samedi, 30 juin 2018
Deux librairies encore
À Marseille, où toute promenade finit sur le Vieux-Port, j’avais coutume de me rendre chez Richaud, seule librairie ouverte le dimanche, à une époque où cela n’existait pas. On y trouvait beaucoup d’occasions. L’après-midi, le soleil inonde le quai du Port : il pénétrait abondamment dans la boutique, malgré la bâche baissée et les présentoirs extérieurs qui ne parvenaient pas à lui barrer la route. Je pensais à Baudelaire : « Quand, ainsi qu’un poète, il descend dans les villes, / Il ennoblit le sort des choses les plus viles, / Et s’introduit en roi, sans bruit et sans valets, / Dans tous les hôpitaux et dans tous les palais ». Et chez Richaud.
Richaud sera un jour victime d’un incendie, puis deviendra une carterie. On y vendait déjà cartes et souvenirs, mais des ouvrages demeuraient proposés au chaland. Ce sont évidemment eux qui ont été supprimés dans le nouveau magasin.
En remontant vers les Cinq-Avenues, La Touriale, 211, boulevard de la Libération, est un endroit qui m’évoque de nombreux souvenirs. Fondée en 1966, elle ferma en 1987 et, événement exceptionnel, rouvrit en 2008. Une librairie qui ressurgit au même endroit après vingt-et-un ans de fermeture, ce n’est pas courant.
Au vrai, la Touriale était une librairie-galerie, chose nouvelle au moment de l’ouverture, et le magasin d’aujourd’hui est une librairie « classique ». D’ailleurs, le lieu s’intitule réellement Bouquinerie des Cinq-Avenues mais il a conservé la bâche de naguère, où le nom prestigieux figure encore. L’assimilation se fait ainsi, tout naturellement, dans l’esprit des plus anciens. Pour les autres, il s’agit d’une librairie de quartier, ce qui est évidemment important et doit être soutenu.
07:00 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (0)
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