Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

vendredi, 24 mars 2006

À plus d'un titre

Les éditeurs, comme vous le savez, procèdent parfois à des retenues de titres. Ils font paraître dans les publications professionnelles comme Livres-Hebdo (ex-La Bibliographie de la France) des encadrés qui prennent date, afin d’éviter que des confrères, en toute bonne foi ou en toute mauvaise foi, n’éditent des ouvrages de même dénomination, ce qui pourrait prêter, évidemment, à confusion.

 

Ce n’est pas si simple, toutefois. Il faut que le titre prévu possède un caractère d’originalité suffisant. Si l’éditeur désire publier le roman La Chaise, ou bien La Table, ou encore Le Retour, il n’est pas certain qu’il puisse retenir ce qu’on a coutume de nommer un « mot-titre ». En revanche, il pourra retenir, et cela se comprend, L’Idéal et le spectre.

 

Et puis, parfois, les annonces sont à se tordre, lorsqu’il s’agit de titres d’une effrayante platitude. Je lis dans la livraison du 24 février dernier : Actes Sud retient L’Imprévisible, Hatier retient Terres littéraires, John Bindefeld (?) retient Mémoires insolites. Ahurissant : les éditions du Moniteur retiennent Précis du droit des marchés publics.

 

Peut-être, en y réfléchissant, est-il encore plus nécessaire de garantir l’utilisation d’un titre lorsqu’il est effroyablement banal ? Alors, de l’édition française, ce serait une raison supplémentaire de désespérer – « et mon Dieu, ça ne manque pas. »

07:00 Publié dans Édition | Lien permanent | Commentaires (14)

Commentaires

…et, dans le numéro d'il y a quinze jours, "D'orient et d'Occident" pour une collection à paraître aux éditions InTexte. Il s'agit d'une ultime vérification de la disponibilité du titre dans le secteur éditorial qui évite, même pour des titres d'une grande banalité (et surtout pour eux, peut-être), d'entrer en concurrence ou en conflit avec un confrère qui dispose dans sa marmite des droits (souvent en friche) d'un livre portant jadis le même titre ; voire, cela m'est arrivé en tant qu'auteur, qui prépare un ouvrage portant très précisément ce titre-là.
La pratique a gardé quelque valeur morale dans le métier. Dans notre cas, notre directeur de collection exploite, sous le titre de la collection que nous lui proposons de diriger sous notre marque, un site Internet qui reçoit plus de deux mille visites par jour. Un éditeur l'a approché récemment… (pendant que nous mettions au point notre projet). Une telle annonce dans "Livres Hebdo" n'a pas la même valeur juridique qu'un dépôt à l'Inpi, mais n'est pas dénuée d'efficacité par tacite entente au sein de toute une profession. Il convient donc de louer l'édition française d'avoir su garder quelques-unes de ces pratiques purement corporatistes, qui l'honorent, et relèvent d'un doigt d'éthique appliquée des mœurs par ailleurs passablement relâchées, que vous dénoncez souvent, à fort juste titre, dans vos notes.
[Désolé, cher Jacques, pour ce cours d'édition asséné dès l'aube à vos lecteurs – qui vont finir par me prendre en grippe, je le sens.]

Écrit par : Dominique Autié | vendredi, 24 mars 2006

Non non, c'est une occasion, au contraire, d'apprendre des choses qu'on ne sait pas forcément.

Je suis bien d'accord quant à l'éthique manifestée au travers de ces annonces. Je suis cependant horrifié. Bien sûr, il faut vérifier si un titre, surtout banal, n'est pas déjà pris. Mais pourquoi, précisément, choisir un titre banal ? C'est incroyable. Je ne suis pas pour l'originalité à tout prix, mais on peut faire preuve d'un minimum -- j'allais dire vital -- de recherche et d'imagination dans le choix des mots du titre et dans leur assemblage -- j'allais écire accouplement.

Un titre comme celui de Louis Vaugier, cet auteur qui déplaît tant ici, on peut être sûr qu'il n'est pas déjà pris : Le taureau n'écrit jamais. Quand même, ça a de la gueule, non ?

Écrit par : Jacques Layani | vendredi, 24 mars 2006

…peu probable, en effet, que deux auteurs, ou deux éditeurs songent en même temps à un titre si singulier.
Dans mon cas, Belfond et Denoël s'apprêtaient à sortir le même jour (à la même date d'office, par deux distributeurs différents) deux livres de fiction intitulés "Douleurs exquises". Convenez que ce n'était pas banal non plus. L'annonce de retenue de titre dans "Livres Hebdo" a évité le clash…

Écrit par : Dominique Autié | vendredi, 24 mars 2006

Je crois de plus en plus au titre qui est une phrase ou un groupe de mots.

Regardez Montherlant : Va jouer avec cette poussière, La ville dont le prince est un enfant, Un assassin est mon maître. Trois titres, trois fulgurances.

Hemingway : Pour qui sonne le glas ?, Au-delà du fleuve et sous les arbres, En avoir ou pas, Paris est une fête, L'Adieu aux armes.

A un autre niveau, Flora Groult, pas beaucoup d'intérêt mais de beaux titres : Tout le plaisir des jours est dans leur matinée (une phrase et un alexandrin), Un seul ennui, les jours raccourcissent...

Il y a aussi Mes nuits sont plus belles que vos jours (de qui, déjà ? Raphaëlle Billetdoux, c'est ça ?).

Et Chabrol : La Folie des miens, Les chevaux l'aimaient...

Et cet abruti de Layani : On n'emporte pas les arbres, Le temps d'être un autre... Les livres sont sûrement médiocres, mais je suis sûr que les titres ont de l'allure (oui, je sais, ça ne suffit pas.)

Écrit par : Jacques Layani | vendredi, 24 mars 2006

Ne vous disqualifiez pas, Jacques ! Ce que je j'ai lu de vous, ne serait-ce qu'ici même, incite à penser que vos titres ouvrent sur un vrai plaisir de lecture.

Écrit par : Dominique Autié | vendredi, 24 mars 2006

Oui, tel Vaugier, Jacques a l'auto-critique facile. On comprend pourquoi il aime ce livre sur un taureau, qui, finalement, écrit beaucoup.

Comme il n'aime pas non plus qu'on dise trop de bien de ce qu'il a écrit, il lui est difficile, dans ces conditions, de se retrouver sur les plateaux de TF1 (ce qu'on ne souhaite à personne et qui n'est que peu profitable pour la vraie littérature).

Reste donc une écriture confidentielle appréciée par quelques initiés dont nous nous réjouissons de faire partie.

Écrit par : Feuilly | vendredi, 24 mars 2006

Chers amis, arrêtez, je vous en prie. L'objet de cette note n'était pas de faire parler de moi.

Nous en sommes arrivés -- c'est une fatalité chez moi -- à parler encore des titres-phrases. Dans peu de temps, on va enchaîner sur les noms de personnages, à coup sûr. Feuilly, pardonne-moi, tu as déjà lu tout ça sous ma plume ailleurs et en d'autres temps. Je ne le fais pas exprès.

Écrit par : Jacques Layani | vendredi, 24 mars 2006

J'ai, depuis de nombreuses années, le projet d'écrire un roman dont le titre serait *Il n'y a pas de cargaison fantôme au numéro que vous avez disjoncté, à moins de s'adresser au guichet 124*. Pensez-vous que le dépôt du titre sur le 14, Rue Franklin ait force de loi ?

Si on me le pique avant, tant pis : j'intitulerai ça *Quand la grenouille est en colère, un vol-au-vent de saules peut nous repêcher"*.

Écrit par : Guillaume Cingal | vendredi, 24 mars 2006

Un type qui avait le chic pour les beaux titres, c'était Julien Green : « Partir avant le jour » , « Mille chemins ouverts »...

Écrit par : Stéphane De Becker | vendredi, 24 mars 2006

Voilà, c'est exactement ça. Un titre qui ait belle allure, qui aille un peu hors des sentiers battus.

Écrit par : Jacques Layani | vendredi, 24 mars 2006

Je réserve tout de suite quelques beaux titres originaux : les Fables, les Caractères, les Essais, les Pensées.

Écrit par : Dominique | vendredi, 24 mars 2006

Dominique est trop jeune
Pour y avoir pensé
Mais moi, quand je déjeune,
Un titre est encensé :

Mes Mémoires

Écrit par : Stéphane De Becker | samedi, 25 mars 2006

Je réserve également : Journal, Journal littéraire, Lettres, Correspondance, Contes philosophiques, Dictionnaire philosophique, Maximes et Pensées, Poésies, Odes et Ballades, Sonnets, Salons, Jeudis, Miscellanées, Spiciliège, les Confessions, Méditations poétiques, Souvenirs...

Écrit par : Dominique | samedi, 25 mars 2006

Ces réservations sont enregistrées.

Le préposé aux réservations de titres,

To-Lié.

Écrit par : Jacques Layani | samedi, 25 mars 2006

Les commentaires sont fermés.