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mercredi, 21 décembre 2005

À vos souhaits

À Paris où l’on est aimable – chacun le sait depuis (au moins) Villon, « il n’est bon bec que de Paris » – on souhaite les meilleures choses à son prochain. C’est, tout au long du jour, un festival de « Bon courage », « Bonne chance », « Bonne journée », « Bon après-midi », « Bonne soirée », « Bon week end », « Bon retour ».

 

Quand l’Éducation nationale me nomma en banlieue parisienne, il y a mille ans au moins, je fus frappé, installant mes pénates, de la quantité de « Bon courage » que se disaient les gens autour de moi. Diable, la vie était-elle donc si difficile en ces lieux, la moindre tâche paraissait-elle si insurmontable à qui devait l’accomplir qu’elle nécessitât de si conséquents encouragements ? Je compris rapidement que le souhait n’avait aucune réalité, relevant la plupart du temps du tic de langage, à tout le moins de la considération routinière.

 

Ce qui continue de m’étonner, c’est le nombre de fois où l’on s’entend dire « Bonne journée ». Peut-être le souhait en question est-il formulé si machinalement qu’on se demande si son auteur prête seulement attention à ce qu’il dit. Par ailleurs, l’accélération grotesque de la vie urbaine conduit à des excès dont on ne relève même pas le ridicule. L’an dernier je crois, j’ai cru mourir d’un grand rire intérieur en entendant préciser : « Bonne fin de journée »… à neuf heures du matin.

 

Le comble est atteint depuis quelques années. La manie technocratique qui consiste à découper la journée en fractions de fractions – manie singulièrement colportée par les malfaiteurs langagiers qui sévissent dans l’audiovisuel : première partie de soirée (en français : prime time), deuxième partie de soirée – s’est répandue partout. J’ai entendu dire : « On verra ça en deuxième partie d’après-midi » sans savoir précisément ce que cela pouvait bien signifier. En fait, c’était après seize heures. S’agissait-il d’une survivance de l’heure, inscrite en notre tréfonds, du goûter ?

 

Dans le même ordre d’idées, on commence maintenant à se souhaiter un bon week end le vendredi matin. Ce n’est pas grave : personne n’y croit.

10:40 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (18)

Commentaires

Mais oui, tout ça est ridicule ! Tout le monde sait bien que le plus important, c'est la santé ! C'est vrai : tant que la santé va, tout va. Hein ? La santé surtout...

Bien la bonne année Jacques, et bien la santé !

Écrit par : Jul | mercredi, 21 décembre 2005

Jul, auriez-vous anticipé les libations habituelles de cette période ?

Écrit par : Jacques Layani | mercredi, 21 décembre 2005

Euh oui, c'est possible. Elles font partie aussi des choses qui m'insupportent. L'avantage c'est qu'elles ne durent qu'un mois. Et le problème c'est que pendant ce mois d'amour et de partage, les gens continuent à dire bonjour et à souhaiter le quotidien.

Bonjour bonne année bonne santé bonne fin d'après-midi -la santé surtout- bon week-end.

Mais, j'ai entendu pire que vous, arrivé au dessert : "bonne fin d'appetit". La grande classe.

Écrit par : Jul | mercredi, 21 décembre 2005

Non ? "Bonne fin d'appétit" ? Sans rire ? C'est la meilleure, celle-là.

Écrit par : Jacques Layani | mercredi, 21 décembre 2005

Et le pire, c'est quand de bon matin, en croisant le gardien de mon immeuble, je lui dis d'un sérieux imperturbable "bonsoir"... et après une dizaine de mètre hors de l'immeuble, je réalise qu'il est tôt le matin et que je pars travailler.
Argh.

Écrit par : Fanny | mercredi, 21 décembre 2005

L'autre jour, Fanny nous entretenait des décorations disposées par le gardien dans le hall de l'immeuble. Aujourd'hui, elle rapporte les propos qu'elle lui adresse le matin.

Un gage pour Fanny. Chacun de ses commentaires (jusqu'au 8 janvier 2006) devra désormais comporter une allusion au gardien -- et pas gratuite, hein !

Écrit par : Jacques Layani | mercredi, 21 décembre 2005

Chiche ?

Écrit par : Fanny | mercredi, 21 décembre 2005

Chiche, bien sûr. Mais ce sera naturellement en plus. En plus du sérieux que tu devras apporter à ton commentaire, le gage ne te dispensant en rien de ton obligation de compétence.

Écrit par : Jacques Layani | mercredi, 21 décembre 2005

Bon solstice !
Joyeux dernier tiers du mois de décembre !
Bon début d'hiver !
etc.

Tu vois, Jacques, je ne te souhaite que du bien...

Écrit par : Guillaume Cingal | mercredi, 21 décembre 2005

C'est marrant, depuis quelques jours les commentaires sont presque toujours hors-sujet. Je n'ai certes pas à vous dicter ce que vous devez écrire et vos réactions me font plaisir. Mais ici, je voulais parler de faits de langue et de perception du temps, surtout. Pas de souhaits (le titre étant évidemment ironique).

Écrit par : Jacques Layani | mercredi, 21 décembre 2005

Je pensais (naïvement?) que mes trois inventions farfelues répondaient à tes interrogations (légitimes) sur les dérives linguistiques liées au concept même de ne-pas-pouvoir-se-taire-au-moment-de-quitter-quelqu'un.

Écrit par : Guillaume | jeudi, 22 décembre 2005

C'est vrai, mais ce qui me turlupine, c'est cette question de découpage du temps, un découpage curieux.

Écrit par : Jacques Layani | jeudi, 22 décembre 2005

Le temps est subjectif, par essence. Voilà pourquoi certains vous souhaite une bonne soirée à 4H de l'après-midi: mentalement, ils ont déjà quitté leur bureau.

Écrit par : Feuilly | jeudi, 22 décembre 2005

Ma buraliste dit « bonsoir » pour « bonne journée », même à sept heures du matin. C'est son habitude, je ne crois pas qu'elle soit la seule à parler ainsi.

Écrit par : Dominique | jeudi, 22 décembre 2005

"Certains vous souhaitent" et non "vous souhaite". Il n'y a pas que dans les tournures relatives au temps que l'on rencontre des erreurs...

Écrit par : Feuilly | vendredi, 23 décembre 2005

Si j'en crois Renaud Camus, il ne faudrait pas dire "bon appétit", pas plus que "bonjour messieurs-dames", expressions petite-bourgeoises.

http://perso.wanadoo.fr/renaud.camus/vaisseaux/961.html

Par ailleurs, il faudrait dire "quatre heure de l'après-midi" à la place de "16 heures".

A ce sujet, je vous recommande son "Répertoire des délicatesses du français contemporain".

Écrit par : Sébastien | vendredi, 23 décembre 2005

"Bonsoir" pour "Bonne journée" ne m'étonne pas, Dominique. Je l'ai déjà entendu, c'est une tournure peu fréquente mais cependant usitée sous toutes les latitudes (enfin, les nôtres). Elle est moins étonnante -- il me semble -- que "Bonne fin de journée" à neuf heures du matin.

Si "Bonne fin de journée" à neuf heures du matin est du temps subjectif, Feuilly, je veux bien -- mais quelle subjectivité, alors !

Sébastien, je prends le temps de consulter le lien que vous indiquez.

Écrit par : Jacques Layani | vendredi, 23 décembre 2005

Et hier dans le train ( parce que depuis votre sujet je tends l'oreille ), j'ai entendu un contrôleur dire "bonne fin d'année". Ca m'a paru ridicule, je ne sais pas si ça l'est vraiment, mais bon je le signale.

Écrit par : Jul | samedi, 31 décembre 2005

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