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mardi, 20 décembre 2005

La collection « Passion »

La collection « Passion » que publie Textuel est élégante et très intéressante. Ce sont de grands livres au format 28 x 25, 5 cm, illustrés (environ trois-cent cinquante images par volume) contenant des biographies simples, relativement peu fouillées (pas réellement scientifiques) mais toujours honnêtes – et surtout présentées selon un éclairage particulier, l’auteur mettant l’accent sur des points bien définis, en général annoncés par le sous-titre. Cette optique fait qu’on peut lire ces textes même si l’on connaît très bien le sujet ; on découvrira forcément quelque chose.


 

Une des originalités de cette série est que les illustrations sont de deux sortes : « directes » – en rapport avec le sujet – et  « indirectes » – images d’ambiance recréant un contexte. Le texte renvoie à toutes, systématiquement, si bien que rien n’est gratuit (encore une de mes obsessions : éviter la gratuité du propos).


 

 

 

Une autre particularité : ces livres en noir et blanc paraissent être en couleurs. Rêve visuel à l’explication fort aisée. Les maquettistes, très talentueux, choisissent pour chaque sujet une dominante colorée et une seconde couleur de contrepoint. Ces deux teintes sont utilisées en surimpression de certains documents en noir et blanc, mais pas de tous. Le résultat est que les images sont parfois en noir et blanc, d’autres fois en bichromie (couleur choisie et noir). Les titres sont aussi imprimés dans la dominante. Si bien que le lecteur a vraiment le sentiment de lire un livre… en quadrichromie. Le papier légèrement teinté ajoute aussi, évitant l’indécente blancheur artificielle et usante pour les yeux, à cette impression.

 

Le choix des sujets s’effectue dans plusieurs domaines. Des musiciens (Bach), des personnages historiques (Napoléon, de Gaulle), des artistes (Piaf, Ferré), des poètes (Rimbaud, Baudelaire, Hugo, Apollinaire), des architectes (Le Corbusier), des écrivains (Sartre, Simenon, Colette)… Il est vrai que c’est sans risque mais l’originalité, précisément, tient dans l’optique de l’auteur, comme il a été dit au début.

 

Cependant, tout n’est pas parfait. J’ai attendu longtemps le volume consacré à Apollinaire et, l’ayant feuilleté, je ne l’ai pas acheté, un peu déçu. Les documents d’ambiance ne valent qu’en complément de ceux, plus « directs ». S’agissant d’Apollinaire, je connaissais déjà toutes les images « directes », le reste alors n’avait plus le même intérêt. C’est que l’entreprise a ses limites iconographiques : on ne peut pas inventer des documents qui n’existent pas.

 

J’écris cette note d’autant plus librement que les éditions Textuel m’ont joué, il ya deux ans et demi, un très sale tour, si bien que je ne les porte pas dans mon cœur. J’ai donc un réel plaisir à présenter, avec beaucoup d’indépendance, cette collection. Je le fais sans intérêt personnel aucun, faut-il le préciser ? Malheureusement, ces livres coûtent cher : quarante-neuf euros.

10:25 Publié dans Édition | Lien permanent | Commentaires (3)

Commentaires

La double lecture s’impose.
Souvent, un poème a un sens et on découvre une connotation érotique discrète si on lit entre les lignes. Ici, cette dernière est tellement visible que Pichois n’en a même pas parlé. C’est l’autre connotation qui se montre plus discrète, mais elle est là et est indispensable.

Il y a tout de même bien cette idée de violence qui est partout (châtier, meurtrir, faire une blessure, etc.) et qui est le fait de l’amant potentiel, qui par ailleurs vient « ramper comme un lâche » aux pieds de la belle. Cette soumission dans laquelle le désir l’a plongé, il la renverse par un désir de meurtre. L’étonnement de la dame (« ton flanc étonné ») marque bien qu’elle ne s’attendait pas à une telle agressivité de la part d’un soupirant sur qui sa beauté exerçait tout pouvoir.

On est ici dans un acte de vengeance. Il faut soumettre physiquement celle qui vous avait soumis psychiquement. Le tout est ambigu, car le plaisir pur est là aussi (« heure des voluptés, vertigineuse douceur »), mais il est renforcé par cette violence du mâle qui vient saccager ce qu’il adore. De ce sadisme, naît aussi le plaisir, non seulement pour l’amant mais aussi pour l’amante. Si sa chair était par nature joyeuse, une fois soumise à son bourreau elle connaîtra de nouvelles extases («lèvres nouvelles plus éclatantes et plus belles») . Le pardon est au bout de la nuit d’amour (« ton sein pardonné ») et une nouvelle complicité peut naître (« ma soeur »), laquelle repose sur un inceste tout aussi ambigu que le sadisme.

Le plaisir du lecteur (car il a le sien aussi) provient précisément de ces zones troubles, de cette complexité.

Une fois atteinte par la venin, la belle va-t-elle mourir, atteindra-t-elle les zones de désespoir du poète ou ce venin est-il le plus doux qui soit ?

Écrit par : Feuilly | vendredi, 27 janvier 2006

Le commentaire ci-dessus se rapporte à la note "Mélanc-au lit" et a été placé ici par erreur.

Écrit par : Jacques Layani | vendredi, 27 janvier 2006

Ce commentaire-ci ne se rapporte ni aux deux précédents, ni à aucune des deux notes en question, et a été placé ici par un lusus naturae ambulant.

Écrit par : Guillaume | vendredi, 27 janvier 2006

Les commentaires sont fermés.