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mardi, 03 janvier 2006

Introduction

Pour ouvrir l’année nouvelle, je vous propose cette phrase :

« Le propre des poètes (des artistes) est de percevoir au-delà de toutes inconstances opportunes, des phénomènes d’harmonie. Trajectoires spirituelles. Qu’importe la matérialité des éléments présents ! Qu’importe la conséquence – bouleversements imminents ou futurs ! Les baguettes du coudrier décèlent la source ou le métal sous terre. Le poète s’agite, s’inquiète, frémit, perçoit et, inévitablement, proclame une vérité. Il parle au nom de tous ; c’est son rôle social, c’est son unique raison d’être. Ce qu’il débrouille au milieu de la confusion, dans un désintéressement complet, c’est la réalité de demain ».

Elle est signée Le Corbusier.

Commentaires

Ce qu'il y a de beau, et sans doute de juste, dans cet extrait, c'est le contraste existant entre ce que le véritable poète entrevoit et crée (des "phénomènes d'harmonie"), et qu'il devient dans cette création (inquiet, fébrile, agité), comme s'il était en fait dans son intimité, dans son individualité, souffrant et même sacrifié. Le passeur reste dans la barque remuée en tous sens et donne aux autres, les rives.

Je souhaite de tout coeur à cette rue sans âge de continuer de résister aux promoteurs immobiliers modernes !

Écrit par : Ludovic | mardi, 03 janvier 2006

Merci, Ludovic.

La notion de "poète-prophète" remonte aux âges les plus anciens et fut affermie encore par le romantisme et, surtout, le symbolisme, à sa suite. Le "poète maudit" -- expression qu'inventa Verlaine et qui fit florès -- est maudit socialement certes, mais plus encore métaphysiquement. Rappelons-nous Baudelaire : la mère vient d'enfanter d'un poète, apparu "en ce monde ennuyé" par (rien de moins) "un décret des puissances suprêmes". La mère alors "crispe ses poings vers Dieu qui la prend en pitié". Et que dit-elle : "Maudite soit la nuit aux plaisirs éphémères / Où mon ventre a conçu mon expiation". Rimbaud inventera, lui, les "horribles travailleurs". Si le XXe siècle est un peu revenu là-dessus, l'imaginaire collectif reste très empreint de la malédiction accolée à l'état de poète. Pour tous, c'est, étymologiquement, un missionnaire.

Écrit par : Jacques Layani | mardi, 03 janvier 2006

Jacques : « Le poète s’agite, s’inquiète, frémit, perçoit et, inévitablement, proclame une vérité. Il parle au nom de tous ; c’est son rôle social, c’est son unique raison d’être. »

C'est vrai, si c'est un vrai poète. Mais, comme il existe des faux prophètes, il y a des faux poètes. Et il est difficile de séparer le bon grain de l'ivraie : on se fait souvent avoir.

Écrit par : Stéphane De Becker | mardi, 03 janvier 2006

Attention, ce n'est pas moi qui ai écrit ces mots. La citation est de Le Corbusier, comme l'indique la dernière phrase de la note.

Écrit par : Jacques Layani | mardi, 03 janvier 2006

Le paradoxe de l'écrivain (et du poète en particulier) est qu'il est de nature inquiète et torturée (sans quoi il ne "sentirait" rien) mais qu'il parvient à percevoir l'harmonie du monde (ou à créer des mondes imaginaires harmonieux)

Ceci est peut-être moins vrai pour le roman, qui peut, à la limite, se réduire à une histoire. Cela expliquerait pourquoi, Jacques, tu te méfies du roman (c'est un euphémisme).

Écrit par : Feuilly | mercredi, 04 janvier 2006

"Ceci est peut-être moins vrai pour le roman, qui peut, à la limite, se réduire à une histoire" : il ne se réduit pratiquement plus qu'à ça, aujourd'hui. Mais nous n'allons pas relancer le débat, une fois encore (quoique...)

A propos, je signale que la nouvelle fournée de six cents romans, celle de janvier, a déjà commencé. Les premiers titres sont déjà en vente.

Écrit par : Jacques Layani | mercredi, 04 janvier 2006

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