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mercredi, 19 juillet 2006

À la patience

Nous ne nous connaissons pas beaucoup, c’est le moins que je puisse avouer. Je ne vous ai jamais énormément fréquentée. Quand j’ai dit que j’allais vous écrire, Martine a répondu : « Tu ne sauras pas quoi lui dire. » Elle n’avait pas tort. Les femmes n’ont jamais tort.

 

Lorsque mes filles étaient petites, je vous avais un peu apprise, mais c’est terminé. C’était surtout l’amour pour mes enfants que, par alchimie, je transmuais en patience. C’était mon rôle : le père est un sorcier ou n’est pas.

 

Je suis toujours extrêmement étonné lorsque j’entends parler de « prendre son temps. » D’abord, où le prendre ? C’est une aberration. On n’est pas immortel, on n’a jamais le temps. Je voudrais brûler plus vite encore. Il est des gens qui se conduisent comme s’ils ne devaient jamais mourir. Je ne peux pas les comprendre. Je me comporte en permanence comme si je devais mourir dans l’heure et encore, je trouve que tout est trop lent. Contre l’absurdité de notre condition, contre l’obligation qui nous est faite de mourir, je ne sais que la hâte, l’impatience, le désir paré de robes mordorées, de tuniques anciennes, chaussé de spartiates taillées dans le cuir de la douleur de vivre et de l’appréhension permanente de l’avenir. J’aimerais, en tout cas, que vous acceptiez de me donner votre adresse afin que nous puissions convenir d’un rendez-vous. Il pourrait n’être pas inutile qu’enfin, nous conversions. Je ne saurais garantir que notre rencontre sera fructueuse. Néanmoins, nous pouvons tenter de mieux nous savoir. Je suis certain que, si j’avais l’honneur et le plaisir de pouvoir contempler vos yeux, quelque chose me convaincrait de faire davantage l’effort de vous aimer et me donnerait la force sentimentale de demeurer à vos côtés.

 

Quelques amis qui vous connaissent m’ont dit que votre visage était empreint d’une douceur virginale. Je veux bien les croire sur parole, mais j’aimerais me rendre compte par moi-même de la splendide humilité de vos traits. Dans votre église, j’aimerais assister à l’office dont, depuis ma naissance, je me trouve privé.

 

J’espère de tout cœur que vous accepterez de répondre à cette lettre énervée et que vous prendrez en considération ma très lamentable prière.

 

En attendant, donc, de connaître votre adresse, je vous fais parvenir cette lettre, poste restante. Vous la retirerez au bureau des jours paisibles.

Commentaires

C'est une de vos plus belles.
Relue pour en extiper toute la beauté.

Écrit par : Benoit | jeudi, 20 juillet 2006

J'extipe, c'est la chaleur, j'en ai oublié mon R.

Écrit par : Benoit | jeudi, 20 juillet 2006

La chaleur, Benoît ? Venez chez nous, dans le Lot. 30 ° la nuit dans la maison. 35 ° à l'ombre dans la journée, 40 ou 41 ° au soleil. Martine a même aperçu un thermomètre indiquant 51 °...

Écrit par : Jacques Layani | vendredi, 21 juillet 2006

Y'a vraiment kèkchose qui tourne pas rond.
34 à Vancouver demain: record de tous les temps.
C'est pas le Lot, mais sur le bord du Pacifique, pas loin de l'Alaska, c'est un peu bizarre tout de même.
Mais on s'en fait pour rien: les écologistes sont de doux dingues, des poètes.

Écrit par : Benoit | samedi, 22 juillet 2006

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