Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

vendredi, 03 novembre 2006

Ma poussière

Je trouve que l’automne est arrivé en douceur, cette fois. Arrivé comme une main qui m’aurait caressé sans que j’en prenne conscience. Arrivé ainsi qu’un souffle léger dans les feuilles mortes entassées de ma vie. Arrivé tel une écharpe sortie du placard où elle s’était tenue quelques mois dans le silence calme des tissus. Je trouve que l’automne, cette plainte tranquille, ce psaume coloré, est venu sans brutalité, je l’aime et, dans sa main tendue, je reconnais l’amitié qu’il m’offre depuis toujours. Je suis né en automne, cette saison cyclothymique, sous les arbres affolés mais pas mécontents d’être rudoyés par quelque bise faussement agressive. L’automne qui nous rhabille progressivement, les chemises succédant aux chemisettes, les pull over sans manches arrivant à la rescousse, la veste, l’imperméable qui attendent au coin du bois, non pas en embuscade mais en rendez-vous secret et pourquoi pas complice. L’automne est une page tachée de roussures, c’est la page de mes années entassées. D’aucuns font la somme de leurs printemps, je tiens le compte de mes automnes et j’attends de mourir comme s’achève une chanson, comme au temps des électrophones dont le bras ne revenait pas encore, en fin de sillon, dont le plateau continuait à tourner ; il fallait intervenir pour tout arrêter ou bien changer le disque, c’était avant les automatismes et bien avant les plages numériques des disques compacts ; c’était mon enfance et même un peu après, ce temps suspendu d’automne en automne, ce temps à marronniers et à cours de récréation – j’attends de mourir comme s’achève une chanson, ainsi que se taisent les rumeurs, pas celles de la calomnie mais celle du vent, celle de la rivière dont on s’éloigne, celle enfin de la ville dont nous parlait Verlaine. L’automne qui vient ce matin me dicter ce fragment poussiéreux.

10:20 Publié dans Humeur | Lien permanent | Commentaires (0)

Les commentaires sont fermés.