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mercredi, 09 novembre 2005

La colère

Depuis plusieurs jours, je retarde la rédaction d’une note sur les événements actuels, afin de raison garder et de tenter d’écrire quelque chose de juste, à tout le moins de réfléchi. Je vais essayer de dire point par point ce que j’en pense, car ce qui s’écrit ici et là dans la blogosphère de droite et d’extrême-droite me fait dresser les cheveux sur la tête. Je ne prétends pas détenir la vérité, moins encore de solution. Ce qui se passe me terrifie et me remplit d’angoisse et d’horreur. Et pourtant, c’est notre devoir d’hommes libres et raisonnables de réfléchir.

 

La terminologie. Quoiqu’on puisse en dire et en écrire, il ne s’agit évidemment pas de casseurs. Il y a en ce moment des émeutes pures et simples. Une émeute, toute l’histoire le prouve, a toujours un fondement social et politique au sens large. Ce que ces émeutiers nous crient, c’est le refus et le désespoir. Ils le crient à leur manière, que je ne cautionne pas.

 

L’état d’urgence. Bien qu’on parle de couvre-feu presqu’uniquement, il s’agit de la loi de 1955 sur l’état d’urgence. Cette loi a été votée lors de ce que l’on n’appelait pas encore la guerre d’Algérie. Elle instaure entre autres le couvre-feu. C’est une loi qui est entrée en vigueur lorsque j’avais trois ans et que j’ai personnellement déjà connue, à Alger. Les choses de l’enfance sont ancrées si profondément en nous, vous le savez bien, qu’elles nous paraissent être la nature elle-même. Oserai-je l’écrire, le couvre-feu, pour moi, c’est (presque) naturel. Cela s’appelle un traumatisme, je crois. Tout cela pour dire que je ne suis pas particulièrement apeuré par cette loi et que je me demande cependant : l’état d’urgence est-il la bonne réponse ? Je ne le pense pas. Je ne vois pas ce que l’on pourra légalement faire si les émeutes continuent malgré le couvre-feu. Gronder les émeutiers : « Vous êtes dans l’illégalité » ? Ils le sont déjà, ce me semble.

 

L’assimilation à l’Islam. Il est trop facile d’assimiler des gamins désespérés (que je ne cautionne ni n’excuse, le dirai-je jamais assez), sans revendication autre qu’un désespoir hurlé d’une certaine manière, sans mot d’ordre et sans coordination, aux islamistes. Gardons-nous de cela. Il paraîtrait que des « Allah akbar » ont été criés. D’abord, nous n’y étions pas, et puis qu’est-ce que cela prouverait ? On peut vraiment crier n’importe quoi, sans parler de provocateurs très possibles…

 

L’attitude de la police. Je ne peux pas m’empêcher de penser que les CRS, il y a deux ans, étaient capables de courir après les manifestants au moment de l’affaire des retraites, y compris dans le hall de l’Opéra, pour taper à trois sur une femme à terre. Ils sont moins flambants aujourd’hui, semble-t-il. Au-delà de ce mauvais esprit, je remarque qu’on n’utilise pas les moyens qui, d’habitude, sont mis en œuvre contre de simples manifestants, du genre canon à eau. Quand, après 1968, le sieur Marcellin, ministre de l’Intérieur persuadé qu’il y avait un complot contre la France, interdisait les manifestations que nous faisions quand même, on usait parfois du canon à eau. Il est impossible de ne pas battre en retraite devant ça, sans parler du fait que l’eau calme les ardeurs guerrières, surtout à haute pression. Sans faire de victimes. Et puisqu’on évoque l’Algérie à propos de la loi de 1955, je m’étonne d’une chose. La presse nous dit qu’il est difficile de prouver l’implication des personnes arrêtées dans les incendies et les bagarres. En Algérie, justement, il y avait un système : le bleu de méthylène ou le mercurochrome dont on aspergeait les manifestants. Sinon indélébile, du moins fort long à disparaître. Ça vaut bien les traces d’essence sur les vêtements… Je dis cela très tristement, qu’on n’aille pas imaginer que je suis favorable au marquage. Je désire seulement montrer l’absurdité de ce qui nous est raconté. Ce qui m’amène tout droit au

 

Rôle des journalistes. En 1972, Le Pen totalisait 0, 4 % des voix. Trente ans plus tard, il était présent au second tour de l’élection présidentielle. Il a été fabriqué par le retentissement médiatique (je note d’ailleurs qu’il ferme obstinément sa gueule depuis le début des nuits folles). Ici aussi, je tiens que la « contagion » a été le fait de la presse et, surtout, de la télévision. On a interviewé des gamins (en changeant les noms) dans la presse écrite, on a vu l’un d’entre eux au journal télévisé. Il ne faudra pas s’étonner. Quant aux images d’incendies et de bagarres nocturnes sur fond de hauts immeubles, elles sont absolument interchangeables et je suis sûr qu’on pourrait – je ne dis pas que cela a été fait – présenter telle nuit à tel endroit pour telle autre nuit à tel autre endroit, le lendemain. Je n’ai aucune confiance en l’information qui nous est donnée.

 

Sarkozy. Ce monsieur qui n’a pas toute mon estime (litote) a certainement commis des erreurs dans la façon dont il s’est exprimé tous ces derniers temps. Ce n’est pas une raison pour le tenir pour seul responsable d’accumulations de bêtises effectuées depuis trente ans par tous les gouvernements du moment. Cela dit, il est visible qu’on le laisse actuellement en première ligne, afin de le perdre politiquement. Si, politiquement toujours, il disparaissait à la suite de cette histoire horrible, ce serait parfait. Mais cela ne réglerait absolument rien. Et j’en viens à me demander – peut-être suis-je un peu parano, mais j’en ai vu d’autres – si tout cela n’a pas été délibérément orchestré pour lui coûter sa carrière politique. Encore une fois, je ne souffrirais nullement de sa disparition de la scène publique, mais une manipulation de ce genre révèlerait un cynisme criminel. Je ne nomme personne, mais mon regard (air connu)…

 

Les morts. Oui, il y a eu des morts et j’espère de tout cœur qu’il n’y en aura pas d’autres. Il faudrait cependant – je rappelle que nous vivons dans un État de droit – ne pas confondre des personnes détruisant des biens ou des édifices publics avec les quelques uns qui, en un instant, sont devenus des meurtriers et qu’il faudra donc juger comme tels. L’opinion publique aujourd’hui mélange tout cela. Encore pourrons-nous nous estimer heureux si les pillages et les viols ne suivent pas. En temps d’émeutes, c’est chose courante.

 

Ces événements me bouleversent et c’est ce bouleversement même qui a causé mon silence de plusieurs jours sur ce point. Je rappelle que ma fille, professeur à Bobigny, a dans ses classes ces enfants-là, ou leurs frères, leurs cousins, leurs amis. C’est dire si je m’inquiète, à titre personnel aussi, de ce qui se passe. Fanny, sans doute, interviendra dans ce débat.

12:35 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (23)

Commentaires

Je suis certainement plus sévère avec les émeutiers, qui ont pris pour cible principale plus pauvres qu'eux (à qui appartiennent les voitures incendiées?), mais sinon, ta note est d'une grande sobriété, d'une grande justesse, et d'une vraie profondeur analytique.

Écrit par : Guillaume | mercredi, 09 novembre 2005

Ignacio Ramonet est actuellement de passage à Montréal. À la radio de la SRC, il a été invité à se prononcer sur les récents événements relatifs aux banlieues.

De ses propos, j'ai retenu quelques unes de ses observations:
1- la négligence des différents gouvernements sur la question de l'intégration des dernières générations d'immigrés: "On ne pourra plus faire semblant que le problème d'intégration n'existe pas";
2- révolte d'une "nouvelle catégorie sociale", qui se distingue par "une révolte pour la révolte" (pas de slogans, pas de messages explicites sur les causes de ce malaise, seulement un mot d'ordre se réduisant à "l'auto-destruction"), en ce sens qu'elle est différente des traditionnelles manifestations ouvrières où il était alors question de revendications de classe.

Ramonet, qui lui-même vit en banlieue, croit que la République ne sait pas comment réagir devant une révolte à "dimension ethnique", une protestation "de gens discriminés et mal intégrés".

Peut-être, je l'espère, ce résumé des propos de Ramonet aura son utilité dans cette note. Du moins, je l'espère.

Écrit par : ski-doo | mercredi, 09 novembre 2005

Intéressant, mais enfin, on se doute que Ramonet va saisir l'occasion rêvée de condamner les gouvernements de la République. Il me semble que l'idée maîtresse, dans son intervention, est qu'il y aurait émeutes sans idéologie: oui, et cela s'appelle la délinquance, ou le crime.

Écrit par : Guillaume | mercredi, 09 novembre 2005

Mais la plupart des jeunes qui vivent dans les cités ne sont pas des immigrés ! Ce sont des enfants ou des petits-enfants d'immigrés, voire de rapatriés comme les fils de Harkis, mais ils sont nés pour une très grande partie en France et beaucoup sont Français ou pourront opter pour la nationalité française. D'ailleurs, peut-on appeler immigrés les Antillais ou les Réunionnais ? D'une certaine manière, ils s'expatrient eux aussi. Pourquoi parler d'immigrés alors que cette population rassemble en fait des Français et des étrangers ?

Écrit par : Dominique | mercredi, 09 novembre 2005

Merci Ski-Doo pour cette relation.

Dominique a raison quant à l'appellation donnée à ces jeunes. Merci d'avoir précisé les termes.

Guillaume écrit : "Il me semble que l'idée maîtresse, dans son intervention, est qu'il y aurait émeutes sans idéologie : oui, et cela s'appelle la délinquance, ou le crime". Eh non, justement, pas cette fois. Ce schéma-là ne fonctionne pas dans ce cas précis. Ce que nous vivons actuellement est un cas nouveau qui ne disparaîtra pas de sitôt, je crois. C'est bien pour ça que je me dis bouleversé et plein d'angoisse.

Écrit par : Jacques Layani | mercredi, 09 novembre 2005

Faudrait demander à Ramonet, qui n'est quand même pas un ignorant, pourquoi il a parlé d'eux, les jeunes révoltés, comme des "enfants de familles d'immigrés"... Peut-être est-ce justement un reflet d'une réelle discrimination. On peut être un citoyen reçu sur papier et ne pas le vivre dans la réalité. Par ailleurs, cela n'excuse pas les actes de vandalisme, bien évidemment!

Écrit par : ski-doo | mercredi, 09 novembre 2005

Il y a eu 1 350 personnes arrêtées, parmi celles-ci il y a 120 étrangers expulsables. Cela montre que le terme immigré est une sorte d'abus, mais cet abus existe aussi chez les populations de banlieue : posséder la carte d'identité ne suffit pas pour obtenir un emploi ou pour être reconnu comme un citoyen honnête par la police. Il y a un triple marquage social : l'âge (la France a le record du chômage des moins de 25 ans), le lieu de résidence (les 40 % de chômeurs officiels d'Aulnay sont aussi des Français de souche, fort blancs), le faciès ou le nom (voir l'enquête récente du Monde sur l'intégration des minorités ethniques dans l'armée où des militaires en traitent d'autres de « racaille », ou bien les « testings » de SOS-Racisme à propos de la première agence immobilière française toujours récemment). De là, des jeunes Français diplômés, honnêtes et compétents peuvent se sentir rejetés dans la catégorie des immigrés, laquelle est associée à délinquants par une certaine idéologie qui parle toujours de combattre les clandestins (pour ne pas dire en fait les Arabes, les Turcs et les Noirs).

Écrit par : Dominique | mercredi, 09 novembre 2005

Je m'exprimerai plus longuement ici quand j'aurai le temps de passer plus que trente secondes devant mon écran.
Mais dans l'immédiat, voici du grain à moudre... à défaut de broyer du noir (sans mauvais jeu de mots).


M. Sarkozy demande l'expulsion des étrangers impliqués dans les violences urbaines
LEMONDE.FR | 09.11.05 | 16h36 • Mis à jour le 09.11.05 | 17h00


Le ministre de l'intérieur, Nicolas Sarkozy, a demandé aux préfets d'expulser tous les étrangers condamnés dans le cadre des violences urbaines des treize dernières nuits, "y compris" les titulaires d'un titre de séjour, a-t-il annoncé, mercredi 9 novembre, à l'Assemblée nationale.

"J'ai demandé aux préfets que les étrangers, qui sont en situation régulière ou irrégulière, qui ont fait l'objet d'une condamnation, soient expulsés sans délai de notre territoire, y compris ceux qui ont un titre de séjour", a-t-il précisé."Quand on a l'honneur d'avoir un titre de séjour, le moins que l'on puisse dire c'est que l'on n'a pas à se faire arrêter en train de provoquer des violences urbaines", a ajouté le ministre.
Cent vingt étrangers, pas tous en situation irrégulière, ont été condamnés à ce titre, a précisé le ministre de l'intérieur lors des questions d'actualité à l'Assemblée nationale. Le ministre de l'intérieur a fait cette déclaration alors qu'il s'était prononcé pour l'abrogation de la double peine.

1 600 ENQUÊTES, 12 000 PERSONNES INTERPELLÉES

Nicolas Sarkozy s'est, par ailleurs, félicité d'un bilan "remarquable" des groupes d'intervention régionaux (GIR), créés il y a trois ans pour lutter notamment contre l'économie souterraine. Il s'est engagé à maintenir leurs actions dans les banlieues sensibles et a annoncé la création d'une "plate-forme d'identification des avoirs criminels".

Depuis trois ans, quelque 288 fonctionnaires et militaires des GIR ont conduit 1 600 enquêtes qui ont permis l'interpellation de 12 000 personnes avec 3 205 mises sous dépôts, selon le ministre.

"Que personne ne se trompe, l'action de sécurité dans nos quartiers n'est pas seulement une action qui est liée aux violences urbaines. C'est une action déterminée qui s'installera le temps qu'il faut pour que les habitants des quartiers et des banlieues aient le droit à la même sécurité que tous les autres Français", a lancé Nicolas Sarkozy. Les GIR ont permis, a-t-il dit, la saisie de 27 millions d'euros, de 1 500 armes, de cinq tonnes de cannabis, de 100 kg de cocane, de 1 300 véhicules achetés avec l'argent de la drogue et des trafics. "Ces affaires ne seraient pas sorties s'il n'y avait pas eu les GIR qui ne sont pas un service de police judiciaire comme les autres", a souligné le ministre.

Il a ajouté que 60 enquêtes étaient en cours "aujourd'hui même" dans un certain nombre de quartiers "pour démanteler" l'économie souterraine. "Neuf viennent d'aboutir avec 18 interpellations. Dans les heures qui viennent, plusieurs dizaines d'autres vont sortir avec des interpellations."

Avec AFP et Reuters

Écrit par : Fanny | mercredi, 09 novembre 2005

Il faut noter que l'agité du bocal a, dans sa précipitation, parlé de 120 étrangers condamnés alors qu'il s'agit de 120 étrangers interpellés.

Écrit par : Dominique | mercredi, 09 novembre 2005

Transmis par un ami :


>Comparution immédiates du 07 11 à bobigny
>
>J’ai assisté aux audiences d’une chambre sur 3 et jusqu’à 18h alors
>qu’elles vont se poursuivre tard dans la soirée (il restait 10 dossiers
>pour cette seule chambre) le compte-rendu est donc à compléter !
>
>Le procureur a systématiquement demandé du ferme avec maintient en
>détention, il réclamait ouvertement des exemples : « il est important
>que les prévenus et les personnes présentes dans la salle comprennent
>qu’il s’agit de faits graves et que le législateur a prévu des peines
>lourdes… ». A plusieurs reprises (et pas seulement dans cette chambre
>semble-t-il) le seul fait de s’être trouvé dans la rue était utilisé
>comme élément à charge des prévenus. La dénonciation anonyme valait pour
>preuve, toujours selon le procureur, dans ce département où « la
>population craint les represailles ». La fermeté exigée par Clément
>était donc au rendez-vous :
>
>- 6 mois avec sursis pour un lycéen interpellé à Montreuil qui a avoué
>avoir lancé une pierre sur un motard après avoir été aspergé de lacrimo
>alors qu’il rentrait chez lui. Il était bien amoché : nez cassé et bleus
>au visage.
>- 2 mois fermes pour avoir prétendumment retourné une voiture toujours à
>Montreuil pour un étudiant. Il a été pris dans la fuite générale à
>l’arrivée des flics avec un mineur qui a avoué, l’aveu est donc contagieux.
>- Un jeune homme arrêté en bas de chez lui au Blanc-Mesnil pour avoir
>prétendumment caillassé les camions d’une entreprise installée dans la
>rue a été maintenu en détention. Le report ne lui était pas imputable
>c’est le tribunal qui n’avait pas réussi à vérifier son état civil mais
>rien n’y a fait malgré la présence de sa famille. En plus il nie les
>faits et les témoignages des employés de l’entreprise en question sont
>contradictoires, plusieurs d’entre eux ne l’ayant pas reconnu lors de la
>confrontation.
>- 4 mois fermes pour avoir prétendumment incendié une poubelle à Pantin.
>- Un jeune homme est formellement identifié par les policiers en
>patrouille pour avoir lancé une bouteille sur leur vehicule brisant la
>vitre conducteur, selon leur propre procès verbal, cela se passait à
>18h. Deux heures plus tard ils choppent le jeune homme en question et
>l’embarquent. Là selon leur dires le comico aurait été cerné par ses
>amis ce qui aurait provoqué une bagarre à l’intérieur avec bris d’une
>vitre. Il se trouve que ce jeune homme travaillait à 18h selon le
>témoignage de son employeur et que l’attaque du comico c’est 2 potes qui
>lui ont amené un sandwich ! Il est relaxé pour le jet de bouteille mais
>prend 1 mois ferme pour la vitre.
>- A Villemomble les policiers toujours aussi nictalopes (cherchez pas la
>contrepétrie, j’ai pas envie de rire) identifient un jeune homme à
>capuche en pleine nuit alors qu’il leur lance une pierre qui ne les
>atteint pas (ils devaient être vraiment loin). Ils ripostent au flash
>ball à 2 reprises quand même pour venger le trottoir et vont chercher le
>jeune homme chez lui au réveil. Il se trouve qu’il est traité pour une
>luxation de l’épaule mais qu’importe : 3 mois dont 2 avec sursis.
>L’aggravante majeure, proc et juge l’ont répété, c’est de ne pas avoir
>voulu donner le nom du pote chez qui il a passé la soirée.
>- Le dernier était d’Aulnay, il avait l’étrange habitude d’avoir dans le
>coffre de sa clio (voiture peu commune, vous en conviendrez avec le
>juge) : un torchon (oulàlà !!), un bidon vide en cas de panne d’essence
>(je vous jure, ils en ont parlé pendant une heure !), un autre bidon (je
>cite le pv des flics) « à moitié plein d’un liquide bleu et qui portait
>l’inscription ‘liquide de refroidissement’ », et encore un (vraiment,
>quel abus) avec un « liquide incolore et inodore kon n’a pas pu
>identifier », toujours selon le pv qui a du être rédigé par un flic qui
>met pas beaucoup d’eau dans son pastis ! Bref, tout ça confirmait selon
>les enquêteurs le témoignage anonyme faisant état d’une clio qui vendait
>de l’essence aux jeunes du coin… Tout ça sans rire ! Il a quand même été
>relaxé.
>
>
>Sinon j’ai glané dans les couloirs :
>- un jeune interpellé dans une rue où un peu plus tôt des molotov ont
>été lancés. Il déclare qu’il passe par là et n’y était pas au moment des
>faits. Il n’a pas de trace d’essence sur les mains ou les vêtements,
>juste sous les semelles comme ce doit être le cas des flics qui
>l’interpellent puisqu’il y en a plein la rue : 10 mois dont 6 avec
>sursis. Et évacuation de la salle trop réactive au goût du président,
>tenez-vous le pour dit.
>- A Montreuil un jeune homme est interpellé chez ses parents tôt le
>matin, il aurait retourné une voiture la nuit précédente. Ses frères
>ainés veulent qu’il prenne un pull pour ne pas avoir froid : la main
>fracassée et 3 semaines d’ITT pour l’un, 4 jours pour le second, outrage
>et rébéllion pour tout le monde ! Finalement, après quelques heures de
>garde à vue, le premier est blanchi : c’est pas lui qui a retourné la
>voiture ! Le papa peut récuperer deux de ses fils qui sont quand même
>convoqués pour l’outrage, celui qui est le plus amoché reste au dépôt et
>ne me demandez pas pourquoi. Ils devaient passer aujourd’hui à 13h30.
>Mais la police nationale n’avait pas dit son dernier mot et voilà que ce
>matin les flics - de bobigny cette fois - viennent rechercher le premier
>fils pour une nouvelle voiture qu’il aurait cramé en sortant du dépôt
>(au même moment où son père le ramenait à la maison). Voilà le topo,
>j’ai flanché avant que l’affaire passe : l’avocate voulait demander un
>report, y aura peut être de l’info plus tard.



Entre ça et les propos de Sarkozy aujourd'hui, ils voudraient faire exprès de remettre le feu aux poudres alors que ça se calme un peu qu'ils ne s'y prendraient pas autrement.

J'ai discuté ce soir avec avocat au bareau de Paris, condisciple d'agapes musicales. Ce ne sont pas des rumeurs, mais des abus réels. Trois chambres spéciales ont d'ailleurs été ouvertes à Bobigny pour faire passer les mômes en comparutions immédiates.

Quelqu'un de plus calé en droit que moi (pas difficile) pourra sans doute réponse : il me semble que dans ces cas-là, avec comparution immédiate, l'appel n'est pas suspensif. Autrement dit, pour un môme qui prend deux mois, il les aura purgés de toutes façons avant même que son dossier passe en appel, c'est ça ?

Et on ose encore parler de République ?
Et je retourne l'air de rien faire cours à Bobigny demain ?

(Je précise que je n'excuse en rien les violences. Mais que je ne peux que les comprendre, et tous mes collègues de ZEP de Seine-Saint-Denis pourront confirmer qu'on sentait la marmite bouillir très fort depuis plusieurs mois.

Écrit par : Fanny | jeudi, 10 novembre 2005

J'attendais cette note depuis plusieurs jours et j'ai failli envoyer des courriels privés à Jacques à différentes reprises. Pour finalement respecter son silence, que je devinais plein d'émotion.

En un mot, je dirai que j'ai été passablement horrifié par tout ce que j'ai lu sur Internet dans les milieux de droite (qui finalement frisent l'extrême droite). Si manipulation il y a eu, je ne sais pas de quel côté elle se trouve.

Quand j'étais plus jeune, les gens autour de moi voyaient l'influence de Moscou partout. Peut-être avaient-ils raison, finalement. Aujourd'hui il ne viendrait pas à l'idée de ces mêmes personnes qui réclament l'intervention de l'armée, l'expulsion et la peine de mort, que la révolte spontanée de ces jeunes (ô combien condamnable par ailleurs et ô combien dommageable pour eux et pour leur ethnie) aurait bien pu profiter à certains. Et pas aux islamistes comme ils ont l'air de le croire.

Le silence et l'attitude passive du gouvernement pendant 9 jours a de quoi surprendre. Voulait-on couler Sarkozy? Celui-ci lassait-il les choses s'envenimer pour pouvoir mieux réprimer ensuite en se positionnant en libérateur? Espérait-il ainsi récupérer à son avantage les électeurs de l'extrême droite? Ou tout simplement est-il dépassé? Je l'ignore.

Ce qui est certain c'est que cette flambée de violence laissera des traces dans l'inconscient collectif. Aujourd'hui ce sont les immigrés qui se révoltent. Dans vingt ans, quand le système néo-libéral nous aura privé de tout (emploi, sécurité sociale, pension, chômage, etc.), il se pourrait bien que nous aussi nous nous mettions à nous révolter.

Tout ceci étant dit, et sans vouloir venir faire l'avocat du diable, je crois que la situation est encore plus complexe qu'on nous l'a dit. Entre le discours de droite (fermeté, expulsions, répression) et le discours de gauche (de pauvres malheureux incompris qui réclament des emplois), il faut sans doute trouver la vérité. Dire qu'il s'agit d'un simple geste de révolte me semble trop sommaire. Ces jeunes, en fait, sont déjà devenus des délinquants avant les faits. En disant cela je ne veux pas apporter de l'eau au moulin de Sarkozy, je veux simplement dire que la situation actuelle n'est pas un simple raz le bol, mais qu'elle émane de personnes qui au départ ont déjà un comportement déviant. Ainsi, leur attitude dans les salles de classes ne me semble pas normale. Il y a avait déjà une sorte d'amoralité, de violence gratuite, de mépris à laquelle il aurait fallu être attentif. Encore aurait-il fallu savoir pourquoi elle était présente. Et quand on commence à chercher des causes, on en trouve plein.

-l'incapacité des parents à imposer une autorité;
- les programmes scolaires volontairement revus à la baisse (afin de permettre tout de même un taux de réussite acceptable) et qui finalement ne permettent plus d'ascension sociale à ces jeunes (n'ayant rien appris, ils restent au niveau qui était le leur avant d'entrer à l'école).
- le mépris face aux populations étrangères, surtout magrébines;
-l'absence d'emploi;
l'absence de perspectives d'avenir et de tout changement;
- la délinquance juvénile;
-le phénomène des bandes (dans laquelle le jeune croit trouver une identité);

Et cette question finale, qui m'interpelle et à laquelle je n'ai pas de réponse. Pourquoi les filles, en général, s'en sortent mieux? Pourquoi obtiennent-elles un diplôme tandis que leurs frères deviennent des paumés?

Alors si en plus de tout cela vous avez un ministre qui vous insulte, cela n'arrange rien mais cela fait un beau motif pour déclencher des émeutes.

Celles-ci finiront bien par se calmer (mais pas vraiment). La cicatrice restera profonde. Le rejet des émigrés sera renforcé dans une large couche de la population, qui ne voudra pas comprendre pourquoi on en est arrivé là.

Sur le plan politique la gauche, par ailleurs bien désunie ces derniers temps, sera accusée pour son laxisme. Des mesures sécuritaires seront prises, qui feront plaisir à beaucoup. La rupture sera consommée entre les Français et leur population immigrée (laquelle est pourtant et irrémédiablement en grande partie française).

Ce débat a comme toile de fond la guerre des civilisations prônée par Bush (lequel doit se féliciter du bon tout jouer par les Arabes aux Français qui ont eu le tort de ne pas envahir l'Irak).

Enfin, cette question finale, qu’il faut poser. A partir d’un certain seuil d’immigration, l’assimilation n’est plus possible. Ou alors il ne fallait pas accepter ces étrangers sur notre sol, ou alors (soit qu’on les ait fait venir, soit qu’on les ait acceptés), s’ils venaient en nombre, il fallait accepter de changer soi-même. L’assimilation de la culture de l’autre se fait alors dans les deux sens. Ou bien nous aurons une guerre avec le monde arabe, ou bien leur démographie fera qu’ils s’implanteront dans nos pays et qu’ils en modifieront en partie la culture (un peu comme les peuples germaniques qui vinrent s’établir dans l’empire romain, ceci dit sans mépris aucun). Mais leur culture n’est évidemment pas de brûler des voitures. Ils sont beaucoup plus que cela. Malheureusement en agissant de la sorte ils ont dépassé les limites de l’acceptable. Cette révolte (en partie légitime et en partie compréhensible) aura encore bien des répercussions. Et il n’y a pas de solution à court terme.

Écrit par : Feuilly | jeudi, 10 novembre 2005

Merci à tous pour vos commentaires.

Fanny nous sert un beau témoignage, édifiant, de son ami. A suivre.

Feuilly, tu fais une belle synthèse, pleine du sens de l'humain qui est le tien. Une chose, seulement : tu parles de seuil, à la fin. Mot très dangereux : qui fixe le seuil et en fonction de quoi ? Quand va-t-on dire "assez" et pourquoi ? Il faut faire très attention à tous ces termes qui emportent avec eux une idée de quantité. Ils sont le péril même.

Écrit par : Jacques Layani | jeudi, 10 novembre 2005

Le seuil? Oui, terme dangereux en effet, impossible à définir sans à priori idéologique. Mais en fait il n'y a plus à se poser la question. Le seuil est déjà dépassé puisque l'intégration normale ne se fait pas.

Elle se serait peut-être faite si tous ces gens avaient été dispersés dans toute la France, y compris dans les campagnes. Comme on les retrouve principalement dans les grandes villes, parqués dans des ghettos, cela ne peut pas fonctionner. Ils sont exclus dès le départ. Soit parce qu'ils conservent la culture des gens de la première génération (mais dire cela aussi est dangereux. Ce serait ne les accepter qu'à la condition qu'ils soient comme nous) bien qu'ils soient nés en France, soit parce qu'ils sont tombés dans la petite délinquance (la moins grave en fait, mais celle que le citoyen remarque le plus car elle le concerne directement).

Donc, par mon idée du seuil je veux dire au contraire qu’il arrive un moment où c’est à nous d’accepter cette différence si on ne veut pas rentrer dans un conflit permanent. A partir du moment où ces gens conserveront un regard sur le monde différent du nôtre, plutôt que de les regarder avec méfiance (car toute leur violence vient de là et leur revendication peut se résumer à cette notion de regard que nous portons sur eux et qu’ils ne supportent pas parce qu’il les exclut), il serait préférable d’accepter cette différence et d’en faire une richesse. Autrement dit de faire nôtre une partie de leurs valeurs. Mais pas cette violence gratuite que l’on voit ces jours-ci bien entendu..

Après tout on s’américanise tous les jours un peu plus (jeux vidéos pour les jeunes, films, etc.) alors pourquoi être hermétiques à d’autres cultures ? La planète devient un village, il faudra bien évoluer.

Écrit par : Feuilly | jeudi, 10 novembre 2005

Oui, là, je te suis.

Écrit par : Jacques Layani | jeudi, 10 novembre 2005

Feuilly : Elle se serait peut-être faite si tous ces gens avaient été dispersés dans toute la France, y compris dans les campagnes.

Cette politique existe en Autriche : un organisme fédéral répartit les immigrés ou demandeurs d'asile à travers les Länder, puis ceux-ci les dispersent à leur tour dans les différentes communes.

Mais je rappellerai qu'il ne s'agit pas simplement d'une question de placement. Les grands ensembles ont été construits d'abord pour des exclus qui vivaient dans des logements insalubres, des immigrés venus de province (puis plus tard pour les rapatriés). Les populations d'origine de ces quartiers ont fui ensuite ces immeubles, puis ces quartiers, puis ces villes. Elles sont parties soit parce qu'elles avaient plus de moyens, soit parce qu'elles acceptaient mal la présence d'étrangers. La mixité sociale a disparu progressivement. Bien entendu, beaucoup de sociétés de HLM ont préféré jouer la carte ethnique afin de remplir les appartements ou tout simplement parce qu'elles n'avaient plus le choix.

Deuxième point : il a existé plusieurs vagues d'immigration. Les immigrés des années soixante se sont établis là où se trouvaient les entreprises qui les recrutaient (rappelons que Peugeot allait chercher les gens au bled). Ils ont vécu dans l'espoir du retour au bled. Ce mythe a fait qu'il n'y a pas eu de réflexion sur la place des immigrés d'origine non européenne, c'était juste des célibataires parqués dans des foyers. Ils étaient censés ne pas avoir d'enfants.

Quand une région entière comme la Lorraine ou le Nord se retrouve sinistrée économiquement les populations ouvrières sont souvent prisonnières de leur logement ! La fin des mines de potasse en Alsace a fixé dans certains quartiers des populations qui ne sont pas capables de partir et qui sont d'ailleurs refoulées des autres lieux d'habitation ou de travail.

Les immigrés des années suivantes (réfugiés ou issus du regroupement familial) se sont installés là où se trouvaient des logements sociaux et ceux-ci sont concentrés dans quelques endroits. Comme par hasard dans la banlieue rouge, la clientèle électorale était fixée : la ségrégation sociale a été entretenue aussi bien par la SFIO version clientéliste et le PCF que par les mairies de droite, cela arrangeait tout le monde.

Bien sûr, ce n'est pas vrai pour tous : les communautés turques et chinoises sont les plus mal intégrées en fait parce qu'elles se regroupent par village ou région d'origine dans des rues qu'elles achètent au fur et à mesure, mais ce sont aussi les communautés les plus discrètes et les plus fermées.

Quant à la présence de Noirs ou d'Arabes dans les campagnes, j'ai une petite expérience d'enseignement en milieu rural : eh bien ! je crois qu'il vaut mieux encore être un Noir à Paris ou dans une grande ville que dans un trou perdu de mon département.

Écrit par : Dominique | jeudi, 10 novembre 2005

Concernant la question "à qui profite le crime?", il ne faudrait pas oublier une donnée importante du problème: en temps d'émeutes, le "bizness", comme disent les mafieux des cités, continue de plus belle. En d'autres termes: pendant que les "petits frères", qui ne sont guère passibles de sanctions importantes, mobilisent les forces de police, les trafics en tous genres font florès. C'est une vieille règle bien connue de tous les gens qui ont travaillé en ZEP ou côtoyé les quartiers sensibles. En cela, les émeutes de ces derniers temps ne m'ont pas paru très novatrices: c'est une question de degré, mais non de nature.

En d'autres termes, des bandes organisées ont saisi le premier prétexte pour envenimer la situation, et de très nombreuses associations ou formations politiques, au demeurant bien intentionnées, leur ont emboîté le pas en parlant de "malaise social", etc., alors que les échauffourées de cette quinzaine relèvent purement et simplement de la criminalité.

Je ne sais pas s'il y a un complot des chiraquiens ou des sarkozystes, mais, à coup sûr, les caïds tirent les marrons du feu.

Écrit par : Guillaume | jeudi, 10 novembre 2005

Dominique fait un excellent historique de la situation.

Je ne sais pas très bien quelle est la condition des Noirs ou des Arabes en zone rurale. Mon Quercy d'adoption, terre d'accueil et de tolérance s'il en fut, a connu surtout l'arrivée d'Espagnols fuyant Franco à son arrivée et ensuite. Mais il est vrai qu'on y rencontre peu d'Africains ou de Maghrébins.

Sur la question des HLM. Mes parents, rapatriés d'Algérie en 1962, ont obtenu un HLM à Marseille en 1964, un autre, plus grand, en 1966. Il s'agissait de grandes barres construites à ce moment-là, pour loger notamment les gens comme nous. Ma mère y vit toujours. La population a entièrement changé car, comme le relève Dominique, "les populations d'origine de ces quartiers ont fui ensuite ces immeubles, puis ces quartiers, puis ces villes. Elles sont parties soit parce qu'elles avaient plus de moyens, soit parce qu'elles acceptaient mal la présence d'étrangers."

Moi-même, je vois changer Villejuif où je vis depuis 1985 (à part un entracte entre 1991 et 1993), de plus en plus. Dans mon HLM, qui n'a rien d'une "barre", au contraire, dans lequel les logements ont été attribués à partir de novembre 1993 (immeuble entièrement neuf avec un bon niveau d'équipements), les habitants ont aussi changé rapidement. Nous devons être trois ou quatre foyers à peine à vivre là depuis l'origine, tous les autres sont partis. Villejuif est une des rares villes de banlieue parisienne à construire encore des logements sociaux, et en grande quantité. Mais la mixité sociale qu'on avait voulu y implanter est en train de disparaître.

Écrit par : Jacques Layani | jeudi, 10 novembre 2005

Guillaume, voyons, que des caïds trouvent leur compte dans ce qui se passe est certainement exact, mais ne change rien au problème.

Écrit par : Jacques Layani | jeudi, 10 novembre 2005

Jacques Layani : Guillaume, voyons, que des caïds trouvent leur compte dans ce qui se passe est certainement exact, mais ne change rien au problème.

Moi, je crois que c'est exactement le contraire : les dealers ont besoin de calme pour pouvoir faire leurs affaires et cela ne les arrange pas du tout d'être dans l'œil du cyclone. N'oublions pas que la mentalité du gangster est similaire à celle du commerçant bourgeois respectable ! D'ailleurs, les RG ont fait remarquer que les quartiers qui sont les grosses plaques tournantes du trafic n'ont pas connu de violences.

Écrit par : Dominique | jeudi, 10 novembre 2005

"N'oublions pas que la mentalité du gangster est similaire à celle du commerçant bourgeois respectable ! " : c'est juste... Et la formule est amusante.

En fait, je voulais dire à Guillaume de se garder de ce genre de raisonnement qui consiste à tout ramener à la criminalité. Si les jeunes comme lui, éducateurs comme lui, se mettent à faire ça, c'est fichu. Si tu savais, Wilhelm, comme c'est difficile, à cinquante-trois ans, de lutter quotidiennement contre la tentation de devenir idiot ! Il est vrai qu'elle est permanente, mais à partir d'un certain poids d'années, c'est épuisant. Alors, du haut de tes trente et une bougies, fais des provisions de résistance.

Écrit par : Jacques Layani | jeudi, 10 novembre 2005

Jacques Layani : c'est juste... Et la formule est amusante.

Je tiens quand même à préciser que je n'assimile pas les commerçants à des gangsters, mais que je fais la démarche inverse. Le gangster a besoin de repères stables pour pouvoir recevoir ses fournisseurs et ses clients, si les contrôles deviennent fréquents et irréguliers ou hors des heures normales, il est perdu. Cela ne lui permet pas de fournir en drogue les jeunes venus des beaux quartiers. Il rêve aussi de se retirer des affaires et de mener une vie de rentier à l'aide d'actions cotées en bourse, voire d'obligations d'État. Il se méfie énormément des fous, des fanatiques, des gens imprévisibles, des mégalomanes, des politiques et des religieux : sa seule conviction est l'argent qu'il retire et qu'il place. Il n'a aucun intérêt à fomenter des troubles ou à attirer l'attention sur son territoire, sauf s'il est marchand d'armes.

Écrit par : Dominique | jeudi, 10 novembre 2005

Un texte trouvé par hasard (écrit par une immigrée laïque si je comprends bien).

http://www.mmlf.org/article.php3?id_article=568

Paradoxalement, l'article de Véronique de SÁ ROSAS ne va pas fondamentaleemnt à l'encontre de ce que je dis, même s'il condamne fermement les jeunes. Certains de ces jeunes, en effet, avant de mettre le feu aux voitures étaient déjà de petits délinquants. Le fait n'est pas nouveau. S'il faut les condamner, ce n'est pas parce qu'ils sont arabes ou noirs mais parce qu'ils sont délinquants. Encore faudrait-il savoir pourquoi ils le sont devenus. Le problème est complexe. Entre les idéalistes de gauches (qui les excusent à cause du racisme dont ils sont victimes, du chômage et du manque de perspectives d'avenir) et les durs de la droite qui ne pensent qu'à la répression, il faudrait pouvoir trouver son chemin.

A partir du moment où dans une salle de classe un enseignant ne parvient déjà plus à avoir la moindre autorité, c'est qu'il y a déjà un problème. Certains m'ont dit ne même plus espérer donner cours ni enseigner la moindre matière. Tant qu'il n'y a pas trop de chahut dans la classe, c'est déjà. bien.

Par contre je constate que chacun y va de son explication selon ses convictions.


Des catholiques disent que ce sont les « musulmans non croyants » qui sont dans les rues. Comprenez : la religion est la base de la morale (chrétienne ou musulmane peu importe). Ce qui arrive est la faute des socialistes et de leurs lois laïques. De plus, seuls des non croyants pourraient se comporter avec une telle bestialité.

Des socialistes accusent Sarkozy de provocation. Les événements seraient dus à un ton trop dur, à un manque de dialogue. Ils pointent du doigt l’islamisme radical en soulignant qu’il ne fallait rien attendre de bon d’une religion. Ils redoutent que le calme ne revienne que par la force (employée par Sarkozy) et par les appels au calme des Imams. La droite et la religion auraient alors prouvé leur efficacité.

Des musulmans athées (comme cette Madame Véronique de Sa Rosas, si j’ai bien compris) rejettent la faute sur les frères musulmans et se désolidarisent des casseurs en les qualifiant de voyous.

Allez vous y retrouver là-dedans.

Écrit par : Feuilly | jeudi, 10 novembre 2005

Je partage l'analyse de Feuilly: la plupart des analyses servent à légitimer les préconçus idéologiques de leurs auteurs. Notamment, les éducateurs et pédagogues expliquent doctement qu'il faut plus d'éducation, que les jeunes casseurs ne sont pas des criminels, etc.

Voilà quel était le sens, Jacques, de mon intervention. Je suis très conscient de ma part de "vieux con", mais je me dis qu'il vaut mieux 1) commencer jeune afin d'y aller mollo 2) pêcher parfois par acrimonie que par angélisme, si cela permet d'y voir plus clair.

Sur la question des gangs, les témoignages semblent confirmer que les plus jeunes des casseurs servent à divertir les autorités pendant que le "bizness" continue dans d'autres localités.

Écrit par : Guillaume | mercredi, 16 novembre 2005

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