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vendredi, 14 avril 2006

Dominique Aury par Angie David

Compte tenu de la presse énorme dont elle bénéficie, il est peu probable que le nom d’Angie David vous échappe en ce moment. Cette jeune femme (née en 1978) dont je n’avais rigoureusement jamais entendu parler, mais qui est paraît-il un peu connue comme comédienne, vient de publier, aux éditions Léo Scheer (où elle travaille) un ouvrage intitulé Dominique Aury, présenté comme une biographie. Le livre compte 560 pages de grand format, imprimées serré. Ce n’est pas rien. Avec une telle densité, il faut du temps pour le lire, sauf à n’avoir que ça à faire. Je me demande par conséquent à quel moment les journalistes ont bien pu être en possession de ce volume, paru il y a quelques jours à peine. C’est à se demander s’ils n’ont pas reçu en service qu’un seul titre, ces dernières semaines.

 

Je suis en train de le lire moi-même. J’ai lu la première partie qui compte près de 200 pages et constitue déjà un livre en soi. Elle est titrée « Pauline Réage ». Je viens d’entamer la seconde partie, « Anne Desclos ». La troisième sera « Dominique ».  Le choix de la structure est curieux. Si l’auteur veut nous montrer que Dominique Aury a eu plusieurs vies simultanées, ce qui paraît être évident, il est étonnant qu’elle les scinde en parties aussi distinctes. Pire, à la fin de la première partie, l’héroïne meurt. On tourne la page, elle naît. C’est original, mais déboussolant.

 

Pour ce qui est de la première partie, il faut bien dire qu’on y parle davantage de Jean Paulhan et de la vie littéraire du moment que de Dominique Aury, hormis une peinture de la sortie d’Histoire d’O, faite dans les premières pages. Il y a gros à parier que ça va continuer dans les deux parties suivantes. Bref, on a le sentiment de ne pas lire l’ouvrage qu’on a cru acheter, mais un autre. Les redites sont extrêmement nombreuses et très ennuyeuses. Fréquemment, des phrases nominales, parfois réduites à de simples groupes de mots, tombent dans le récit d’une manière très abrupte. Tout ça est prodigieusement agaçant, mal fichu.

 

Cela étant, si l’on fait exception des défauts énoncés ci-dessus, le livre est bien écrit. Je veux dire : tout le reste, car son épaisseur est grande et sa documentation est sans faille. Le plus étonnant est la familiarité de l’auteur avec son sujet, alors qu’elle n’a pas connu son modèle et n’a pas vécu cette période. Étonnante empathie. Une très volumineuse correspondance, en grande partie inédite, est utilisée et citée. Les références sont très précises. Ce sérieux, justement, contraste avec les erreurs qui m’ont fait précédemment exprimer des réserves.

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Dominique Aury à la fin des années 40 (studio Lipnitzki).

Il n’y a pas de cahier de photographies, ni d’index des noms cités. L’auteur nous prévient, au bas de la page des remerciements : il s’agit d’un choix de l’éditeur. C’est très curieux. Les photos, passe – d’ailleurs, l’auteur a déposé de nombreuses images sur un blog – mais l’index ! Sans repères, l’ouvrage, une fois achevée la première lecture, sera pratiquement inutilisable. Comment retrouver, dans une pareille somme, un passage, quel qu’il soit, sans liste de noms ? Autres petites choses très agaçantes : les poses maniérées de l’auteur (cliquer sur « Galerie ») et la bande racoleuse : « La vie secrète de l’auteur d’Histoire dO », totalement à côté du sujet. 

Commentaires

Galerie ???
Ouah elle se la raconte grave, la deblon !

Écrit par : Yomgui | vendredi, 14 avril 2006

N'est-ce pas ? Elle est comédienne, c'est peut-être pour ça. En tout cas, c'était inutile, du moins ici. De la simplicité !

Écrit par : Jacques Layani | vendredi, 14 avril 2006

Monsieur Layani, j'estime que vos propos sont déplacés et je vous invite à venir les soutenir face aux lecteurs de mon blog.

Écrit par : Angie David | vendredi, 14 avril 2006

560 pages pour 25 euros, c’est ce qui s’appelle en avoir pour son argent, non ? Evidemment, si la qualité n’y est pas…
Mais nous attendons votre compte-rendu avec impatience, dans les prochains jours. (La structure est peut-être déroutante, mais originale après tout : le lecteur se laisse-t-il prendre au jeu ?)

Écrit par : Aurélie | vendredi, 14 avril 2006

"Je me demande par conséquent à quel moment les journalistes ont bien pu être en possession de ce volume, paru il y a quelques jours à peine. C’est à se demander s’ils n’ont pas reçu en service qu’un seul titre, ces dernières semaines."

Pourquoi ? Ils lisent les livres qu'ils reçoivent ?

Écrit par : desavy | vendredi, 14 avril 2006

De Savy : En principe, non. Ils lisent en diagonale, en lecture "professionnelle", c'est-à-dire cursivement. Un paragraphe, deux pages ici, trois là, un autre paragraphe... Il faut quand même un peu de temps, puisqu'ils en reçoivent beaucoup. De toute façon, depuis quelques années, les comptes rendus de biographies, dans les journaux, consistent à raconter de nouveau la vie du modèle, c'est-à-dire faire en trois colonnes le récit qui a demandé plusieurs centaines de pages à l'auteur. Mais d'appréciation du contenu du livre et de la manière dont le sujet a été traité, point.

Aurélie : oui, on en a pour son argent, mais ce n'est pas suffisant. On ne peut pas dire que cela manque de qualité, ce serait inexact. C'est le choix qui a été fait qui est très déroutant. Ou bien, il ne faudrait pas parler de biographie, mais de la collection (au sens propre) de trois essais. Surtout, le sujet n'est pas Dominique Aury. Par exemple, dans la seconde partie que je suis en train de lire, j'ai eu droit, hier soir, à dix grandes pages dans lesquelles son nom n'était pas cité une seule fois. On nous donnait dix pages sur Thierry Maulnier. Soit. Je suis le premier à dire qu'on ne met pas des personnages sous les yeux du lecteur sans lui dire d'où ils viennent et qui ils sont. Surtout dans un récit vrai. Il faut toutefois garder la mesure, c'est-à-dire ne pas perdre de vue son sujet. D'autant qu'il existe des livres sur Maulnier, déjà. Bon, cela dit, à vingt-huit ans, j'aurais été totalement incapable d'écrire un volume pareil. Et même aujourd'hui, peut-être. C'est pour ça que je suis partagé entre cet agacement et cette admiration. Non, le plus insupportable, ce sont les redites permanentes.

Écrit par : Jacques Layani | samedi, 15 avril 2006

J'ai fait ma visite au marchand de journaux, et dans Le Point, un papier sur Dominique Aury. Sa vie etc. À peu près rien sur le livre d'Angie David, sinon qu'elle a... écrit un livre sur Dominique Aury.

Puis dans Les Inrocks, un papier de Fabrice Gabriel, qui relève l'étrange construction, les choix d'Angie David etc.
J'ai trouvé ça drôle, vous ayant lu ce matin, de trouver presque tout de suite après, l'illustration presque parfaite de ce vous racontiez.

L'un a lu (Gabriel), l'autre (presque) pas (Amette).

Écrit par : Benoit | samedi, 15 avril 2006

Oui, la presse est considérable. Je poursuis ma lecture, mais vraiment peu à peu à cause de ma vue.

Écrit par : Jacques Layani | dimanche, 16 avril 2006

Les commentaires sont fermés.