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vendredi, 21 avril 2006

Dominique Aury par Angie David, 3

Je suis un lecteur, toujours très intéressé, de journaux et de correspondances. Pour un auteur, de plus, ces œuvres sont toujours des sources d’information importantes.

Angie David, dans ce livre que je trouve toujours incompréhensible dans son mouvement comme dans sa structure, utilise à loisir une très importante correspondance. Les lettres sont référencées avec précision, mais toujours attribuées à une « collection particulière ». J’aurais préféré une mention entre parenthèses comme « (archives d’Untel) », même si Untel n’est pas directement partie prenante de l’histoire et a reçu ces lettres en héritage, en legs ou pour quelque raison que ce soit. Passons.

Angie David, donc, a recours à la correspondance de Dominique Aury, essentiellement celle qu’elle échangea avec Paulhan, Maulnier et Blanchot. C’est très bien. Ce qui est moins bien, c’est que, durant des dizaines et des dizaines de pages, l’« action » ne progresse qu’au travers d’extraits de lettres. Ces extraits sont reliés entre eux par quelques lignes de l’auteur, voire quelques mots seulement, et l’on devine que ces lignes, ces mots, reprennent tout simplement la substance des passages non cités. À ce rythme, on eût mieux fait de publier purement et simplement une correspondance de Dominique Aury, éventuellement annotée par Angie David.

Parmi les choix éditoriaux étonnants, je signale celui-ci. Les lettres sont des citations reproduites dans le courant du texte et l’on doit les présenter comme telles, en romain, uniquement entourées de guillemets. C’est le cas. Mais il faut aller au bout de cette logique typographique, c’est-à-dire que les titres d’œuvres cités dans les extraits choisis doivent alors être imprimés en italique, et qu’il n’est pas nécessaire d’indiquer les retours à la ligne présents dans le manuscrit original. Or, dans cet ouvrage, on a mélangé allègrement deux types de disposition graphique : d’une part, la citation pure et simple ; d’autre part, la présentation qui est celle des recueils de correspondance, à savoir : titres soulignés (tout simplement parce que c’est l’usage dans un manuscrit, par impossibilité de rendre autrement l’italique), et traits obliques figurant les retours à la ligne. Bref, sur ce point comme sur d’autres que j’ai déjà relevés, le travail d’éditeur n’est pas réalisé correctement.

 

Angie David travaillant aux éditions Léo Scheer, on se demande si elle ne s’est pas chargée elle-même de ce travail, justement. Si c’est le cas, elle n’a pas les connaissances nécessaires et, surtout, c’est une erreur importante car le travail de correction doit être effectué par quelqu’un qui possède un regard extérieur. Mais ce n’est peut-être pas le cas.

Commentaires

« Ces mots, reprennent tout simplement la substance des passages non cités… » « Bref, le travail d’éditeur n’est pas réalisé correctement. » :
Le tout pour surprendre, dérouter ou simplement amuser son lecteur ?
(en même temps, n’ai pas lu le livre…)

Écrit par : Aurélie | samedi, 22 avril 2006

Non, Aurélie, c'est tout simplement une erreur. Ce n'est pas ainsi qu'on procède.

L'usage qui est fait ici de la correspondance est excessif. Il y a tant et tant de lettres que l'auteur du livre n'a plus de voix et, comme je l'ai dit, se contente de relier les passages entre eux. Parfois même en se nourrissant des autres passages, ceux qu'il ne cite pas. Et ça, ça ne va pas.

Qui plus est, une correspondance n'est jamais intéressante à cent pour cent. Ici, on a le sentiment que tout vaut tout. A des extraits importants succèdent d'autres extraits parfaitement plats. Je ne doute pas qu'ils aient eu une importance pour les scripteurs à ce moment-là, mais le temps a imposé un tri dont l'auteur du livre, lorsqu'il exploite la correspondance, ne peut faire l'économie.

Écrit par : Jacques Layani | samedi, 22 avril 2006

Euh... Jacques, j'ai une édition de la correspondance Ponge-Paulhan publiée chez Gallimard (c'est une thèse à l'origine) qui répond exactement aux mêmes principes d'édition et je peux assurer que Ponge a surveillé de très près cette édition au point de récrire certains passages ou de faire lui-même des notes.

Écrit par : Dominique | dimanche, 23 avril 2006

Dans le cadre de l'édition d'une correspondance, surtout si elle est intégrale, oui. Moi, j'ai Paulhan-Mauriac. Mais ici, dans une supposée biographie, il y a des choses qui ne vont pas. Il n'y a presque plus d'intervention de l'auteur, juste une juxtaposition d'extraits qui font avancer "l'action" durant des dizaines de pages.

Écrit par : Jacques Layani | dimanche, 23 avril 2006

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