jeudi, 21 mars 2013
Demy, 11 : faire cent blancs
Lorsqu’à ses débuts, il ne peut disposer du budget qu’il désire, Demy traite le film en noir et blanc comme un film en couleurs. Lola et La Baie des anges sont dans ce cas. Par le jeu des contrastes, des veloutés, des oppositions, en résumé, par une remarquable photographie, Demy donne vie aux couleurs que la pellicule n’est pas à même de faire apparaître. La meilleure idée, en ce sens, est de faire de Jeanne Moreau une blonde platinée (à l’image, ses cheveux paraissent presque blancs) aux yeux fardés de noir, vêtue d’une robe imprimée blanche à grandes fleurs noires, ou bien d’une guêpière blanche. Le tout, dans une chambre d’hôtel aux murs qu’on devine blanchis à la chaux, sur lesquels se découpent des meubles sombres, qu’on voit noirs à l’écran. Dans La Baie des anges, l’alternance des ruelles obscures de Nice et de la plage étale sous l’éclatant soleil de la Côte d’Azur, remplit aussi cet office.
Dans Lola, la guêpière noire de l’héroïne, sa chambre aux murs blancs, le costume blanc de Frankie le marin de Chicago, celui de Michel, la voiture blanche de Michel, jouent le même rôle, auquel participe l’image surexposée de la lumière entrant par les vitres du café où Cassard se rend régulièrement, ou bien de celle pénétrant l’appartement de Mme Desnoyers. Ces noirs et blancs somptueux, ces éclairages le plus souvent naturels, savent conférer l’illusion de la couleur.
07:00 Publié dans Fauteuil payant | Lien permanent | Commentaires (4)
Commentaires
La grosse fleur noire, sur le ventre de Jeanne Moreau, fait d'elle une femme dangereuse, sans trop pousser le symbole.
Écrit par : Martine Layani | jeudi, 21 mars 2013
Tu crois ? Une fleur vénéneuse ? Peut-être. Pourtant, Jackie Demaistre (le personnage) est une fille faible, plus fragile qu'on ne croit.
Écrit par : Jacques Layani | jeudi, 21 mars 2013
Certes, mais la fragilité est dangereuse, lorsqu'on s'y laisse aller. Cela me fait au moins penser à une stérilité qu'on trouve dans le jeu aussi bien que dans l'infidélité, à l'abandon de son fils.
Écrit par : Martine Layani | jeudi, 21 mars 2013
Pas faux, pas faux.
Écrit par : Jacques Layani | jeudi, 21 mars 2013
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