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dimanche, 30 avril 2006

Les archives de l’Ina

Les archives de l’Institut national de l’audiovisuel (Ina) s’ouvrent au public. Enfin ! Enregistrements sonores, images, toute cette richesse historique et culturelle est désormais accessible. Toute ? Non. Seule une partie des documents a été mise à disposition sur Internet. Qui a fait les choix et selon quels critères ? Le mystère est entier.

 

Tous les journaux, les télévisions, les radios ont annoncé l’événement, en précisant que 80 % de l’offre étaient gratuits. Tant mieux. C’est sans doute le sort malin ou un hasard curieux qui font que, systématiquement, toutes mes demandes sont payantes. Elles font partie des 20 % restants, certainement. Ne soyons pas de mauvaise humeur, le prix demandé n’est pas excessif : d’un à quatre euros par document, si l’on désire acheter (on peut aussi, c’est alors un peu moins cher, simplement consulter).

 

J’ai essayé, pour commencer, avec vingt euros, immédiatement encaissés. On m’a même fait une fleur : deux euros de « bonus ». Me voilà avec vingt-deux euros à ma disposition. J’achète donc, pour sept euros, deux documents… que je ne peux télécharger depuis plusieurs jours. Même le bon docteur Dalmasso, professeur émérite, immédiatement contacté par téléphone afin d’obtenir une consultation en urgence dans son service de CIA (chirurgie informatique appliquée), n’a rien pu faire pour moi, lui qui, pourtant, est le plus grand spécialiste mondial des problèmes informatiques et des ordinateurs malades.

 

L’Ina a vu petit, tout petit. On a prévu un million de connexions quotidiennes. La réalité : trois millions huit cent mille connexions par jour. Le système ne fonctionne plus. Saturation totale. Les documents que j’ai achetés sont ainsi annotés dans l’historique de mes commandes : pour l’un, « poids du fichier 0 Mo », ce qui n’est vraiment pas beaucoup ; pour l’autre « Patientez ». Et ça s’arrête là.

 

Je peux comprendre les problèmes techniques, évidemment. Mais on pouvait s’y attendre. Jusque là, les consultations à l’Ina se faisaient avec beaucoup de barrages : il fallait montrer patte blanche, justifier d’un travail en cours, produire une attestation, un contrat, bref, obtenir une autorisation. Il fallait, s’il s’agissait d’archives du film, aller à Bois-d’Arcy, dans un fort, sur rendez-vous, avec badge à la boutonnière. D’autres documents, à la maison de la Radio, étaient plus proches mais tout aussi difficilement accessibles. Par dessus tout, le coût était exorbitant : une demi-journée de consultation d’archives sonores coûtait, en 1996, la somme de cinq cents francs.

 

Il n’était pas difficile, par conséquent, de prévoir le succès de cette ouverture sur Internet. Non, personne, apparemment, n’a imaginé la bousculade.

 

Hier, un peu agacé, j’ai tenté de joindre le service d’assistance, non au téléphone que je devinais saturé et dont le prix était à mon sens un peu élevé, mais en envoyant un message, puisqu’un bouton « Contact » est prévu. Les messages ne partaient pas. Impossible. J’ai utilisé ma messagerie, en ayant bien lu, sur le site, l’engagement pris par l’Ina de répondre dans les quarante-huit heures. Voici ce que j’ai écrit :

 

Bonjour, il m’est impossible de télécharger les deux documents que j’ai achetés  depuis le premier jour. Il est indiqué : « Poids du fichier : 0 Mo » pour  l’un, et « Patientez » pour l’autre. Merci de me répondre (en revanche,  le paiement, lui, fonctionne bien mais… pour rien.) Avec mes remerciements, Jacques Layani.

 

Je dois à la vérité de dire que la réponse est arrivée dans les dix minutes qui ont suivi. En voici le texte :

 

Bonjour Mr Layani, En effet vu l’affluence sur le site ina.fr, plus de 3,8 millions de personnes, il se peut que la préparation des documents progresse lentement voire se bloque. Nous nous excusons du désagrément occasionné. Je vous prie de réessayer cette opération ultérieurement. Merci de votre confiance et à très bientôt sur Ina.fr !  

 

Ce n’était pas la réponse que j’espérais. La situation, je la connaissais, je voulais une solution. J’ai donc répondu, un peu agacé :

 

Je suppose que cette réponse est une plaisanterie ? Si c’était pour me dire de recommencer plus tard, je pouvais m’en douter. Pour payer, ce n’est jamais plus tard, n’est-ce pas ? L’affluence ! Cela fait des décennies que les chercheurs attendent cette ouverture des fonds au public. On ne pouvait pas se douter qu’il y aurait affluence ! On a préféré voir petit, tout petit, comme d’habitude. C’était difficile, en effet, de prévoir des millions de connexions ! Je suis furieux. C’est se moquer du monde. Jacques Layani.

 

Oui, je sais, j’ai été désagréable. Dans l’heure, j’ai obtenu une autre réponse :

 

Bonjour, vous avez pas perdu votre argent juste le temp que les téléchargement seront Ok vous retrouverez dans l’historique tous vos télécharment. Merci de votre confiance et à très bientôt sur Ina.fr !

 

Que pouvais-je faire ? J’attends toujours. Ce matin, j’obtiens une annonce informant le public qu’en raison de l’affluence, le service est purement et simplement suspendu pour quelques heures.

12:15 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (25)

Commentaires

C'était à prévoir. Quand le ministère des Anciens Combattants avait mis en ligne ses archives, pendant un jour ou deux cela avait été paisible, et après avoir regardé quelques documents j'avais signalé alors sur un forum l'existence du site, mais une fois que la grande presse et la télévision en avaient parlé, c'était fini : les serveurs affichaient un déni de service parce que des fichiers images, c'est très lourd (moins que des vidéos, mais plus que du texte). Et maintenant que la fièvre est retombée, je pense que le trafic est redevenu normal. Le même problème existe pour un site comme celui de la Nasa lorsque toutes les télévisions annoncent que des images inédites sont en ligne, surtout si on se connecte aux heures américaines, et pourtant la Nasa possède l'une des plus grosses armadas de serveurs et une bande passante presque illimitée par rapport aux autres sites officiels.

Écrit par : Dominique | dimanche, 30 avril 2006

Eh oui, c'était à prévoir, et ça m'énerve que l'Ina, manifestement, n'ait pas prévu. Comment un institut NATIONAL peut-il ne pas se douter qu'après des décennies d'attente, le libre accès entraînera une trombe ? On a prévu un million de connexions, il fallait prévoir cinq, dix millions, je ne sais pas, mais voir grand.

Écrit par : Jacques Layani | dimanche, 30 avril 2006

L'incident ne me surprend pas, j'attends quelques semaines avant d'aller y chercher des choses qui me seront extrêmement utiles pour mes cours de 3e (des extraits de journaux télévisés le jour de la chute du mur, des actualités de l'époque de la guerre d'Algérie, etc.).
Ce qui me surprend en revanche beaucoup plus, c'est la façon de s'exprimer des gens qui répondent aux mails...

Écrit par : Fanny | dimanche, 30 avril 2006

Je n'avais volontairement fait aucune observation à ce propos. Ce n'était pas le sujet et c'était trop facile.

Écrit par : Jacques Layani | dimanche, 30 avril 2006

Tout cela confirme qu'il ne faut jamais se précipiter sur les bonnes choses.

Écrit par : desavy | dimanche, 30 avril 2006

Si, si, Desavy, mais si on a eu l'information avant la grande majorité des personnes, ce qui est parfois possible avec des réseaux que l'on se confectionne. On peut alors faire partie des privilégiés. Et cela entraîne plein de paradoxes sur le rôle que l'on prête normalement à Internet et aux médias traditionnels, sans regarder les médias informels comme les relations qui subsistent toujours.

Écrit par : Dominique | dimanche, 30 avril 2006

Oui, mais vous êtes patient, vous, vous savez déguster, pas moi, hélas. Je suis plutôt du genre bouffe-tout-cru-tout-tout-de-suite.

Écrit par : Jacques Layani | dimanche, 30 avril 2006

Mon commentaire s'est croisé avec celui de Dominique.

Écrit par : Jacques Layani | dimanche, 30 avril 2006

En tout cas, merci Jacques, pour ce compte-rendu qui m'a confirmé qu'il ne servait à rien d'essayer pour un bon moment. En fait de gratuité, ma recherche sur Gary n'a produit que 9 documents, dont la pertinence de certains apparait plutôt faible (3 sur 5 selon le classement de l'INA), de plus, 8/9 sont payants, et le seul gratuit (un Radioscopie de 1975) a déjà été entendu à deux reprises depuis un an, alors qu'il en existe deux autres, même pas listés. J'imagine que d'autres documents deviendront disponibles au fil des mois.

Écrit par : Benoit | dimanche, 30 avril 2006

Attends Jacques, le fin du fin... je rentre dans mon soi-disant espace personnel en saisissant adresse mail + mot de passe et m'aperçois qu'il correspond à une tierce personne à qui on demande de patienter pour télécharger des reportages sur Manufrance !
Pourvu que personne ne te pique tes vingt-deux euros de crédit :o)

Écrit par : thierry | lundi, 01 mai 2006

Tiens, voilà Thierry. Salut ! C'est curieux, cette histoire, ça me paraît difficilement explicable. Parce que là, l'embouteillage n'a rien à voir. Un identifiant et un mot de passe, c'est le b-a-ba d'internet, quand même. Bizarre.

Écrit par : Jacques Layani | lundi, 01 mai 2006

Eh bien, tes interlocuteurs de l'INA sont des spécialistes de l'image, pas de l'écrit...!

Écrit par : Guillaume | mardi, 02 mai 2006

Dernière heure : les journalistes de FR3 protestent contre cette ouverture des archives au public. Des détails sur le site de l'ami Pierre Bosc : http://rayonsud.com/echos.html

Écrit par : Jacques Layani | mardi, 02 mai 2006

C'est pour moi une dérive injustifiable du droit d'auteur.
Pour une pièce de théâtre par exemple, les contrats signés sont généralement pourvus de clauses dans lesquelles il est spécifié qu'un comédien recevra son plein cachet, puis un pourcentage pour chaque rediffusion. Il y a acte de création artistique. Si le diffuseur est la télévision d'état, et que les productions sont financées à même les fonds publics, le propriétaire ultime de tous les documents, c'est la population. Dans le cas du travail de journalistes, pour moi le problème se pose encore moins ! (On parle de journalisme, pas de commentateurs et autres columnists qui peuvent publier des recueils de leurs articles.)

C'est un combat d'arrière-garde, Internet va faire éclater tout ça, tôt ou tard. Les journalistes de FR3 se comportent en corporatistes. Le fric avant la pérénnité du travail, la diffusion de la mémoire. Un journaliste qui fait un topo à Bagdad, il transmet une part de mémoire historique en devenir, PAS une clause de propriété pour ses futurs ayants-droits. C'est bien simple, ce genre de propos autour du droit d'auteur me ferait presque pousser quelques boutons de fièvre anarchiste !!!

Écrit par : Benoit | mercredi, 03 mai 2006

C'est un peu ce que je pense, en effet, mais je ne voulais pas influencer les réactions éventuelles. Mais, par ailleurs, je suis très sensible aux questions de droits d'auteur, alors je comprends un peu cette réaction, sans l'approuver toutefois.

Il n'en demeure pas moins, vous avez raison de le dire, que ces émissions ont déjà été financées par la redevance et les crédits publics. Mais cela n'ôte pas le droit moral des réalisateurs, droit moral qui est inaliénable et imprescriptible, aux termes de la loi du 11 mars 1957 sur la propriété littéraire et artistique (elle-même revue en 1985 à cause des nouvelles techniques.)

J'aimerais bien avoir l'avis de Pierre Bosc sur cette question. Pierre est un ancien de FR3, justement, et même l'ancien rédacteur en chef de FR3-Toulouse.

Écrit par : Jacques Layani | mercredi, 03 mai 2006

Non, moi, je ne me précipite pas ; je suis INActuel.

Écrit par : Guillaume | mercredi, 03 mai 2006

Maintenant, il y a un affichage dans le métro (ce qui est d'ailleurs tout à fait normal.) Le nombre de connexions va encore augmenter.

Écrit par : Jacques Layani | jeudi, 04 mai 2006

En tant qu'ex-professionnel de l'audiovisuel, j'ai du mal à me faire une opinion. Je n'ai jamais considéré mes nombreux reportages ou magazines comme des « oeuvres » ou des créations artistiques accessibles à des droits d'auteur, mais comme le fruit d'un travail (collectif qui plus est), rémunéré dans le cadre d'un contrat de travail. Aux termes de celui-ci et pour faire simple, l'employeur, c-à-d le service public de télévision, était propriétaire de ces travaux journalistiques.Quand ils étaient rétrocédés à une entreprise ou une personne privées, pour autant que nous en fussions avisés on demandait des royalties. Personnellement, je n'en ai jamais perçu.
Actuellement, Internet et les possibilités de téléchargement sont en train de bouleverser la donne, comme on le voit par exemple pour la musique et la chanson.
Dans le cas précis de l'INA, que les journalistes des nouvelles générations fassent entendre leur voix ne me paraît pas déplacé, bien au contraire.
N'étant pas juriste et ne disposant sur le sujet que des éléments d'information et des jurisprudences disponibles sur le site du SNJ (http://www.snj.fr/article.php3?id_article=285 notamment), je m'en tiendrai là dans ce débat.

Écrit par : Pierre B. | jeudi, 04 mai 2006

Merci Pierre, pour cet avis autorisé.

J'espère en tout cas que le SNJ et l'Ina vont trouver un terrain d'entente, qui ne se résumera pas à une augmentation du coût du téléchargement afin de reverser la différence aux réalisateurs.

Cela dit, au moins pour les archives qui datent du temps de l'ORTF, je me demande vraiment si les réalisateurs en question peuvent prétendre à quelque rémunération que ce soit. A mon avis, ils devraient se limiter à l'exercice du droit moral, par exemple : Je ne veux pas que vous saucissonniez mon émission. Car c'est en effet le cas. De nombreux documents sont coupés en deux ou en trois. La plus grosse partie forme un tout et, allez savoir pour quelle raison, il y a un ou deux autres extraits d'une ou deux minutes, vendus à part. Là, on peut dire que l'intégrité de l'oeuvre est mise à mal et je comprendrais que le réalisateur s'insurge.

Écrit par : Jacques Layani | jeudi, 04 mai 2006

Autre chose, toujours en ce qui concerne les archives de service public.

Je rappelle que les membres du service public, lorsqu'il produisent des documents dans le cadre de leur service, justement, n'en sont pas propriétaires. Le propriétaire est réputé être l'Etat.

Si je donne, par exemple, un gros rapport, écrit dans mon temps de travail, fondé sur des documents collectés ès-qualités, en y passant un temps rémunéré par l'Etat, je ne peux prétendre à rien, évidemment. Seul, subsiste le droit moral, au moins théoriquement.

Écrit par : Jacques Layani | jeudi, 04 mai 2006

Encore un autre point (si je me lance sur le droit d'auteur, on n'a pas fini!)

Si les réalisateurs obtiennent une rémunération, quid des participants à l'émission (personnes interviewées, par exemple) qui peuvent réclamer des droits sur les propos tenus, sans parler d'un droit d'image ?

Pierre, prenons cet exemple concret, qui n'a rien de confidentiel. Dans le documentaire de Sandrine, "Le Roman d'une vie, Albertine Sarrazin", nous figurons tous deux en plusieurs endroits du film. Nous n'avons évidemment pas touché un centime. Bien sûr, nous avons fait ça pour Albertine et pour Sandrine, ce n'est pas la question. Que dirait-on si, à présent, devant le fait que ce documentaire est, depuis, vendu à plusieurs chaînes et régulièrement diffusé dans plusieurs pays, nous venions réclamer quelque chose ? Nous ne pouvons d'ailleurs pas le faire, puisque nous avons signé un papier, disant justement que nous autorisions l'exploitation de ces images sous toutes les formes, partout et sans limitation dans le temps. A ce propos, j'ai assez peu apprécié que Sandrine nous ait présenté cet engagement à signer *après* le tournage... Je n'ai jamais rien dit, je le dis ici en circuit restreint. Je ne m'interdis pas de le lui signaler, à l'occasion. Enfin, ce n'est pas grave. Il me semblait simplement que ça s'inscrivait dans ce débat.

Écrit par : Jacques Layani | jeudi, 04 mai 2006

Vous touchez là toute la complexité du problème. En théorie, tous les participants à ce type d'émissions, des interviewés jusqu'aux techniciens (éclairagiste, maquilleuse, etc.) devraient être considérés comme co-auteurs, dans la mesure où ils ont contribué à la qualité du document, partant à son succès « commercial » et à sa rentabilité à plus ou moins long terme...
Fut un temps où on nous prescrivait, au nom du droit à l'image, de faire signer une décharge par les personnes interviewées dans les micro-trottoirs ou même filmées dans la rue, tous lieux publics ou privés. Dans la pratique, si cette recommandation était observée à la lettre, on ne verrait plus que des visages floutés à la télé ou sur les pages des journaux. Je me demande si les médias y résisteraient longtemps.
Dans le cas qui nous occupe, j'aurais préféré aussi signer cet engagement *avant * le tournage.
Enfin, vous avouerai-je que, très atttaché à l'écrit, il n'est pour moi de droits d'auteurs que littéraires ? Hors cette acception, un autre terme reste peut-être à inventer, qui éviterait la confusion des genres et des valeurs.

Écrit par : Pierre B. | jeudi, 04 mai 2006

Oui, mais là, c'est sentimental, Pierre. On ne peut pas appeler différemment des choses identiques, parce qu'elles touchent à des disciplines différentes.

L'évolution récente des mentalités a posé, déjà, le problème des photographes dits "de rue". Aujourd'hui, Doisneau, Boubat, Ronis, Izis, tous ces gens-là ne pourraient pas travailler.

Écrit par : Jacques Layani | jeudi, 04 mai 2006

C'est pourquoi les agences de photos proposent aux journaux des photos posées et effectuées à l'avance pour illustrer plusieurs types d'articles de manière vague. On assiste aussi à la privatisation des paysages : les propriétaires de plusieurs lieux ou les architectes de certaines places ont déjà porté plainte afin de percevoir des droits.

Écrit par : Dominique | jeudi, 04 mai 2006

Ah oui, j'avais lu cette histoire de paysage. Incroyable ! Il y avait eu un type qui faisait valoir un titre de propriété sur des volcans.

Écrit par : Jacques Layani | jeudi, 04 mai 2006

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