gouvernemental global) et le Commerce se fout de la Culture.
Le monde du livre, c'est les deux. Mais essayez de réunir ces deux mondes autour de la même table.
Aie.
Pendant ce temps, la vie continue, il faut bien payer le loyer, et on passe à autre chose.
Benoit.
Écrit par : Benoit | jeudi, 29 septembre 2005
Jacques, c'est mathématique : le fonds (= les ouvrages publiés depuis plus de 18 mois, c'est une définition fiscale, en plus !), c'est le sang, c'est le souffle vital d'une entreprise d'édition. Quand je suis arrivé dans le métier, on enseignait que la structure "normale" du chiffre d'affaires d'une entreprise d'édition était 60 % sur le fonds, 40 % sur les nouveautés – et c'était là un ratio limite ! faire 50 % sur les nouveautés était réputé non tenable, en gestion pure.
On a pu tenter le diable, ces deux dernières décennies, et faire croire qu'il était possible de travailler en flux tendu, de réaliser le chiffre d'affaires à 70 ou 80 % avec des "coups" éditoriaux ou des auteurs à succès qu'on se rachète comme d'autres les footballeurs. Mais la réalité est autre, je vous assure. Je prends tous les paris que vous voulez : Fayard, Grasset, Gallimard, Le Seuil… vivent toujours sous l'empire de ce théorème.
Quant à ce que vous nommez joliment les "fonds perdus", eux aussi sommeillent. Je n'ai pas que des éloges à formuler sur Phébus, mais force est de reconnaître qu'en la matière ils excellent à explorer ces "grands fonds" et à rapporter dans leurs filets, régulièrement, des trésors. La traduction de Moby Dick par Armel Guerne n'en est, provisoirement, que l'exemple le plus récent et le plus éloquent (il doit exister, aujourd'hui, sur le marché du poche une offre d'au moins trois traductions du chef-d'œuvre de Melville : rééditer, pour 24 ou 25 euros, au format classique, une autre traduction – fût-elle, sans doute, la meilleure et de loin – est, convenons-en, courageux. C'est, vraiment, faire métier d'éditeur.
Écrit par : Dominique Autié | jeudi, 29 septembre 2005
Benoît a parfaitement raison d'introduire cette partition culture/commerce. Ce seul fil rouge permettrait de mener loin notre débat, et sans doute de façon très fructueuse.
Simplement, cette réflexion : il sévit des "cultureux" tout aussi redoutables que les politiques et les marchands du temple réunis en raison même de leur opacité à toute réflexion économique sur la culture !
D'où ma conviction : c'est le professionnalisme qui est la clé de tout avenir pour le livre.
Écrit par : Dominique Autié | jeudi, 29 septembre 2005
Ah, que de beaux commentaires intéressants, un vrai débat. C'est mieux que "Yop, sympa", non ?
Votre appellation de "grands fonds" n'est pas mal non plus ! Surtout si vous enchaînez avec Moby Dick...
Rappelons cependant aux lecteurs que "petits fonds" et "grands fonds" sont les termes techniques pour les marges haute et intérieure, et pour les marges extérieure et inférieure d'un livre. De l'application de la règle des petits et grands fonds naît l'harmonie et l'équilibre de la colonne de texte dans la page. Enfin, naissait. Allez voir, maintenant, avec la Cameron !
Écrit par : Jacques Layani | jeudi, 29 septembre 2005
Bon, nos commentaires se croisent, c'est formidable. Bien entendu, je souscris entièrement à votre formule sur le professionnalisme et salue Benoît qui se débat outre-Atlantique avec son courage et ses ennuis.
Écrit par : Jacques Layani | jeudi, 29 septembre 2005
Les cultureux: oui en effet, rien de plus frustrant qu'un libraire qui refuse d'avouer qu'il fait un métier commercial.
Les livres il faut les vendre.
Les officiels: rien de plus frustrant qu'un fonctionnaire qui refuse d'admettre que le libraire fait aussi un métier culturel. Les livres, il faut les lire pour les vendre.
Écrit par : Benoit | vendredi, 30 septembre 2005
Jacques Layani : Le volume ne recèle pas davantage une histoire de la maison Stock. C’est regrettable.
Plus que regrettable car il s'agit en fait de la plus ancienne maison d'édition française encore vivante. Elle a commencé au XVIIIe s. et elle était spécialisée dans le théâtre, c'était alors le genre noble par excellence. Elle s'est acheminée vers le roman français au XIXe s. avec P.-V. Stock quand il s'est associé dans ce qui sera Tresse et Stock de la fin du XIXe jusqu'à la publication de ces mémoires . Ensuite, après guerre, elle s'est spécialisée seulement dans le roman étranger avec le Cabinet cosmopolite qui a périclité lorsque ses créateurs sont partis chez Denoël ; c'est à ce moment-là que la grande pieuvre Hachette avait mis la main sur un fond considérable qu'elle n'a jamais cherché à exploiter. On passe sur le bref épisode Roberts qui marquait le retour au roman français. Il y a une période fort obscure avant et pendant la guerre : celle de Boutelleau, alias Chardonne (époque Stock, Delamain et Boutelleau). Il y aurait quelques cadavres dans le placard... C'était devenu alors une maison qui faisait un peu tout et n'importe quoi, de beaux livres fort bien illustrés et puis des choses médiocres. Ce qui est étrange, c'est que le nom de Stock soit resté alors qu'il n'était pas le fondateur et que la maison avait changé totalement de politique éditoriale.
Écrit par : Dominique | dimanche, 02 octobre 2005
C'est très exactement cela. Voilà, en quelques lignes, une histoire de Stock. Pas un mot à ajouter.
Je regrette donc de n'avoir pas là-dessus le point de vue de P.-V. Stock lui-même. Je m'étonne aussi qu'étant donnée l'abondance de la littérature consacrée aux questions éditoriales et à l'histoire des firmes, personne n'ait étudié l'aventure de Stock.
P.-V. Stock n'était pas le fondateur mais, si j'ai bien compris les quelques indications du préfacier du volume, le neveu, très jeune, de l'héritière d'alors. J'ai cru comprendre qu'il avait suffisamment marqué de sa personnalité (qui ne transparaît certes pas dans ses souvenirs !) et de ses choix sa maison. Après son retrait, on a conservé son nom qui signifiait quelque chose pour le public du moment. Par la suite, on a surtout gardé une marque, un cachet -- avec, effectivement, une différence dans la politique éditoriale.
Écrit par : Jacques Layani | dimanche, 02 octobre 2005
Jacques Layani : Je m'étonne aussi qu'étant donnée l'abondance de la littérature consacrée aux questions éditoriales et à l'histoire des firmes, personne n'ait étudié l'aventure de Stock.
Il y a sans doute une thèse quelque part, sûrement aux États-Unis. Mais pour le savoir, il faut consulter les bibliographies annuelles sur les études littéraires et puis il faut encore pouvoir se faire communiquer un exemplaire, ce qui n'est pas aisé surtout s'il s'agit d'un tapuscrit. Néanmoins, je n'ai pas vu passer d'histoire générale de Stock alors que j'ai lu des tas de choses dans des registres variés au sujet des grands éditeurs . On peut supposer que c'est lié à la perte d'identité de la maison qui est juste un département d'une multinationale comme cette autre maison, Fayard, réduite à l'état de marque après la disparition sur les couvertures de Charpentier, d'Albert-Paul et d'Hetzel. Il n'y a pas d'histoire de Fayard non plus, mais il y en a plusieurs d'Hachette. Il manque peut-être un personnage dans le tableau, Stock était sans doute moins pitttoresque que Grasset ou Hetzel ou Larousse.
Écrit par : Dominique | dimanche, 02 octobre 2005
C'est exact, il n'est pas d'histoire de Fayard. Vous avez raison de dire que Stock était sans doute moins pittoresque que tel ou tel de ses confrères. Son livre est d'un ennui incommensurable et ne dépasse jamais le stade de l'anecdote. Il n'y a même pas de réflexion réelle sur son métier.
Je vois avec plaisir que nous avons encore un centre d'intérêt en commun.
Écrit par : Jacques Layani | dimanche, 02 octobre 2005
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