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samedi, 23 septembre 2006

Le nouveau Juillard

medium_8328.jpgJ’achète une fois tous les ixe, vraiment tous les ixe, un album de bande dessinée. Je suis très exigeant en la matière (ailleurs aussi.) J’attendais le nouveau livre de Juillard (sur un scénario de Christin), Le Long voyage de Léna, depuis plusieurs mois.

 

Voici la note que j’ai laissée sur un site de bandes dessinées : « Cet album est très décevant. C’est à mourir d’ennui. Il ne suffit pas de faire voyager une femme dont on devine le passé tragique pour créer quoi que ce soit. Le scénario est consternant de banalité et on a l’impression que Juillard s’est ennuyé à le dessiner. Eh oui, même graphiquement, ça sent l’ennui – et pourtant, c’est Juillard ! J’attendais cette œuvre depuis un bon moment. Bah, c’est raté. »

21:30 Publié dans Art | Lien permanent | Commentaires (13)

Commentaires

C'est un travers constant de Christin qui ne m'a jamais semblé être un bon scénariste. Bon... les premiers Valérian étaient corrects et inventifs, surtout pour l'époque, puis il a voulu donner dans la BD à thèse et en fait ses idées se résument à peu de choses. D'un autre côté, il a fait des tas de séries de récits sous la forme de voyages, que ce soit avec Bilal, Goetzinger et maintenant Juillard : c'est le même procédé à chaque fois, une accumulation de faits sans aucun vrai lien et une sorte de name-dropping plus ou moins historique et géographique, et une fin tragique qui vient comme un cheveu dans la mauvaise soupe. Par exemple, si on voit les Phalanges de l'ordre rouge qui avait fait la couv' de Lire et avait été classé comme le meilleur livre de l'année à l'époque, mais c'est consternant ! Le dessin de Bilal est superbe et le scénario est totalement absent, les personnages sont tous des clichetons. Mais on ne peut plus lire le Vaisseau de pierre, le récit précédent, sans ricaner devant les poncifs sur les gauchistes. J'ai lu aussi un roman et un recueil de nouvelles de Christin, aucun souvenir, du vide parce qu'il accumule des truismes.

Écrit par : Dominique | dimanche, 24 septembre 2006

Eh bien voilà, comme l'écrivait Gary : "On ne saurait mieux dire" et Dominique a très bien décrit ce que j'ai ressenti devant le scénario de Christin. C'est parfait.

Écrit par : Jacques Layani | dimanche, 24 septembre 2006

J'ai lu cette BD en feuilleton dans Bodoï et je me suis dit alors : mais où est-ce qu'on nous emmène pour la prochaine escale et quelle est vraiment l'importance du lieu exotique que l'on nous a montrés ? C'était beau, mais après ? Je ne vois aucune histoire forte, je ne vois pas de vrai reportage. Si je veux des BD bien documentés, je lis du Tardi.

Écrit par : Dominique | dimanche, 24 septembre 2006

Sinon, que conseillerais-tu de Juillard, dont j'ignorais totalement l'existence ?

Pour ce qui est de Christin, j'ai lu, sur le conseil d'un ami, son polar de campus "Petits crimes entre humanités", qui est totalement bâclé, ridicule, mal écrit... parfois juste dans la satire du milieu universitaire, mais ça n'en fait pas un bon livre !

Écrit par : MuMM | lundi, 25 septembre 2006

De Juillard, j'aime le diptyque du Cahier bleu : Le Cahier bleu et Après la pluie.

Ce nouveau récit, lui, est ahurissant d'insignifiance. Comme le dit Dominique, le voyage de l'héroïne n'a aucun *sens*. Les deux-tiers de l'album se passent à la voir aller d'un endroit à l'autre, dans un exotisme gratuit. A la huitième page, je mourais d'ennui. On devine que le dernier tiers donnera la clé de l'énigme (si l'on peut parler d'énigme !) Las, la clé en question est une fausse clef : le dénouement tient du pétard mouillé, de la promesse non tenue. C'est nul et surfait.

Un défaut dans le graphisme de Juillard, que j'aime par ailleurs : il ne sait pas dessiner les voitures. Pour un récit comme celui-ci, où l'héroïne se déplace tout le temps, c'est embêtant. Il fait de beaux bateaux, mais ses automobiles sont des caisses à savon. Qu'il aille prendre des leçons chez Franquin, chez Jidéhem.

Écrit par : Jacques Layani | lundi, 25 septembre 2006

Mon avis sur les différents Juillard. Isabelle Fantouri, avec Convard : à éviter absolument. Un mélange de Docteur Justice et de docteur Kouchner à la sauce catho. Des histoires courtes et caricaturales mettant en scène des médecins de l'OMS. Dessin baclé et impersonnel : Convard faisait les décors et encrait pour aller plus vite.
Masque rouge : 3 volumes au dessin plus personnel, mais les histoires sont indigentes par manque de place et par frilosité envers un lectorat jeune (les épisodes de 10 pages étaient publiés dans Pif). On est entre Paul Féval et Zévaco avec une sorte de Zorro ou de Robin des Bois féminin, l'arrière-plan historique tient plus de Guy Breton que de François Furet. Il existe une suite totalement lamentable par un tâcheron italien. Il y a aussi des séries parallèles ou suivantes avec des dessins que je n'ose même pas qualifier.
Les Sept Vies de l'épervier : la suite du précédent, en 7 volumes. Les dix ou douze premières pages de la Blanche Morte valent vraiment l'achat : la poursuite par une meute dans la neige, les jeux d'escrime de la jeune Ariane. Après cela se gâte parce que le rédacteur en chef chez Glénat, Filippini (un des plus grands abrutis dans le monde de la BD), demandait à ses auteurs de caser toujours une scène de fesses toutes les quatre ou cinq pages et c'est facile avec Henri IV. Et puis le scénario de Cothias se perd dans les digressions, les scènes parallèles. Mais le dernier volume vaut aussi la peine par son aspect crépusculaire. Sur le plan du dessin, c'est le sommet de Juillard : la mise en page est inventive, dynamique, le trait est souple.
La suite de la suite : Plume-au-vent. 4 volumes. Pour moi, ce sont 4 livres de commande même si Juillard dessine toujours aussi bien. Pourquoi ? Parce que le western canadien est un genre archi-usé quand l'histoire paraît : on a déjà vu une demi-douzaine de séries sur la vie des Indiens du Québec. En outre, on ressucite Ariane alors qu'elle était morte, cela sent le procédé pour exploiter le filon commercial. Mais si on ne connaît pas d'autres BD sur le même sujet, c'est intéressant et différent des westerns classiques. Cothias s'est un peu éloigné de ses histoires d'amour de l'histoire de France, donne moins dans le cliché et il s'est bien documenté sur les Indiens, s'est rendu sur place.
Arno : 3 volumes sur scénario de Jacques Martin. Le dessin devient plus classique, la mise en page est un peu cucul à la Tintin des années 50, c'est Martin qui la fait malgré sa presque totale cécité. Le scénario ? Très simple : il n'y en a pas. Martin produit des dizaines de volumes par an qui sont juste des prétextes à évoquer de grandes figures historiques et des hauts lieux culturels (ici l'Egypte, Venise). Bien entendu, il y a la scène de cul qu'il faut dans un volume pour adultes avec la belle Arabe qui se baigne nue dans une oasis. C'est dommage, le sujet était intéressant : le voyage en Egypte de Napoléon vu par un peintre. Un grand gâchis. Martin et Juillard se sont séparés sur un désaccord et Martin a confié la suite à un dessinateur d'un niveau lamentable (comme presque tous ses collaborateurs à l'exception de Pleyers qui lui aussi a fini par regimber).
Les 3 Blake et Mortimer. Les scénarios sont de mauvais démarquages de Ian Fleming. Juillard l'a fait parallèlement à la série de Ted Benoît (excellent) et Van Hamme (berk), avant la reprise par Adler. Je pense que Juillard n'est pas au niveau de Benoît qui baigne totalement dans les années 50. On sent que le dessin est poussif et que Juillard s'est fait assister : il y a encore Convard pour les décors et l'encrage, tout de suite c'est pâteux, raide. Bon... Mais le début des Sept Sarcophages est vraiment bien (les 25 premières pages) : ce qui convient à Juillard, ce sont les ambiances fantastiques, les chevaux, les paysages, et puis on sent qu'il a eu du plaisir à dessiner Bruxelles sous un autre jour, après c'est un peu confus. Il a fait aussi bien avant un carnet avec Blake et Mortimer âgés : bof.
Sinon, je suis de l'avis de Jacques : les deux livres sont scénarisés par Juillard lui-même et on voit tout de suite la différence dans le rythme de la narration. La mise en page n'est pas planplan comme pour Arno et Blake, mais elle adopte une forme plus apte à dilater le temps. Ses femmes sont toujours un peu les mêmes, mais ce n'est pas un défaut. Et là il joue sur l'ellipse, le sous-entendu, le non-dit, des choses très visuelles (j'ai été très intéressé par la comparaison que j'ai vue sur un site entre les lieux réels et les lieux dessinés).

Écrit par : Dominique | lundi, 25 septembre 2006

Mumm, tu voulais connaître Juillard, tu es servi. Dominique est l'envoyé spécial du 14, rue Franklin au pays de la bande dessinée.

Écrit par : Jacques Layani | lundi, 25 septembre 2006

Je suis ébloui ! J'ai commencé un nouveau boulot dans une librairie avec une spécialisation en BD: je prends des notes.

Écrit par : Benoit | mardi, 26 septembre 2006

On fréquente des gens bien, rue Franklin, n'est-ce pas ?

Écrit par : Jacques Layani | mardi, 26 septembre 2006

Merci à tous les deux de vos préciosissimes et très-détaillés conseils.

Écrit par : Guillaume Cingal | mercredi, 27 septembre 2006

Merci de vos conseils détails & très-précieux,

Écrit par : Guillaume | mercredi, 27 septembre 2006

Merci de vos conseils détaillés & très-précieux,

Écrit par : Guillaume | mercredi, 27 septembre 2006

Quel imbécile, ce Guillaume...

Écrit par : MuMM | mercredi, 27 septembre 2006

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