mercredi, 11 janvier 2006
Le cinéma pour qui ?
J’ai lu lundi 9, sur le zinc, ce titre du Parisien selon lequel six-cent soixante films de toute nature avaient été réalisés à Paris en 2005. C’est un chiffre qui ne veut rien dire du tout puisqu’il n’est pas rapporté au nombre total des tournages de l’année, mais la presse raffole des quantités : tant de tonnes de dinde ont été dévorées à Noël à Paris, c’est passionnant, ça intéresse beaucoup le public. Il faut le croire.
Mon propos est ailleurs. Le cinéma devient urbain. Dans l’esprit de la majorité, un film se passe en ville. Je me moque bien qu’il s’agisse de Paris ou d’ailleurs. À Paris, après tout, il y a de belles architectures, de belles perspectives, la lumière est douce. Sans parler du fait que la plupart des comédiens y résident et que les équipements techniques y sont nombreux, ce qui facilite le travail de tous.
Mais voilà : un film se passe en ville. Les œuvres cinématographiques montrant des paysages ruraux, présentant des situations rurales, des personnages ruraux, des vues de campagne ou de montagne, deviennent extrêmement rares, il me semble. Je parle bien, n’est-ce pas, de films dont l’action, l’intrigue, le sujet, se déroulent à la campagne. Pas de ceux où de fatigués et argentés citadins vont passer un moment sous les arbres ou sur les cimes. Je serais curieux de disposer de quelques chiffres. Je ne sais pas si ça existe. Je crois que tout le cinéma – au moins les films situés à l’époque contemporaine – se tient maintenant en ville.
C’est parfaitement stupide. À la campagne (la montagne, la mer), il n’y a plus d’hommes, de femmes, de problèmes, de sujets ? On s’adresse à un public urbain à qui l’on montre son reflet (un peu arrangé, de préférence, pour qu’il puisse rêver). Ou bien cela signifie-t-il qu’on courtise le public des grandes villes, alors que dans les sous-préfectures, pourvu qu’elles possèdent un cinéma, les films sont projetés dans les quinze jours qui suivent la sortie parisienne ? À quoi sert-il de voir un film quinze jours avant les autres ? De toute façon, à part quelques cinéphiles acharnés, personne ne se rue dans les salles à la sortie des œuvres nouvelles. Ce qui revient à dire que les films sont vus à peu près en même temps partout. Pourquoi, dans ces conditions, ne traite-t-on pas des problèmes qui peuvent concerner une partie des spectateurs, d’autant qu’il n’est pas exclus que l’autre partie, si elle n’est pas cérébralement intoxiquée, s’y intéresse aussi ? Cependant, les premiers sont supposés béer d’admiration devant des intrigues citadines, des voitures et des immeubles.
Qu’on ne me fasse surtout pas dire ce que je n’ai pas dit. Bien évidemment, il n’est pas question de fabriquer des films sur mesures pour tel ou tel public. Je ne demande pas de traiter de la métallurgie à l’intention des métallurgistes, enfin, bref, je ne parle pas ici de réalisme socialiste. Je m’étonne simplement de cette incroyable suprématie de la ville sur le reste du pays, suprématie d’ailleurs supposée car, à la campagne, en vérité, une telle attitude fait rire ou indiffère.
07:00 Publié dans Fauteuil payant | Lien permanent | Commentaires (43)
Commentaires
C'est que le monde de la campagne est peut-être en train de disparaître. Je veux dire celui que nous avons tous connus alors que nous étions enfants: avec de vrais fermiers qui vivaient en autarcie sur leurs terres et qui se déplaçaient trois fois dans leur vie pour aller à la ville.
Aujourd'hui, la campagne s'urbanise. De nombreux citadins y vivent en permanence. Dans les endroits plus éloignés, ce sont les résidences secondaires qui ont envahi l'espace. Tous ces gens sont venus avec leur mentalité, qui n'était pas celles des natifs du coin.
A côté de cela, les petites exploitations agricoles mettent la clef sous le paillasson les unes après les autres. Des régions entières deviennent des déserts, avant d'être recolonisées par les citadins.
La campagne vraiment authentique se fait rare. J'avais été frappé, étant plus jeune, par la différence incroyable qui existait entre les Alpes et le Massif central. D'un côté des stations BCBG, de l'autre une agriculture traditionnelle en train de disparaître. D'un côté de riches Parisiens venant étaler leurs richesses, de l’autre des gens modestes mais authentiques qui tentaient d’extraire de la terre le peu qu’elle pouvait donner. C’est une culture rurale de plus de 2000 ans qui vient de disparaître sous nos yeux, dans l’indifférence générale.
Écrit par : Feuilly | mercredi, 11 janvier 2006
Jacques, cessez de faire votre ménagère ! Si vous voulez de la cambrousse et des problèmes ruraux, pourquoi ne regardez-vous pas le 13h de Jean-Pierre Pernaut comme tout le monde ? Vous n'êtes pas chez vous pendant la pause méridienne ? Et bien rattrapez-vous en soirée, avec l'Instit !
Écrit par : Jul | mercredi, 11 janvier 2006
"celui que nous avons tous connu" : sans S bien entendu.
Écrit par : Feuilly | mercredi, 11 janvier 2006
Euh... Aujourd'hui, sort un film avec Michel Blanc, qui met en images un fermier. Il est vrai qu'il cherche une femme - d'origine Roumaine, pour faire actuel. Quand sur le plateau, on lui parle de M.Serrault-M. Saignier, il y a quelque temps, il ne dit pas non. Il a regretté - tout de même - qu'on n'en aie pas fait un drame plutôt qu'une comédie.
Écrit par : Martine Layani | mercredi, 11 janvier 2006
Jul ? Je ne comprends pas. Pourquoi êtes-vous agressif ? Ou bien est-ce pour rire ? En plus, vous faites allusion à des programmes que je ne connais pas. Je ne regarde jamais la télévision.
Écrit par : Jacques Layani | mercredi, 11 janvier 2006
J'aurais parié qu'on me servirait l'exemple de Serrault-Saignier, ce film d'il y a maintenant quelques années. Et c'est Martine qui me le donne... Cela apporte de l'eau à mon moulin. Si on cite immédiatement ce film, c'est parce qu'il n'y en a pas d'autre. Par ailleurs, c'était un regard faussé sur la réalité rurale.
Écrit par : Jacques Layani | mercredi, 11 janvier 2006
Par ailleurs, la question du célibat des hommes à la campagne n'est vraiment pas nouvelle, c'est même un lieu commun. Elle a toujours été traitée. Mais il n'y a pas que ça, voyons. Allez voir sur place. Ce que dit Feuilly est plus juste, plus complet.
Écrit par : Jacques Layani | mercredi, 11 janvier 2006
Moi agressif ? Pensez donc ! Ceux qui regardent un peu la téloche auront compris de quoi je parle. Ecoutez, tâchez de regarder le journal de 13h sur TF1 un jour en semaine, et vous m'en direz des nouvelles. Vous ne connaissez pas l'Instit ? Mais vous étiez où ces 20 dernières années ?! Non, c'est juste pour dire que la télévision semble plus se soucier du monde "rural" que le cinéma. C'est un peu normal, puisqu'il faut qu'un maximum de gens la regardent. Alors qu'au cinéma, il faut casquer. La télévision suffit à donner son bol d'air au Parigot. Mais quand il paie à l'entrée, il a bien l'intention de se voir à l'écran.
Écrit par : Jul | mercredi, 11 janvier 2006
Ah, je comprends mieux. Vos deux dernières phrases me donnent un peu raison, finalement. Quand vous dites : "La télévision suffit à donner son bol d'air au Parigot. Mais quand il paie à l'entrée, il a bien l'intention de se voir à l'écran", c'est la même chose que lorsque j'écris : "On s’adresse à un public urbain à qui l’on montre son reflet (un peu arrangé, de préférence, pour qu’il puisse rêver)".
Cela pose des problèmes, quand même. On ne peut pas, ainsi, jeter délibérément aux orties tout ce qui n'est pas citadin (Paris ou autre).
Pour ce qui est de la télévision, je vous assure que je ne connais pas. Je ne me sers de mon récepteur que comme écran pour lire des DVD, et encore, lorsque j'en ai le temps, c'est-à-dire presque jamais.
Écrit par : Jacques Layani | mercredi, 11 janvier 2006
Martine, tu fais allusion au Couperet de Costa-Gavras. Mais tu oublies les deux films de Laurent Cantet (L'Emploi du temps et le précédent, dont le titre m'échappe).
Écrit par : Jacques Layani | mercredi, 11 janvier 2006
Ce doit être Serrault / Seigner, non ? Pas vu le film, de toute façon.
Le plus curieux, c'est que les sites non urbains favorisent des prises de vue superbes, et rendent le travail de l'équipe de réalisation plus facile : pas besoin de faire interrompre la circulation etc.
"660 films de toute nature" : cela doit inclure les films publicitaires et les clips musicaux, ce qui, du coup, ne veut vraiment rien dire.
Écrit par : Guillaume | mercredi, 11 janvier 2006
Oui, cela inclut tout, c'est pour ça que j'ai dit "de toute nature".
Pardon pour l'orthographe de Seigner, je ne savais pas comment on écrivait son nom.
Ludovic est évidemment attendu ici.
Écrit par : Jacques Layani | mercredi, 11 janvier 2006
A propos de télévision, l'audimat est en train de monter, ici. 14 commentaires sur le cinéma non rural, 25 sur Gallimard...
Jacques, tu devrais te faire engager à TF1!
Écrit par : Feuilly | mercredi, 11 janvier 2006
Le film le plus représentatif du juste état des lieux que vous pointez Jacques est peut-être Buffet froid, avec le court passage à la campagne où les héros maugréent, qui montre bien que Blier et ses personnages ne sont à l'aise qu'entre métro et HLM. Courte échappée aussi à la toute fin du Black Rain de Ridley Scott ou à celle de Quand la ville dort, aux pieds des chevaux. La campagne sert de contrepoint (comique, tragique, esthétique) aux chassés-croisés urbains comme si en effet elle ne savait pas nourir de fictions. Il y a bien les adaptations de Pagnol par Berri et Yves Robert, mais suffisamment datées pour ne pas avoir à se mouiller dans la campagne d'aujourd'hui et des films comme Harry, un ami qui vous veut du bien ou Le bonheur est dans le pré ou encore un dimanche à la campagne, s'en servent davantage comme décor où placer leur huis-clos ou leurs répliques de boulevard (pour Chatiliez).
Je me souviens mal d'un drôle de film anglais (Myself and I), il y a une quinzaine d'années
qui dépeignait l'arrivée de citadins en pleine nature. En fait Jacques, vous préférez La Horse à Angel-A, n'est-ce pas ?
Écrit par : Ludovic | mercredi, 11 janvier 2006
Jul : "La télévision suffit à donner son bol d'air au Parigot."
Il faut dire, aussi, que l'esthétique ruraliste s'est enfermée dans des clichés, et y a été enfermée par un certain nombre d'écrivaillons France Loisirs, d'où le succès, je pense, de certains feuilletons ou tékéfilms "ruraux". Après cela, proposer un bon film sur la campagne contemporaine sans sombrer dans le pathos ou la nostalgie à deux sous n'est pas aisé. L'Eté meurtrier est peut-être une exception, mais c'est un film qui date de 1983...
J'ai grandi dans un village de 400 habitants, et je rêvais parfois de devenir cinéaste et de filmer les bois et les prairies où je me promenais, de manière très "brute", en entrecoupant les scènes de conversations tout à fait actuelles qui se tiennent dans les maisons des villages. Une histoire ainsi se serait construite.
Écrit par : Guillaume | mercredi, 11 janvier 2006
Mon clavier a fourché, mais le concept de tékéfilm me plaît assez, finalement.
Écrit par : Guillaume | mercredi, 11 janvier 2006
Il me semble que le commentaire de Ludovic et celui de Guillaume font un très bon tour de la question.
Je ne parle même pas de "préférer", ici, Ludovic. Pour préférer, il faudrait pouvoir disposer de plusieurs oeuvres. Ce n'est pas le cas. J'entends : de plusieurs oeuvres récentes et traitant vraiment des problèmes, plutôt que se servir de la campagne comme d'un "décor pour huis-clos avec dialogues de boulevard", comme vous le dites justement. Si on élimine tous ces films-là, si l'on ne tient pas compte des oeuvres plus anciennes, que reste-t-il aujourd'hui ?
Le cinéma devient bien citadin.
Écrit par : Jacques Layani | mercredi, 11 janvier 2006
Oui, dans "Un dimanche à la campagne" ce sont bien des citadins qui viennent rendre visite au grand-père. Si je me souviens bien, on ne quitte pas le jardin.
On pourrait citer "37°2 le matin", qui est tourné en Lozère (région de Saint Chély d'Apcher ) mais c'est tout le contraire d'un film sur la campagne, qu'on ne voit d'ailleurs pas.
Écrit par : Feuilly | mercredi, 11 janvier 2006
Dans la série "la ville vient régler ses problèmes à la campagne" : Total Western d'Eric Rochant, avec comme cadre principal "la Ferme" qui tente de rééduquer des délinquants, et là on approche un genre justement proche de la Horse : le western rural (mais les cowboys y sont des citadins perdus).
Je pense à La vie de Jésus de Bruno Dumont, mais aussi à ces deux autres films, où les drames se nouent autour des villes, dans un no man's land où le paysage fait peur, qu'il soit français ou américian.
Écrit par : Ludovic | mercredi, 11 janvier 2006
Ludovic : La Horse était un western rural, effectivement, mais le tableau présenté ne correspondait pas à une réalité sociale, c'était presque une caricature. Et puis, plus de trente ans ont passé. Je ne connais pas les autres films que vous citez.
En tout cas, il semblerait que je ne me sois pas trompé. L'ensemble des propos tenus depuis ce matin va dans mon sens.
Écrit par : Jacques Layani | mercredi, 11 janvier 2006
Voyons... Je me demande en quoi il y aurait un cinéma rural et un cinéma urbain. Je vais prendre comme exemple les contes de Rohmer. Conte de printemps débute en banlieue parisienne, se poursuit un peu en appartement parisien et s'achève à la campagne, mais en intérieur pour une bonne part. Conte d'hiver commence au bord de l'eau, sur la plage, se poursuit en banlieue parisienne, fait un détour par Nevers et les bords de Loire, puis revient à Paris et surtout en intérieurs. Conte d'été se passe autour de Dinard, mais la moitié du film a lieu sur des plages désertes. Conte d'automne est presque entièrement tourné dans les vignes, mais la fin se déroule en intérieur dans une petite ville que l'on aperçoit fugitivement la nuit. Les personnages se déplacent, ils ne sont tout simplement pas dans un espace exclusivement rural ou exclusivement urbain. Le rapport entre la ville et la campagne, entre un lieu peuplé et un lieu désertique, entre les intérieurs et l'extérieur peut aussi être un thème.
Écrit par : Dominique | mercredi, 11 janvier 2006
Amusant, quand on tape dans Google "campagne et cinéma", les seules campagnes que l'on trouve ce sont ... les campagnes publicitaires.
Quant à "nature et cinéma", la recherche renvoie à des documentaires animaliers.
Pour revenir aux films, il y avait bien Paris-Texas de Wenders, mais cela commence à dater et puis le désert texan ne servait que de cadre au vide existentiel du héros.
Sinon il y a eu un film avec Borhinger dont j'ai oublié le titre. Un petit garçon passait les vacances à la campagne chez une amie de sa mère. Il découvrait une autre manière de vivre.
Écrit par : Feuilly | mercredi, 11 janvier 2006
Le résultat de tes recherches sur Google, Feuilly, me donnerait raison. En tout cas, il m'effraie.
Écrit par : Jacques Layani | mercredi, 11 janvier 2006
Il y a bien Dersou Ouzala d' Akira Kurosawa, mais cela date de 1975. Et le film est supposé se passer en 1902. Par contre c'est de la vraie nature sauvage.
Écrit par : Feuilly | mercredi, 11 janvier 2006
Oui, mais ça a plus de trente ans et le sujet est situé il y a plus d'un siècle. Mais *aujourd'hui* ?
Écrit par : Jacques Layani | mercredi, 11 janvier 2006
Le film avec Bohringer, c'est le Grand Chemin de Jean-Louis Hubert. Mais les films qui se déroulent exclusivement à la campagne sont très nombreux même si tout le monde n'a pas des titres comme Y aura-t-il de la neige à Noël ? en tête. Le dernier scénario d'Azouz Begag correspond exactement au même thème (en plus caricatural) avec la confrontation de jeunes de banlieue et de ruraux. Je dirais que le film en décor plus ou moins champêtres est un genre fort représenté. C'est même un fond de commerce important pour les téléfilms du samedi soir de France3 ou pour les grandes sagas estivales.
Écrit par : Dominique | mercredi, 11 janvier 2006
Film que je ne connais pas:
http://raf.apinc.org/agenda.php?num=735&type=2
Écrit par : Feuilly | mercredi, 11 janvier 2006
Farrebique et Biquefarre seraient peut-être plus dans le sujet ? Ce sont des classiques.
Écrit par : Dominique | mercredi, 11 janvier 2006
"Existe-t-il une oeuvre cinématographique *récente* qui traite *sans caricature* et *sans que la campagne soit un décor* de problèmes *spécifiquement* ruraux ?"
Récente, je crains que non, Jacques, en tous cas en ce qui concerne la fiction, mais un étalon or en la matière, il ya presque 30 ans de cela, reste l'admirable "Arbre aux sabots" d'Ermanno Olmi. Que je conseille vivement.
Écrit par : Ludovic | mercredi, 11 janvier 2006
Oui, il y a trente ans...
En fait, voilà : le cinéma est bien devenu un objet de consommation pour citadins. On le constate. C'est l'idée qui m'était venue en lisant ce titre de journal. Je ne porte pas vraiment de jugement, il me semble simplement que cela n'avait pas été dit.
Écrit par : Jacques Layani | mercredi, 11 janvier 2006
Farrebique, de Rouquier, serait dans le sujet s'il ne datait de 1945. On pourrait ajouter, alors, Le Sabotier du Val-de-Loire, superbe documentaire en noir et blanc de Jacques Demy... il y a quelques décennies.
Écrit par : Jacques Layani | mercredi, 11 janvier 2006
Mais Biquefarre date lui de 1983 !
Écrit par : Dominique | mercredi, 11 janvier 2006
Tout récent:
http://www.lefigaro.fr/culture/20060111.FIG0015.html?093856
Écrit par : Feuilly | mercredi, 11 janvier 2006
Dominique, 1983, c'était hier pour moi, mais objectivement, cela fait vingt-trois ans...
Feuilly, c'est le film dont parlait Martine ce matin, je crois.
Écrit par : Jacques Layani | mercredi, 11 janvier 2006
Oups, après plus de 30 commentaires, j'avais perdu cela de vue.
Cela s'appelle inventer l'eau chaude.
Écrit par : Feuilly | mercredi, 11 janvier 2006
Cantet: Ressources humaines était le premier je crois.
"De toute façon, à part quelques cinéphiles acharnés, personne ne se rue dans les salles à la sortie des œuvres nouvelles."
C'est précisément le contraire. Le système nord-américain, mis en place depuis l'arrivée des "blockbusters" (Star Wars et autres Dents de la mer) et qui fonctionne exactement de la même façon chez vous, oblige tous les films à performer au box-office sur une période très courte. Si le film ne trouve pas son public en 2 ou 3 semaines, il est rapidement retiré. Il y a une telle surenchère que si un film qui a coûté 100 millions ne fait "que" 60 millions le premier week-end de sa sortie, on parle de déception.
D'aileurs, les producteurs de films plus "artistiques" se servent de plus en plus du "buzz" (excusez tous les anglicismes, mais on dit bien un "pitch" par chez vous....) en ne montrant leur film que dans un nombre limité de salles, dans 2 ou 3 grands centres. Si la rumeur est positive, on ouvre progressivement le champs et le film fait son chemin sur la durée, comme "dans l'ancien temps".
Film rural: vous irez voir Souvenirs de Brokeback Mountain d'Ang Lee. Far West 1963, montagnes, moutons, poussière pluie et neige. Ah oui, et une magnifique histoire d'amour. Grand Prix à Venise.
Écrit par : Benoit | mercredi, 11 janvier 2006
Oui, c'était Ressources humaines, je ne trouvais plus le titre.
"oblige tous les films à performer au box-office sur une période très courte. Si le film ne trouve pas son public en 2 ou 3 semaines, il est rapidement retiré" : mais ça, c'est un souci de producteur, le public s'en fout.
"D'aileurs, les producteurs de films plus "artistiques" se servent de plus en plus du "buzz" (excusez tous les anglicismes, mais on dit bien un "pitch" par chez vous....) en ne montrant leur film que dans un nombre limité de salles, dans 2 ou 3 grands centres. Si la rumeur est positive, on ouvre progressivement le champs et le film fait son chemin sur la durée, comme "dans l'ancien temps"" : je vous crois sur parole, bien volontiers. Je ne suis pas au courant de ça, je ne sais pas comment ça fonctionne.
"Far West 1963" : donc, cela remonte à quarante-trois ans. Ce n'est pas une oeuvre récente, ce qui était mon propos. Ou bien ai-je mal compris ? Est-ce un film récent qui se déroule en 1963 ? J'avoue ne pas connaître du tout.
Écrit par : Jacques Layani | mercredi, 11 janvier 2006
Le film a été fait en 2005 mais l'histoire se déroule en 1963.
C'est un film qui traite en filigrane de la fin du Far West et de son mythologie.
Il y a un conteur ici au Québec, Fred Pellerin, qui triomphe en racontant des histoires qui toutes se déroulent dans son petit village, Saint-Élie-de-Caxton. Partout ou il passe, et dans toutes ses entrevues, il pose la question: que fera t-on des régions si tout le monde va vivre en ville ? On ne peut pas tous habiter à Montréal ! On parle même de fermeture de villes, et il devient quasi impossible de trouver des services essentiels dans certaines régions rurales.
Alors les films sur la ruralité... Pas étonnant que lorsqu'on en réalise un, il doive se dérouler dans le passé, même récent.
Écrit par : Benoit | mercredi, 11 janvier 2006
Deux pays, deux réalités.
On parle ici de tenter d'attirer des médecins immigrants pour aller pratiquer en régions.
La Gaspésie est exsangue de sa jeunesse et le Saguenay suit le même chemin.
Quand les baby-boomers retourneront dans leurs villes natales, ils devront attirer aussi les services dont ils auront besoin, qui n'y sont (seront) plus. La France est beaucoup plus densément peuplé, et les villes "secondaires" plus fortes. Un film ici, La grande séduction, qui a je crois connu un modeste succès en France, se déroulait sur la Côte Nord, de nos jours, avec les pêcheurs au chômage qui faisaient la queue au bureau de poste pour obtenir leurs indemnités. Comédie un peu grosse avec une touche de réalisme magique. Pas ma tasse de thé, mais c'était bien rural. Et ce fut un triomphe au box office.
Ouf j'en ai trouvé un !
Écrit par : Benoit | jeudi, 12 janvier 2006
Ah, un au moins ! La qualité du film, ça, c'est une autre question. Au moins un réalisateur s'est-il intéressé à un tel sujet.
Écrit par : Jacques Layani | vendredi, 13 janvier 2006
J'ai pris aujourd'hui quelques photos de la rue Feuilly, à Tours, qu'il faudra que je publie, en hommage implicite à ces pages.
Écrit par : Guillaume | vendredi, 13 janvier 2006
En hommage aussi à un des participants, je suppose ?
Écrit par : Jacques Layani | vendredi, 13 janvier 2006
Bien sûr !
Fôlatrant éternels, universels, irrémédiables, les libres yeux...
Écrit par : Guillaume Cingal | vendredi, 13 janvier 2006
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