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jeudi, 02 février 2006

Classement

Si jen crois lami Pierre Bosc, et pourquoi ne le croirais-je pas, je vous le demande, puisqu’il cite lui-même le classement établi par Livres Hebdo, Astérix, Harry Potter et Dan Brown sont en tête des meilleures ventes de livres, en 2005, en France.

 

Premier avec 1. 305. 300 exemplaires vendus, Uderzo. Marc Lévy occupe les sixième, septième et huitième places avec La prochaine fois (490. 000 exemplaires), Vous revoir et Et si c'était vrai.

 

Michel Onfray (153. 000 exemplaires) domine les ventes des essais, catégorie qui est en chute libre, dit la revue professionnelle.

 

Quand on parle de vente de livres, avouant tout en le niant que l’édition se porte bien, n’oubliez jamais que c’est toutes catégories confondues et que des inexistants comme Lévy entrent en ligne de compte. N’oubliez pas non plus que les différents tomes d’Harry Potter sont comptabilisés au même titre que Stendhal et que Dan Brown est l’égal de Flaubert ou d’Hemingway en matière de chiffres d’affaires.

 

Évidemment, on vous affirmera que le succès de Potter permet d’éditer des livres difficiles, de vente réduite voire inexistante. C’est au nom de ce principe, le dirai-je jamais assez, qu’on publie huit cents tomes de Potter et une plaquette de poèmes. N’écoutez pas les sirènes amères de l’édition. Ce blog n’aura de cesse de les faire s’enrouer. Ne croyez pas ce qu’on vous raconte – et ne croyez surtout jamais ceux qui ont quelque chose à vous vendre ou à vous fourguer.

14:10 Publié dans Édition | Lien permanent | Commentaires (24)

Commentaires

Ce qui est inquiétant pour la survie de Gallimard, c'est que le quart des bénéfices dépend de la seule vente d'Harry Potter. Pour rappel, avant le départ de Marchand et juste au tout début de l'ère Potter, le secteur Gallimard-jeunesse représentait le tiers des bénéfices de Gallimard (les chiffres de Potter étant une goutte d'eau alors dans ce tiers).

Écrit par : Dominique | jeudi, 02 février 2006

Exactement. Pour ceux qui ne l'auraient pas lue, il y a eu ici même une conversation à propos d'un entretien accordé à la presse par Antoine Gallimard :

http://14ruefranklin.hautetfort.com/archive/2006/01/09/antoine-gallimard-parle.html

Écrit par : Jacques Layani | jeudi, 02 février 2006

"N’oubliez pas non plus que les différents tomes d’Harry Potter sont comptabilisés au même titre que Stendhal et que Dan Brown est l’égal de Flaubert ou d’Hemingway en matière de chiffres d’affaires."

Le problème, c'est quand on demande à Stendhal ou Flaubert de RENDRE comme Potter. C'est la logique de la grande surface, du taux de rotation: (La chartreuse de Parme: 5 ventes ? on ne tiendra que 6 ou plus, adieu La chartreuse), le best-seller existe, en tant que catégorie, depuis au moins 35 ans, alors, je ne comprends toujours pas votre hostilité face à l'aspect commerçant du métier, plus précisément au fait qu'un libraire doit évidemment effectuer une sélection, il ne peut pas TOUT avoir, mais je demeure convaincu que l'élitisme est ce qui tue la diffusion de la culture.

J'ai trop vu de libraires qui vous regardent entrer chez eux en vous toisant au lieu de vous accueillir. Celui qui vend Lévy, Potter et les autres et qui peut maintenir son commerce, il fait son métier. Si on n'a aucunes dispositions pour lire Stendhal, je ne vois rien de scandaleux à la lecture de Marc Lévy. Maintenant, si vous me demandez personellement ce que je pense de Marc Lévy j'ai l'impression qu'on a des chances d'être d'accord.

Si j'avais quelques millions, j'ouvrirais peut-être ma librairie. Dans laquelle il y aurait AUSSI Marc Lévy. Pas en vitrine et pas en lecture publique, mais pour ceux qui aiment le lire, je me ferais un plaisir de leur procurer. Le gosse de 10 ans qui arrive tout excité pour lire Harry, ça me ferait plaisir de lui faire plaisir.

Mais je m'excuse, j'enfonce peut-être une porte ouverte, on a déjà eu l'occasion de différer là-dessus auparavant.

Écrit par : Benoit | jeudi, 02 février 2006

Complément d'info. Les faux livres ont le vent en poupe et la daube se vend bien. Et on n'en a pas fini avec Dan Brown : son nouveau best-seller Deception Point sort aujourd'hui chez Lattès qui retirera à 50 000 ex. le Da Vinci Code en mai, pour la sortie du film. De même source (Livres Hebdo), l'auteur planche sur une suite qui devrait être publiée en 2007. Bref, on n'est pas sorti de l'auberge.

Écrit par : Pierre B. | jeudi, 02 février 2006

Je salue Pierre pour son premier commentaire ici, qui est un peu, déjà, une réponse à Benoît.

Mon cher Benoît à qui je dois préciser que je ne toise jamais personne. Mais non, il s'en doute bien.

Écrit par : Jacques Layani | jeudi, 02 février 2006

Je ne toise jamais personne non plus, mais je trouve que publier Marc Lévy est scandaleux. Je ne suis pas loin de penser que le lire est presque aussi scandaleux. J'ai plus de respect pour les gens qui ne lisent jamais et regardent la Formule 1 que pour "les lecteurs" de Marc Lévy, Dan Brown ou Amélie Nothomb.

Écrit par : Guillaume | jeudi, 02 février 2006

J'oubliais Anna Gavalda. Délivrez-nous d'Anna Gavalda.

Écrit par : Guillaume | jeudi, 02 février 2006

Bien d'accord avec Guillaume. Cela dit, il y a ici un grand admirateur de Nothomb... En principe, je ne dis rien contre elle, par amitié pour lui.

Et Pierre va sans doute rire parce qu'il y a un moment de cela, je lui en ai sorti, sur Nothomb, des vertes et des pas mûres ! Ah là là !

Écrit par : Jacques Layani | jeudi, 02 février 2006

"J'ai plus de respect pour les gens qui ne lisent jamais et regardent la Formule 1 que pour "les lecteurs" de Marc Lévy, Dan Brown ou Amélie Nothomb."

Pétition de principe: cette phrase est pour moi, irrecevable. Désolé mais c'est du snobisme. Je préfère le snobisme version Vian (avec une pointe d'auto-dérision) qu'anti-Dan Brown (tellement facile, et non, j'ai pas aimé non plus, après 10 pages j'ai abandonné tellement c'est pourri.)

Alors allons-y pour la guerre, Desavy, à moi !
J'ai aimé certains Nothomb, d'autres pas du tout, et je ne vais pas m'excuser. Je ne sais pas si c'est de la GRANNNNNNDE littérature, en fait, je ne crois pas, mais qu'y puis-je, elle a écrit quelques livres très bien foutus.
Anne Gavalda a écrit deux très bons livres, le premier, EXCELLENT recueil de nouvelles, succès de librairie D'ABORD parce que les libraires l'ont aimé (évidemment, vous me direz que les libraires n'y connaissent rien, la preuve: j'ai été libraire) et qui fut accueilli ensuite favorablement par les critiques, avant bien sûr qu'elle ne cartonne; depuis, tout le monde lui vomit dessus. En passant, je n'ai pas du tout aimé le 3e que j'ai abandonné rapido, peut-être qu'elle ne donnera plus rien de bon, mais ça n'enlève rien aux deux premiers. Voilà, envoyez moi vos salves, ou pas.
Mais je n'en démordrai pas: il y a une littérature populaire, par définition, celle du récit romanesque, qui n'a rien à voir avec la recherche formelle et tout avec le récit.

Mais si on excommunie le récit romanesque en partant...

« …dès que le roman est soumis è la littérature, il ne s’agit plus que de littérature. Lorsqu’il s’agit de fiction, la littérature doit servir la fiction. La question de « la marquise sortit à cinq heures » ne se pose pas pour le romancier. Elle ne se pose que pour ceux qui veulent faire sortir la phrase et non la marquise. »

P.S.: Non, on a pas fini avec Dan Brown. Il va presser le citron. Comme John Grisham, comme Sulitzer ou à son époque, Guy des Gares. La seule différence aujourd'hui, c'est que les fameux palmarès de ventes sont plus représentatifs de qui se vend réellement, via Datalib.
Le Clézio est bon vendeur, mais quiconque croit qu'à l'époque du Procès-verbal, il se vendait plus de Le Clézio que de "La brute, La maudite, La pécheresse, La garce et autres chefs-oeuvres du maître des gares se raconte des histoires.

Écrit par : Benoit | jeudi, 02 février 2006

Je ne suis pas inquiète pour ma petite-fille de 10ans (elle écrit déjà ses premiers poèmes) qui adore Potter ET les fables de La Fontaine.
Pourquoi faut-il toujours exclure?

Mémée Diane

Écrit par : Diane | vendredi, 03 février 2006

(à Diane)
Madame, il n'est pas question d'exclure ! mais de se soustraire – et de tenter de soustraire ceux qu'on aime – au formatage du parc humain.
(Jacques : sans relâche…, vous le savez – il faudrait presque chaque jour réintroduire ce débat, dire à ceux qui pensent qu'on peut ignorer ces livres-là, faire comme s'ils n'existaient pas, qu'ils se trompent gravement. Ils inoculent lentement leur poison. Il faut dire et redire ce que vous dites ici. Merci.)

Écrit par : Dominique Autié | vendredi, 03 février 2006

Je reviens ce matin, bon, voyons...

Benoît, Diane : il n'est pas question d'exclure, pourquoi pensez-vous ça ? Je suis de ceux qui n'excluent jamais personne, ni pour leur sexualité, ni pour leurs opinions, en général. Faut-il, chaque fois, le rappeler ? Mais Dominique Autié vous a mieux répondu que je ne saurais le faire ; il dit en quelques mots l'essentiel.

Pour ce qui est de Guy des Cars -- je prends ce nom parce qu'il a été un symbole -- il faut nuancer. Ce type a toujours vendu énormément mais, à part ses lecteurs, personne ne croyait qu'il était un écrivain. Au contraire, on se moquait de lui, on en faisait un repoussoir. Aujourd'hui, de vrais lecteurs, intelligents, généreux, comme Benoît (il n'y a là nulle flagornerie, évidemment), pensent qu'Anna Gavalda est un écrivain. C'est en cela que les choses ont changé. Il y a confusion.

Allez, Benoît, vous pouvez ouvrir le feu.

Écrit par : Jacques Layani | vendredi, 03 février 2006

Je partage l'avis de Benoît. Il se trouve que j'ai bien aimé 1 Galvada, que j'ai aimé 1 Nothomb (pas l'horrible caricature sur une entreprise japonnaise).
Je pense qu'il vaut mieux lire même des navets au début que pas du tout. Ne serait-ce que car on a plus de chance (chance n'est pas le mot que je veux utiliser mais je n'en trouve pas d'autre là, tout de suite) de se rendre compte que Coelho et ses bouquins mystico-pas-terrible sont moins bien qu'un Stendhal par exemple.
Il est peut-être parfois nécessaire d'injecter un peu de venin pour lutter contre les effets de la morsure. Si Harry Potter donne envie à pleins de gamins de lire je ne suis pas contre. C'est comme Fantomette (allez-y hurler), ça a donné envie à pleins d'enfants qui n'aimaient pas ça de lire et ils ont voulu découvrir autre chose après ça.

Écrit par : Livy | vendredi, 03 février 2006

Je préfère la gastronomie au fast food et pourtant, de temps à autre, je ne dédaigne pas un cheese burger. Idem en littérature où mes goûts sont éclectiques. Un Nothomb ou un Gavalda me délecteront toujours moins qu'un Sagan mais j'apprécie leur tour de main sinon leur style.

Écrit par : Pierre B. | vendredi, 03 février 2006

L'éclectisme, oui. Je suis très éclectique moi-même. A condition que l'on ne descende pas au-dessous d'un niveau minimum. Gavalda, ouvert au hasard à n'importe quelle page, c'est et ça demeure du charabia. A tout le moins, quelque chose d'une extrême platitude.

Quant à l'expression "tour de main", je la trouve révélatrice. On ne peut dire mieux qu'il s'agit là de recettes et de produits fabriqués.

(Le pauvre Pierre Bosc va trouver que je l'ai attiré dans un piège, mais non, mais non. Ici, Pierre, vous voyez, vous avez des gens de votre avis. Quand nous ferraillons tous deux au sujet de ces marionnettes de l'écriture, ces pantins du texte imprimé, c'est plus dur).

Écrit par : Jacques Layani | vendredi, 03 février 2006

Mais non, vous ne m'avez pas attiré dans un piège... Je suis d'accord avec vous sur le terme "recettes" s'appliquant aux dernières productions des ces cordons bleus (ou plutôt bas bleus) de l'écriture de consommation courante. La fraîcheur, l'humour et même le côté nunuche de leurs premiers bouquins m'avaient attendri. Le charme, depuis, s'est un peu éventé.

Écrit par : Pierre B. | vendredi, 03 février 2006

Bien sûr. Disons qu'ils et elles ne jouent pas dans la même division.

Écrit par : Pierre B. | vendredi, 03 février 2006

Pas si sûr... Chabrol, c'est aussi la "littérature populaire, par définition, celle du récit romanesque" qu'évoquait Benoît un peu plus haut. Albertine, avant d'être oubliée, était également populaire dans son écriture comme dans sa renommée. Quelle différence, cependant, dans le ton, l'envolée, la tenue, l'exigence...

Écrit par : Jacques Layani | vendredi, 03 février 2006

"Albertine, avant d'être oubliée, était également populaire dans son écriture comme dans sa renommée."

N'était-elle pas victime de la "peoplelisation" déjà à cette époque ? La valeur de ses écrits n'aurait-elle pas été oubliée parce qu'on a trop privilégié le parcours biographique ? (Je me souviens de L'astragale dans la bibliothèque de ma soeurette, je ne l'ai pas lu à ma courte honte.)

Pour les recettes, oui il y en a, bien sûr. Mais la confusion elle est aussi entre ce qui, dans la voix ou le style d'un écrivain, frappe l'imagination et rencontre un public. Et dès que le public plébiscite, c'est mal, forcément. L'amant de Duras ne saurait être un grand livre: ça a marché ! On lui préférera Le ravissement de Lov V. Stein. Remarquez, c'est bien possible qu'il soit meilleur. Mais désormais, l'argument majeur, jusqu'au siècle prochain quand il n'y aura plus que des yeux pour lire des textes et pas des sensibilités scandalisées par la vulgarité du succès, c'est que L'amant a marché parce que c'est un roman facile. Le défendre ce sera courir le risque de prouver qu'on est simple, qu'au fond, on ne comprends pas ce qui fait la valeur des textes etc etc.

Recettes: croyez-vous vraiment que Nothomb avec son Hygiène de l'assassin, est arrivée chez Albin Michel et que l'éditeur a vu, dans ce récit à deux voix, une recette ? D'ailleurs, son Péplum par exemple, que j'ai abandonné assez rapidement, n'a rien à voir avec les livres que j'ai aimé (Le sabotage amoureux, Biographie de la faim) bien que l'on retrouve le ton (laissons là le style sinon on a pas fini de s'échanger des tartines). Il aurait fallu changer le ton pour arriver à en faire quelque chose. Et j'ai la prétention de croire que si j'avais été son éditeur, succès assuré ou pas, je le lui aurais dit et j'aurais refusé de publier. Mais là, on tombe dans un autre sujet: l'édition et la motivation des éditeurs, leur travail avec les écrivains. (Là-dessus Jacques, je vous entends préparer la tartine...)

Pour revenir à ce qui me hérisse dans certains propos, ce n'est pas l'exclusion au sens ou Jacques l'a évoqué (vous savez bien Jacques que nous avons réglés ces malentendus), mais cette apparente incapacité à reconnaître que tout ne se vaut pas, mais qu'il ne saurait y avoir de petits plaisirs.

Diane évoquait sa petite fille qui aime réciter La Fontaine mais qui aime aussi lire Potter. Elle a 10-11 ans, elle se fout des critiques, de la LITTÉRRÂTURE, elle lit, point. Elle forme ses goûts, et à partir des plaisirs (ici je souligne le pluriel, un pluriel capital) de son enfance, elle fera ses choix d'adultes. Elle a des parents qui l'expose, lui donne l'opportunité d'aimer ou pas des oeuvres diverses. Hurler sur Harry Potter, c'est comme si des adultes amenaient leurs enfants au musée, et se désolaient de ce que leurs marmots tombent en amour avec le Douanier Rousseau ou Matisse parce que pour eux, c'est Rothko ou Pollock qu'il faut apprécier.

L'exclusion elle est là. De même, lorsque je lis certaines interventions ici, je me dis, merde, la police intellectuelle va un jour débarquer chez moi. Oui, j'aime tirer du rayon Pessoa et lire quelques passages au hasard de son Livre de l'intranquilité. J'ai acheté Les âmes mortes de Gogol que je n'ai pas encore lu (et la quantité de livres pas encore lue est décourageante) et c'est en passant rue Franklin que j'ai abouti ailleurs et lu un peu sur Raimuz. MAIS. La police va découvrir chez moi ô horreur, des POLARS. De la bédé. Et bien d'autres trucs. Bref, la ré-éducation dans les rizières de la GRÂÂÂNDE LITTÉRATURE ne saurait tarder (j'en entends d'ici certains dire que pour le ré-éduquer celui là faudrait d'abord qu'il soit éduqué mais je m'en fous.)

Cette façon de voir dans un succès de mode un poison néfaste et cela, en dehors de toute appréciation factuelle du texte lui-même, relève plus, je m'excuse de le dire, d'une paranoïa matinée d'élitisme que d'une réelle compréhension du genre (littérature jeunesse), du comment le livre advint (qui est l'auteur, d'ou vient-elle, quelles sont ses influences, quel était le projet d'écriture) et ensuite, on tombe dans un amalgame: ça a marché du tonnerre de Dieu, alors forcément, il y a eu formattage, complot, ça ne peut être que nul, et surtout, Rowling c'est pas Lewis Carroll.
Ben non. Et alors ?

Je fini ma tartine qui j'en suis conscient ne finit plus de finir, par un autre exemple: quand j'avais 16 ans, j'ai lu en dix jours pendant un congé de Noël, les quelques 1000 pages du Seigneur des Anneaux. Je dormais et le reste du temps je lisais. Bon. Depuis, je l'ai relu. J'ai aussi entendu les critiques littéraires faire à cet oeuvre des reproches convaincants. Des spécialistes des mythes nordiques lui reprochent beaucoup de choses.
Écouter Germaine Greer parler de ce livre est un véritable plaisir, elle fait feux de tout bois, elle a détesté ça. Et je comprends pourquoi, parce qu'elle a raison.
MAIS. Il y a autre chose dans ce livre. Il y a même un passage dans le livre II que tous les spécialistes de littérature considèrent comme aberrant, d'une structure qui est totalement ratée. Soit. Mais. Ça fait 50 ans qu'on arrête pas de lire cette structure bancale. Quand l'écrit, malgré tout, et sans effet de mode (pas de films ni de matraquage publicitaire pour me le faire rencontrer, juste une jaquette en Livre de Poche qui a attiré mon regard) fait son travail (il m'arrivait dans les forêts de la Côte ouest américaine près des arbres géants de chercher les Elfes du regard), et ça, quoi qu'en dise ma chère Germaine, ça transcende toute analyse, c'est la magie du récit. Il y a toutes sortes de récits, dans des divisions différentes comme dit Pierre Bosc.
Un soir Pessoa, un autre Henning Menkell.
Un soir, Harry Potter, un autre, La cigale et la fourmi.

Tout ce que je demande à un livre c'est de me convaincre. Pas dans l'absolu (qui n'existe pas) mais dans la mesure du projet qui est le sien. Si on écrit Arsène Lupin gentleman-cambrioleur, on n'écrit pas Les lettres de Maldoror. Et qui voudrait vivre à Maldoror tous les jours ? Moi j'ai aussi envie du commissariat suédois de Menkell et des tirades d'Achille Talon. Et j'ajoute pour m'achever que j'ai adoré Tintin au Congo, bien que Les sept boules de cristal/Le temple du soleil demeure pour moi le sommet de l'oeuvre d'Hergé.

Dans mon enfance, Tintin Astérix et Spirou, les élites en parlaient exactement comme aujourd'hui Harry Potter.
Voilà ce qui arrive quand on ne vaccine pas ses enfants contre le poison du formattage....

Écrit par : Benoit | vendredi, 03 février 2006

Jacques, je vous remercie de votre délicatesse ; Benoit, de vos interventions que je lis toujours avec attention. Je laisse juste la parole à Pierre Brunel :

"L'épaisseur, plutôt que celle d'un livre, peut être celle de l'ensemble de l'oeuvre d'un écrivain. Elle ne se confond pas pour autant avec l'abondance, par exemple avec ce qu'Amélie Nothomb a appelé elle-même sa graphomanie. Mais la production va ici de pair avec le talent, et le succès, considérable, a suivi."

Où va la littérature française aujourd'hui ?, Pierre Brunel.

Écrit par : de Savy | vendredi, 03 février 2006

Oui, Duras était bien connue de la critique universitaire quand elle a obtenu son prix Goncourt pour "l'Amant". Du coup certains ont commencé à se poser des questions. N'était-ce pas finalement de la littérature de gare? Un peu comme si le succès était incompatible avec la qualité.

Mais ironiser sur ces critiques hautains est trop facile. C'est peut-être à juste titre qu'ils se méfient du succès (même si ce succès a amené beaucoup de personnes à lire Duras, ce qui est très bien par ailleur). Car il faudrait savoir si le grand public n'a pas simplement été séduit par les scènes érotiques, sans plus, ce qui serait quelque peu réducteur pour juger de la valeur d'une oeuvre.

Je signale que le prochain numéro de la Presse littéraire (J. Vébret) est présiément consacré à Duras.

Écrit par : Feuilly | vendredi, 03 février 2006

de Savy, quid de la Presse Littéraire au Québec ?
J'ai demandé dans une librairie mais on ne connaissait pas, et aucune Maison de la Presse ne l'a en stock.

Écrit par : Benoit | vendredi, 03 février 2006

Je ne sais pas si Joseph Vebret se promène dans cette rue. Je vais le lui demander par courriel.

Écrit par : de Savy | vendredi, 03 février 2006

Benoit - à propos de "MAIS. La police va découvrir chez moi ô horreur, des POLARS. De la bédé. Et bien d'autres trucs."

Il faudrait bien qu'un jour on abandonne cette foutue manie de mettre les livres dans des catégories. Il y a de bons et de mauvais livres, point final. Et il se trouve qu'il y a de bons livres qui sont AUSSI des polars...

Écrit par : fuligineuse | vendredi, 03 février 2006

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