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lundi, 24 avril 2006

Un nouveau livre de Malraux

Exaspéré par les redites permanentes (d’une page à l’autre, maintenant ! Sans parler d’extraits de lettres cités deux fois !), je prends un instant pour respirer, au cours de la lecture du Dominique Aury d’Angie David, livre qui, je l’ai souvent dit, réussit à être aussi calamiteux qu’intéressant. Et je vais voir ailleurs.

 

Gallimard vient de faire paraître un mince volume, cousu, agréablement imprimé (avec des marges, enfin, quel repos pour mes yeux), intitulé Carnet du Front populaire, 1935-1936, signé Malraux. Le titre est un peu abusif, il n’est pas de Malraux, et d’ailleurs, le carnet manuscrit d’où est extrait le texte ne comporte qu’une seule date complète, les autres étant partielles ou pouvant être déduites des événements rapportés. Il s’agit en réalité d’un ensemble de notes, pas du tout d’un journal, prises par l’auteur, relatées comme des choses vues, parfois jetées sur le papier abruptement. Au total, il ne s’agissait évidemment pas d’un volume destiné à la publication, mais d’une mine, d’un ensemble de ressources, d’une somme d’idées destinées à servir, quelque jour, à un ouvrage. Certaines sont précédées d’un « R » qui indique vraisemblablement une destination : un roman à venir. Mais ce ne sera pas le cas. Le roman qui suivra sera L’Espoir, qui n’utilisera pas ce matériau.

 

Quoi qu’il en soit, quel plaisir de l’esprit, quel délice aigu représente cette lecture. Une note de Malraux, une bribe de quelques lignes seulement, réjouit davantage l’intellect que trente pages d’Angie David. Partout, fuse l’intelligence acérée.

 

Dominique estime, je crois – il n’a pas entièrement tort – que Malraux est un grand orateur alors qu’il n’a commis que des romans mal bâtis. Précisément, dans ces notes hâtives, aucune écriture ne semble avoir pris le pas sur le jaillissement de la pensée, l’originalité du fait entrevu. Pourtant, c’est écrit. Je ne suis pas du tout un malrucien idolâtre, mais il est difficile de nier qu’un premier jet, une observation hâtive, sont chez Malraux meilleurs que de laborieux chapitres signés par d’autres.

Commentaires

"Dominique estime, je crois – il n’a pas entièrement tort – que Malraux est un grand orateur alors qu’il n’a commis que des romans mal bâtis."

C'est un critère scolaire?

Écrit par : gluglups | lundi, 24 avril 2006

Je ne sais pas. Il répondra lui-même, je pense.

Écrit par : Jacques Layani | lundi, 24 avril 2006

J'embarque tardivement, mais quelle bonne nouvelle ! Moi qui suis malrucien jusqu'à la mauvaise foi… C'est donc l'autre Dominique qui vous renvoie cette balle de fond de court, Jacques. Laissez-vous aller sans réserve à cette intelligence en feu d'artifices qui vous touche dans la moindre note de cet homme. Il griffonnait aussi des chats, des "dyables" sur le moindre mémo qu'il adressait à ses confrères ministres… Des chats géniaux.
Quant aux romans, je mets mon homonyme au défi de me faire la part, dans les œuvres complètes du monsieur, entre ce qui est fiction romanesque, autobiographie, mémoires, chronique… Le moindre tic était inspiré, fantasque, des sortes de soubresauts de l'imaginaire qui lui secouaient le corps ! Même ses discours "historiques" sont des incantations de chamane !
Rien n'est construit chez Malraux. C'est une sorte de "bœuf" permanent comme disent les jazzmen…
Bon, je m'arrête. Vous avez compris…

Écrit par : Dominique Autié | lundi, 24 avril 2006

Je me suis sans doute mal exprimé. Dominique aime beaucoup Malraux. Il apportera certainement des précisions lorsqu'il passera par là.

Écrit par : Jacques Layani | lundi, 24 avril 2006

Pour un jeu artistico-littéraire, j'avais présenté un paragraphe de Malraux qui était extrait d'un livre d'entretiens et j'avais justifié ce choix par le fait que son style était immédiatement reconnaissable dans ce passage parlé, alors qu'il est sans doute moins visible dans ses ouvrages romanesques engoncés dans ce qui devait être une modernité. Il y a de toute manière un paradoxe de Malraux : quand j'étais lycéen et étudiant, c'était le romancier que l'on mettait en avant dans les critiques ou les manuels et cela ne me passionnait guère, même si certaines pages peuvent retenir l'attention ce n'est pas un constructeur d'intrigue et un inventeur de nouvelles formes narratives. Or quand j'ai découvert ensuite le Malraux mémorialiste, critique d'art, causeur qui écrivait à la diable avec des raccourcis saisissants, j'ai été ébloui. L'opposition est un peu schématique et réductrice, mais bon... je tente de faire peser la balance du côté où elle ne penchait pas du tout il y a vingt ans, et encore aujourd'hui chez beaucoup de mes collègues.

Écrit par : Dominique | lundi, 24 avril 2006

Voilà. C'est ce que j'avais cru comprendre.

Écrit par : Jacques Layani | mardi, 25 avril 2006

À la bonne heure ! (comme on disait chez moi…)
Désolé de ne pouvoir participer à d'éventuels prolongements aujourd'hui, je suis en "extérieur" jusqu'à la fin de l'après-midi.
Détour probable par la librairie de la rue de la Colombette pour saisir un exemplaire dudit opuscule. Merci encore, Jacques.

Écrit par : Dominique Autié | mardi, 25 avril 2006

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