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mercredi, 06 février 2013

Un article actuellement particulier

Parmi les tics qui rendent hirsute le langage de nos contemporains et me donnent des boutons dans les oreilles, « dispositif » remplaçant « dispositions », « expertise » ayant pris la place d’« expérience », et autres cochonneries, scories d’un vocabulaire déjà pauvre, « particulier » tient, depuis bien trop de temps maintenant, une place importante.
Désormais, tout est particulier, singulièrement lorsque l’on n’a rien à dire. Une personne demeurant muette devant une œuvre, un document, une situation, dira, après un temps de réflexion : « C’est très particulier », ce qui, à proprement parler, ne signifie absolument rien.
Cet adjectif représente de nos jours le nec plus ultra du néant. Dire de quoi que ce soit que c’est particulier n’a pas de sens. Le langage du vide devient de plus en plus insupportable. Sur le site de la Cinémathèque française, une rétrospective de Guédiguian est ainsi présentée : « Avec ses dix-sept films réalisés à ce jour, Robert Guédiguian, révélé par le succès de Marius et Jeannette en 1997, est l’auteur d’une œuvre à la fois personnelle mais aussi particulière dans le cinéma français ». Avec ça, on est renseigné. Quelques lignes plus loin, l’excellent chroniqueur rempile : « Bref, c’est un endroit particulier où se vivent des choses universelles ». Impossible de s’exprimer d’une manière plus générale, donc plus vide, plus répétitive, donc plus idiote.
L’adverbe « actuellement » se tient bien, lui aussi. « Untel vit actuellement à tel endroit ». Certes. Pourquoi donc nous renseignerait-on sur l’adresse qui était celle d’Untel il y a dix ans ? « Où habitez-vous, actuellement ? », me demanda un jour un policier. C’était il y a de nombreuses années, et l’adverbe automatique sévissait déjà. « Il est en réunion actuellement ». Diantre, dire : « Il est en réunion » n’aurait sans doute pas suffi. Le mot maudit ne décote pas.
Les tics de langage m’ont toujours insupporté, mais ceux-là me mettent littéralement hors de moi. Je ne comprends pas qu’on puisse se laisser aller au parler commun sans recul, sans réflexion, sans distance, qu’on puisse aller répétant ce que tout le monde dit, sans ironie, sans désir d’autres chemins. Le panurgisme est haïssable.

11:28 Publié dans Humeur | Lien permanent | Commentaires (4)

Commentaires

Une réponse au pourquoi est souvent "voilà", avec quoi on pense, même sur les chaînes de radio culturelles, avoir tout dit. Peut-être les nouveaux interlocuteurs sont-ils devenus voyants ? C'est Arthur qui serait surpris.

Écrit par : Martine Layani | mercredi, 06 février 2013

Voilà.

Écrit par : Jacques Layani | mercredi, 06 février 2013

"Absolument".
L'infini n'est pas loin, "au final".

Écrit par : Martine Layani | mercredi, 06 février 2013

A la base ? Tout à fait.

Écrit par : Jacques Layani | mercredi, 06 février 2013

Les commentaires sont fermés.