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mercredi, 08 novembre 2006

À la manière d’Hubert Nyssen

 À Benoît

Cette femme merveilleuse est une femme. C’est-à-dire que, contrairement aux hommes, elle a hérité de son sexe tout ce qui la rend femme. En montant hier dans l’avion qui devait, pensais-je, voler dans le ciel, je ne me doutais pas que cette femme si femme dans ses voiles légers et colorés allait avoir sur moi l’effet du mistral dans mes cheveux d’octo, qui n’ont de blanc que ce que les couvertures des éditions que j’ai créées, moi qui suis un passeur mais ne sais pas ce que je passe vraiment, ont de tilleul ou, si on le désire, de champagne. Elle devait, cette femme dont les yeux me faisaient penser à ses jambes, décoiffer à jamais, comme disent les gens au moderne parler, ce qui, sous le platane, me faisait croire à de possibles racines. Mon flair d’éditeur me disait déjà que je tenais là une nouvelle Nancy Huston ou, le dirai-je sans honte, la possibilité d’une Berberova. Icelle, dont j’étais allé jusqu’à supprimer le prénom afin qu’elle ne soit plus qu’un patronyme, comme Aragon ou, mieux, comme Hugo, avait enflammé les derniers feux allumés et brûlants qui enflammaient eux-mêmes ma jeunesse. Voilà que cette en vérité si femme me disait sans le secours d’aucun mot : « Hubert, quand tu allumes ta pipe, tu me donnes envie de… » Mais j’en ai dit suffisamment et que souffle le dévergondé et dévergondant mistral. Il est l’heure de retourner, moteur chaud, au roman.

13:40 Publié dans Humeur | Lien permanent | Commentaires (12)

Commentaires

À part quelques phrases ici, je n'ai jamais rien lu de Nyssen, je ne sais donc pas si le pastiche est juste, mais il est très drôle !

Écrit par : lamkyre | mercredi, 08 novembre 2006

Drôle ? Tant mieux. C'est l'essentiel.

Les allusions au mistral et à l'avion, au moteur et au roman, sont extraites, en substance, de ses carnets sur la Toile. Le coup de Berberova sans prénom, "comme Hugo" (!), n'est pas inventé, il est extrait (pas mot à mot) de ses carnets publiés dans sa propre maison.

Écrit par : Jacques Layani | mercredi, 08 novembre 2006

Je trouve surtout que c'est une consécration généreusement offerte à cet homme que de le gratifier d'un pastiche. C'est un peu l'équivalent d'un strapontin à l'Académie, non ? que d'être supposé identifiable dans cet exercice… Votre pastiche est effectivement drôle – pour ce que je sais du personnage, dont je n'ai pas lu grand chose moi non plus, si ce n'est, à titre professionnel, des chapelets de tartines de bons sentiments sur l'édition indépendante, qui m'ont toujours paru un peu rances. Je me suis toujours arrêté à la moitié de la première saucisse. C'est vous dire…

Écrit par : Dominique Autié | mercredi, 08 novembre 2006

Avec le commentaire précédent, nous célébrons trois choses : le retour de Dominique Autié après une longue absence ; un point de vue de professionnel sur le pitre moustachu ; le fait qu'apparemment, je n'ai pas tort quand je critique ce monsieur.

Dominique, avez-vous lu les deux notes antérieures, "Morceaux choisis" et "L'éditeur pourrissant", consacrées elles aussi à l'énergumène libidineux ?

Écrit par : Jacques Layani | jeudi, 09 novembre 2006

Oh oh, ses journaliers continuent de nous proposer (imposer) des perles ! A la date d'hier, on peut lire :

"Et puis, après le déjeuner, nous avons fait, Christine et moi, la promenade que d’habitude nous faisions le matin et à laquelle nous avons dû renoncer car le lever du jour est maintenant trop tardif. Les mêmes lointains dans une autre lumière, avec des rousseurs subtiles qu’on ne voit ni l’été ni l’hiver, nous avions l’impression de les découvrir."

Mon Dieu, quelle peinture de l'automne ! "Des rousseurs subtiles qu’on ne voit ni l’été ni l’hiver" : il n'y a pas à dire, Nyssen est un grand poète. Et quel renouvellement dans la description, quelle audace ! On marche sur la tête : vous avez déjà vu des rousseurs en été, vous ? Moi, je n'en ai vu qu'une, la tache délicate que le soleil fait naître, chaque année, au bout du nez de Martine. Mais dans les arbres, nenni. En hiver non plus, d'ailleurs, puisqu'il n'y a plus de feuilles.

"Bernard Franck vient à son tour de disparaître."

Frank détestait qu'on ajoutât un C à son nom. Hubert Nyssen, éditeur, ami des lettres et des écrivains, grand connaisseur, se plante majestueusement.

Écrit par : Jacques Layani | jeudi, 09 novembre 2006

Jacques, le bout de mon nez n'est pas végétal. C'est pour cette raison qu'il aura toujours un décalage par rapport aux feuilles. J'espère d'ailleurs que, contrairement à elles, il ne tombera pas :-))

Écrit par : Martine Layani | jeudi, 09 novembre 2006

Je crois que Nyssen, lui, commence à souffrir d'un décalage de la lucidité. Sa prose devient catastrophique. Je ne suis pas sûr que ce soit uniquement le vieillissement (81 ans) qui en soit la cause. Je suis même presque certain que ce vieillissement ne fait que mettre en lumière les défauts que la maturité savait cacher : le charabia, le snobisme, l'affèterie, la prétention, le cinéma qu'on se fait à soi-même, le fait de se prendre au sérieux à un point indécent.

Écrit par : Jacques Layani | jeudi, 09 novembre 2006

Mais alors, soyez un peu charitable Jacques. S'il est sénile ou sur le chemin de la maison de retraite, vous tirez sur une ambulance.

Pour les "rousseurs", à vous lire j'ai l'impression que je ne sais plus lire. Nyssen dit que ces couleurs ne sont visibles qu'en automne. Et alors ?
Pour le renouvellement, l'audace, qui vous dit qu'en écrivant chaque jour sur son blog, il ambitionne de révolutionner quoi que ce soit ?

Vous verrez, au printemps, il vous parlera des verts qu'on ne voit qu'au printemps (pas en hiver parce qu'il n'y a pas de feuilles dans les arbres etc.)
Et si vous êtes encore là pour commenter son manque d'audace, sa sénilité et sa prétention, c'est que vous aurez décidé de devenir le commentateur officiel et bénévole d'Hubert Nyssen. Non mais quel intérêt ?

Écrit par : Benoit | jeudi, 09 novembre 2006

Vous embêter. J'embête toujours ceux que j'aime.

Écrit par : Jacques Layani | jeudi, 09 novembre 2006

C'est un peu cruel, mais tout à fait délicieux... On en redemande...

Écrit par : fuligineuse | jeudi, 09 novembre 2006

Je repensais à ton pastiche en lisant ceci :
http://prolongement.hautetfort.com/archive/2006/11/26/lesc-oincidences-qui-n-en-sont-pas.html

Disons que Nyssen a les admirateurs qu'il mérite...

Écrit par : Guillaume | dimanche, 26 novembre 2006

Merci Guillaume, ça valait la peine.

Écrit par : Jacques Layani | dimanche, 26 novembre 2006

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