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lundi, 27 février 2006

Cinéma inexistant, 2

Le dernier film de Claude Chabrol est du non-cinéma. Chabrol nous raconte une histoire. Je crois avoir déjà dit que je ne vais certainement pas au cinéma pour qu’on me raconte une histoire. Je vais voir le travail d’un créateur, d’un artiste qui nous présente un fragment de sa vision du monde, nous crie sa douleur et propose des ombres de solution pour que le monde aille mieux. C’est la même chose que ce que je recherche dans les livres : une écriture, un propos, un cœur, pas une histoire. En extrapolant, je cherche aussi cela chez les hommes et les femmes que je rencontre dans la vie : un cœur qui bat, une vision du monde, une tentative d’explication de celui-ci, même toute petite, pourvu qu’elle existe.

 

En un mot, je cherche l’authenticité.

 

Je ne l’ai pas trouvée dans ce énième (soixantième ?) film du cinéaste. Mise en scène inexistante, direction d’acteurs absente, erreurs de distribution consternantes (Jacques Boudet très improbable en sénateur pourri, Patrick Bruel grotesque en président de multinationale aussi à l’aise dans son costume que moi sous un tchador). Cinématographiquement, ce film est parfaitement inutile, il n’apporte rien. Je ne vois même pas, d’ailleurs, ce qu’il peut apporter à son auteur. Je n’ai pas senti d’urgence à dire, à s’exprimer. Je n’ai pas senti de réel besoin de créer.

Commentaires

Ca s'appelle une descente en flèche. Pas vu mais tes impressions rejoignent les miennes sur les précédentes productions de l'ex nouveau vogueur. On peut difficilement être et avoir été, dans le cinéma plus qu'ailleurs dirait-on. Depuis une dizaine d'années, Chabrol tourne à vide. Pire, ses errances actuelles éclairent les défauts de ses anciennes productions (mise en scène brouillonne, confusion fond et forme - critique sociale et jeu outré, suspense à deux balles...).

Écrit par : Richard G | lundi, 27 février 2006

Eh bien Richard, si je l'ai descendu en flèche, toi, tu le descends comment ?

Mais j'ai bien peur que nous ayions raison.

Écrit par : Jacques Layani | lundi, 27 février 2006

"Mais j'ai bien peur que nous ayions raison."

Ah enfin une faute d'orthographe chez Jacques Layani! Franchement, cela me rassure, merci:)))

Écrit par : gluglups | lundi, 27 février 2006

Je pourrais dire : "Oh, c'est une coquille, voyons", mais ce serait mentir. C'est bel et bien une faute d'orthographe, je l'assume et j'en mande humblement excuse auprès des lexicologues et grammairiens stylés qui me font l'honneur de leur pratique et de leur amitié.

Écrit par : Jacques Layani | lundi, 27 février 2006

Hé ho, et La Cérémonie, avec Bonnaire et Huppert ?
C'est un très bon film.

Cela dit, je m'en suis tapé deux autres ensuite, dont Merci pour le chocolat, avec Dutronc et Huppert, c'étais consternant.

Il n'y a pas de constance chez Chabrol il me semble. Il tourne beaucoup, donc parfois c'est un peu n'importe quoi. Il est constant dans ses entrevues, par contre, qui sont toujours amusantes. Mais bon, on ne fait pas une oeuvre avec des entrevues (ne dit-on pas la même chose de Godard depuis quelques années ? Ses entrevues sont dit-on passionantes, mais ses films ? Y'a longtemps que je ne m'y suis risqué.)

On ne va pas faire le réveillon là-dessus, vu qu'on ne s'entendra jamais je crois, mais plus que n'importe quel autre "nouveauvogueur", il me semble que Chabrol, c'est D'ABORD un raconteur d'histoires, non ? Il a toujours raffolé du roman noir, La cérémonie était d'ailleurs si je ne m'abuse, tiré d'un roman de l'excellente Ruth Rendell, et si vous ne la connaissez pas Jacques, ne perdez pas votre temps, maintentant je le sais, vous vous y emmerderiez quelque chose de maison :o)

Écrit par : Benoit | lundi, 27 février 2006

J'oubliais. Vous qui lamentiez l'absence d'un cinéma que Costa Gavras et Boisset représentaient dans les années 60-70, vous devriez allez voir Syriana qui vient de prendre l'affiche par chez vous. Du Costa Gavras comme Costa n'en fait plus (faute de moyens ?)
Tout comme le magnifique Good Night and Good Luck, de George Clooney, sur McCarthy et Ed Murrow dans les années 50, mais qui très clairement, existe pour éclairer les temps qui courent, via entre autres, le discours (réel) de Murrow datant de 57-58, et qui dit très précisément l'état des choses médiatiques en 2006...

Écrit par : Benoit | lundi, 27 février 2006

La Cérémonie, oui, c'était bien. Mais il y a eu ensuite Au coeur du mensonge et Merci pour le chocolat, vraiment rien de sensationnel. Pas vu La Fleur du mal. Vu le dernier, donc, et n'ai pas aimé.

Oui, vous savez ce que je pense des histoires racontées, surtout s'il n'y a rien derrière. D'alleurs, même sur le plan de l'histoire, ce film-là est inintéressant. L'histoire n'est pas terrible, vraiment.

Écrit par : Jacques Layani | lundi, 27 février 2006

Ah, bien, on verra Syriana, donc.

Écrit par : Jacques Layani | lundi, 27 février 2006

Bah, pourtant, je suis sûr que tu serais très beau avec un tchador !
Pour ce qui est de ce film, la bande annonce a suffit à me dissuader d'aller le voir. On y repère d'emblée toutes les erreurs de distribution que tu cites, et Isabelle Huppert me crispe plus que jamais.
J'airai voir Syriana, puis je te dirai... déjà que ça cause anglais version américaine... me demande ce que tu en penseras.

Écrit par : Fanny | lundi, 27 février 2006

"Isabelle Huppert me crispe": oh! mon actrice préférée...

Je ne crois pas avoir vu de Chabrol récents, mais en tout cas, chaque fois que j'en ai vu un, je l'ai trouvé toujours trouvé très bon bon (j'ai dû en voir trois ou quatre à tout casser).

Par ailleurs, a priori, je trouve le personnage très drôle et sympathique. Ainsi, ces propos tenus dans Libé il y a quelques années, m'avaient fait mourir de rire:

"Jean-Pierre Raffarin, Premier ministre de la France d'en bas, vous le trouvez comment ?

Il me ravit, c'est celui qui me plaît le plus parmi les nouveaux. Ce qui m'intéresse dans un cas comme Raffarin, c'est de voir à quel point il a dépassé son niveau de compétence. On se demande quand la vérité va éclater. Finalement, je constate qu'il peut tenir quelque temps. Je lui donne un an. Ces raffarinades sont de moins en moins bonnes, c'est de plus en plus Monsieur Prudhomme. Certaines ne veulent rien dire, j'espère qu'il va y avoir un recueil ! «La pente est forte, la route est droite...», c'est tellement con ! Après un certain temps, on se dit : «Ça va comme ça, tu as fait tes trois tours de piste, maintenant, au boulot !» Là, il fait un tour de piste supplémentaire. Mais on va arriver au moment où le clown ne fera plus rire. Bientôt, il sera prié de sortir.

Aurait-il pu être un personnage de vos films ?

Oui, car il a un côté rusé. La seule chose qui me fait penser qu'il n'est pas si rusé que ça c'est qu'il veut faire très matois, mais quand on l'est vraiment, on a tendance à le cacher. Il n'est pas mal comme acteur. Il a de la tchatche. En même temps, il a un côté très soumis, il caresse le Medef dans le sens du poil, il cède sur la réforme de l'ISF. Il a une adresse dans l'expression mais une maladresse dans l'action. Il a très astucieusement cultivé le type provincial. Pourtant il a, lui aussi, tenté la conquête de Paris quand il avait 25-26 ans. Il a essayé mais a échoué, il n'a pas été le meilleur élève, alors il s'est contenté de la province et il est retourné en Poitou-Charentes. Je lui conseillerais, s'il veut vraiment raffiner dans le côté notable de province, de trousser une ou deux bonnes vite fait bien fait et éventuellement de trouver une maîtresse dans une ville voisine, à La Rochelle, par exemple. Si j'avais un matois à mettre dans un film, je choisirais un type dans son genre. Ou peut-être lui-même, quand il ne sera plus président du Conseil.

Vous dites président du Conseil !

C'est sans doute parce qu'il cultive ce côté bon temps de la IVe. Il me rappelle le petit père Queuille (Henri Queuille, président du Conseil entre 1948 et 1951, ndlr), ça fait un bout de temps ! Il avait un peu le même physique, et ce côté «laissons du temps au temps», «le bon sens près de chez vous». Le physique de Raffarin est formidable, il a un côté maquignon, la tête coincée dans les épaules. Il a une bonne tête de face, mais il est inquiétant de profil. Il a intérêt à ne pas trop se montrer de profil. Il a une vraie gueule, mais on ne sait pas une gueule de quoi. Moi, j'ai une tête d'oiseau, lui, c'est difficile à dire : un peu taureau, mais pas tout à fait."

Bref, rien que pour ça, je dis: "Merci, Monsieur Claude Chabrol!".

Écrit par : gluglups | lundi, 27 février 2006

Voilà. Il y avait une entrevue très drôle aussi dans Libé je crois, des propos sur Sarkozy qui avaient fait ma joie. Je vais essayer de retrouver.

Écrit par : Benoit | mardi, 28 février 2006

Moi aussi, j'aime Isabelle Huppert, évidemment. Je l'ai vue à l'écran, pour la première fois, en 1972, elle devait avoir quoi ? Vingt ans, à peu près.

Evidemment, Chabrol a fait de bons films. Autrement, je n'irais même pas voir les suivants plus ou moins régulièrement. C'est celui-là, que je trouve mauvais, mal foutu, pas équilibré et, en de nombreux endroits, complètement artificiel.

En revanche, c'est vrai que son portrait de Raffarin est très très amusant. Il le voit vraiment comme un personnage et, en même temps, il le regarde comme il regarde un comédien. C'est un vrai regard de professionnel, décrit avec drôlerie.

N'empêche que ce film en particulier n'est pas bon, je trouve.

Écrit par : Jacques Layani | mardi, 28 février 2006

Peut-être que M. Chabrol est devenu meilleur acteur que réalisateur depuis que la belle Isa sert carrément de coupe au vin de ses films... :-))

Écrit par : MartineLayani | mardi, 28 février 2006

Rien vu de Chabrol depuis la Cérémonie, manifestement j'ai bien fait ! J'avais bien aimé Betty. Un problème supplémentaire avec ce cinéaste est sa propension à expliciter jusqu'à l'écoeurement le plus banal de ses plans, et de parler de tout en fin connaisseur à qui on ne la fait pas. A bas Chabrol ! Vive Rohmer !

Écrit par : Ludovic | mardi, 28 février 2006

Ah non ! Pas Rohmer !
Il m'a fait connaître Arielle Dombasle dans l'insupportable Pauline à la plage. Quel ennui. Tout ces gens qui parlent de leurs nombrils sans jamais rien dire d'intéressant (n'est pas Woody Allen qui veut). Après ma dernière tentative (Conte d'été) j'en avais conclu que Rohmer, c'était Feydeau sans la drôlerie (A aime B mais est titillé par C mais se refuse à choisir et tente de maintenir B et C, mais bla bla et encore bla bla) + la prétention (ce ton, cet affectation qu'ont TOUS les personnages).

Je prendrai un mauvais Chabrol avec de bons comédiens n'importe quand plutôt qu'un Rohmer avec une inconnue qui minaude pendant 90 minutes.

Écrit par : Benoit | mardi, 28 février 2006

Benoît, je vous propose de voir L'Anglaise et le Duc ou Triple Agent, et que nous en reparlions.

Écrit par : Ludovic | mardi, 28 février 2006

Souffrez que je vous laisse débattre tous deux sur ce point. Benoît, avez-vous la possibilité de voir les films dont parle Ludovic ?

Écrit par : Jacques Layani | mardi, 28 février 2006

Je vais m'informer. Les films français en général sont désormais distribués avec parcimonie. Je crois que c'est la première fois depuis longtemps que le film qui remporte le César est en salles ici AVANT la cérémonie.

J'ai vu sur DVD le merveilleux Quand la mer monte de Yolande Moreau à sa sortie il y a... 3 semaines ! Alors que c'est un film paru en 2004. Beaucoup de cinéastes dont les films sortaient automatiquement par le passé (Miller, Doillon) ne sont parfois présentés que dans des festivals. Le cinéma français n'a pas la côte. On annonce Le petit lieutenant pour l'été prochain. Je ne comprends pas que les distributeurs québécois et les producteurs français ne comprennent pas qu'on est pas ici à Tombouctou, et qu'un film qui fait des vagues par chez vous pourrait en faire ici aussi, à condition de ne pas arriver avec un an de retard. Alors, il tient l'affiche une ou deux semaines et on nous explique qu'il n'y a pas de public pour ces films.

J'ai effectivement lu de bonnes critiques de Triple agent (inspiré de Conrad ?) qui laissaient penser que Rohmer avait enfin délaissé les "jeunes d'aujourd'hui". Si je le trouve, je le loue et on s'en reparle.

Écrit par : Benoit | mardi, 28 février 2006

A suivre, donc !

Écrit par : Ludovic | mercredi, 01 mars 2006

Eh bien, l'avant-dernier était navrant (La Fleur du mal), le chocolat était lourdingue et creux, etc. J'avais prévu de ne pas regarder le dernier.

Même La Cérémonie, hein, bof...

Écrit par : Guillaume | mercredi, 01 mars 2006

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