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lundi, 07 novembre 2005

Suite de l’affaire de France Culture

Après Chasse gardée et Précision, voici une note qui bouclera la trilogie.

 

J’ai feuilleté hier, à la librairie L’Écume des pages, boulevard Saint-Germain, le Sautet par Sautet de Binh et Rabourdin. C’est vraiment une boîte de chocolats pour Noël. Un énorme volume, très lourd, pas manipulable, et qui surtout reprend les entretiens ayant déjà servi au documentaire et au DVD de Binh. À première vue, rien d’inédit. Les très nombreuses photos sont déjà connues. Bref, rien de neuf, un livre a priori inutile, sous réserve d’une lecture plus attentive par mes soins, mais qui n’aura pas lieu tout de suite, l’ouvrage coûtant cinquante-trois euros.

 

La surprise vient de la bibliographie, par ailleurs fort incomplète. Il se trouve que mon petit livre de rien du tout y figure. Or, voilà : pour tous les autres ouvrages mentionnés, quelques mots, une phrase ou deux, précisent le contenu. Pour le mien, rien. Ce qui prouve bien qu’il n’est pas connu et que, selon toute vraisemblance, Ciment l’ayant reçu en service de presse l’a signalé aux auteurs ses amis, qui l’ont ajouté sans l’avoir vu. Or, je tiens qu’on ne peut écrire un livre sur quelque sujet que ce soit, sans avoir lu tout – je dis bien : tout – ce qui a déjà été dit sur la question. Je certifie que c’est ce que j’ai toujours fait.

 

La seconde surprise vient du libraire lui-même. Mon petit volume, toujours lui, qui avait été, dès son arrivée, placé au ras du sol dans un endroit jamais regardé par personne, ce même petit volume qui, la semaine dernière, ne se trouvait plus dans ce discret rayon, y était de nouveau hier. Incompréhensible. Je passe sur le fait que la couverture de chaque exemplaire (trois) est abîmée et donc que ces livres sont forcément invendables.

 

La troisième surprise vient de l’émission de France Culture dont nous avons déjà parlé. Cette émission, que je pensais à tort être en direct, est en fait diffusée en différé. Enregistrée vendredi 4 novembre, elle devait passer dimanche 6 à 22 h 10. C’est du moins ce qu’affirmait le programme donné sur le site officiel de France Culture. Curieux de tout, je m’installe hier soir pour écouter cette émission et j’entends la voix de Ciment annoncer… tout autre chose. Il a parlé de ce qui serait abordé, cité les noms des invités. Rien à voir, rien à voir, rien à voir.

 

Une histoire de fous. J’ajoute que Ciment, comme il fallait s’y attendre, n’a pas répondu à mon petit mot de l’autre jour. Je vous raconterai la suite, s’il en est une. La trilogie deviendra peut-être une tétralogie.

10:35 Publié dans Édition | Lien permanent | Commentaires (12)

Commentaires

Mais au risque de provoquer la colère de notre hôte, est-ce qu'il n'aurait pas mieux valu tout de même participer à l'émission?

Les auditeurs se seraient peut-être rendu compte que le contenu d'un des deux livres était plus étoffé.

Ou peut-être auraient-ils retenu le nom de l'auteur et auraient-ils cherché son livre en librairie (obligeant ainsi le libraire à se mettre à quatre pattes pour aller le dénicher là où il l'avait rangé).

Et puis cela aurait impressionné l'éditeur et il se serait peut-être montré plus réceptif lors d'une prochaine publication.

Je sais, tout cela relève d'une démarche fort calculatrice qui est rarement la mienne quand il s'agit de mes propres affaires/ Maos bon, quand on voit les choses de l'extérieur on les analyse différemment.

Écrit par : Feuilly | lundi, 07 novembre 2005

La participation à l'émission, nous en avons déjà parlé. Bien sûr, il aurait mieux valu mais j'ai expliqué (note Précision) que, matériellement, ça ne m'était pas possible.

Ce que je voulais montrer ici est autre. Surtout, qu'on veuille bien croire que je ne suis ni jaloux ni envieux, surtout ! Je veux montrer ici un système de chasse gardée, je ne trouve pas d'autre mot, et d'exploitation d'un filon, le même "matériel" servant ixe fois.

Je voudrais souligner aussi l'attitude des libraires : petit livre à 17 euros sans images : caché ; gros album à 53 euros avec beaucoup beaucoup de photos : grosse pile sur la table.

Écrit par : Jacques Layani | lundi, 07 novembre 2005

Je comprends la déception qu'il y a de voir un de ses livres maltraité dans une librairie.

Écrit par : de Savy | lundi, 07 novembre 2005

Au-delà de mon cas personnel :

Je n'ignore pas le métier de libraire. J'ai moi-même été vendeur en librairie, il y a plus de trente ans, et je sais que ça ne s'est pas amélioré depuis. Je sais bien que les libraires n'ont pas assez de place pour mettre en vue toutes les nouveautés. Je sais aussi, cependant, qu'à de rares exceptions près, les acheteurs de livres se contentent de regarder ce qui est à plat sur les tables, de préférence en piles importantes. Ce qui est mis directement en rayon, seul le dos du livre étant visible, n'a aucune chance d'être remarqué, surtout si le rayon est invisible ou inaccessible, plus encore s'il n'y en a qu'un ou deux exemplaires. Si enfin l'ouvrage est petit, sans illustrations, c'est fichu.

A partir de là, la décision des libraires est primordiale. Ce sont eux qui choisissent de mettre en vue tel ou tel livre. Les libraires touchent 33 % du prix de vente hors-taxes des ouvrages. 33 % du HT de 53 euros, c'est plus que 33 % du HT de 17 euros, tout bêtement. Et si, par sa présentation, "53" a plus de chances de se vendre que "17", ils ne vont pas chercher plus loin.

C'est une dérive totale du METIER de libraire. Même si, économiquement, je puis la comprendre...

Écrit par : Jacques Layani | mardi, 08 novembre 2005

33 %, c'est une moyenne, ce n'est pas la réalité. Le chiffre réel peut être bien plus faible pour une librairie qui commence et qui se trouve en dehors d'un réseau de libraires. Il peut atteindre ce chiffre en moyenne au bout de trois ou quatre ans s'il accepte les conditions des diffuseurs. Ensuite, il faut voir les conditions de diffusion : un livre placé en office doit être vendu très vite car sinon il revient cher en trésorerie et en frais de retour, mais parmi les offices il y a énormément de livres qui sont ajoutés un peu au hasard et pour faire la masse, jouer la cavalerie (Interforum était un spécialiste de la chose). Le libraire (sauf rares exceptions) ne choisit pas tous ses livres : il a pu recevoir le livre de Jacques parce qu'il y avait chez le même éditeur et le même diffuseur une foule de beaux livres ou de livres plus nobles, et on l'a ajouté dans le même colis sans le présenter auparavant. Le libraire interloqué se demande ce qu'il doit faire de ce livre qu'il n'a jamais commandé, que le représentant n'a jamais évoqué et dont il ne voit aucun compte-rendu dans les revues de la profession (si jamais il les lit, ce qui est en fait rarissime) : il le laisse dans un carton en attendant de faire ses retours. Ah ! et il faudrait aussi parler des formations actuelles de libraires, c'est un sujet très croustillant...

Écrit par : Dominique | mardi, 08 novembre 2005

33 %, c'est une moyenne, ce n'est pas la réalité. Le chiffre réel peut être bien plus faible pour une librairie qui commence et qui se trouve en dehors d'un réseau de libraires. Il peut atteindre ce chiffre en moyenne au bout de trois ou quatre ans s'il accepte les conditions des diffuseurs. Ensuite, il faut voir les conditions de diffusion : un livre placé en office doit être vendu très vite car sinon il revient cher en trésorerie et en frais de retour, mais parmi les offices il y a énormément de livres qui sont ajoutés un peu au hasard et pour faire la masse, jouer la cavalerie (Interforum était un spécialiste de la chose). Le libraire (sauf rares exceptions) ne choisit pas tous ses livres : il a pu recevoir le livre de Jacques parce qu'il y avait chez le même éditeur et le même diffuseur une foule de beaux livres ou de livres plus nobles, et on l'a ajouté dans le même colis sans le présenter auparavant. Le libraire interloqué se demande ce qu'il doit faire de ce livre qu'il n'a jamais commandé, que le représentant n'a jamais évoqué et dont il ne voit aucun compte-rendu dans les revues de la profession (si jamais il les lit, ce qui est en fait rarissime) : il le laisse dans un carton en attendant de faire ses retours. Ah ! et il faudrait aussi parler des formations actuelles de libraires, c'est un sujet très croustillant...

Écrit par : Dominique | mardi, 08 novembre 2005

Mais oui, je connais bien ces problèmes. Depuis trente ans, plus même, je m'intéresse à tout ce qui touche au livre. Cela dit, un livre traitant d'un sujet comme celui-là a un public préalable, au moins supposé. L'enterrer ne sert à rien, puisqu'il est susceptible d'être vendu, bien davantage que mes recueils de nouvelles, par exemple, qui, eux, n'ont aucune chance.

Je précise bien que mon cas personnel sert ici d'illustration, mais le problème est le même pour cent mille autres.

Écrit par : Jacques Layani | mardi, 08 novembre 2005

Mais si la maison d'édition ou le diffuseur n'a pas demandé à son représentant de pousser en avant cet ouvrage ou au moins de le mentionner, il n'y a strictement aucune chance : il faut que le représentant place cinquante ou cent autres livres dans les étalages, public spécialisé ou pas. Quant au côté spécialiste des libraires de certains rayons dans les grandes chaînes type Fnac, cela me fait rire : il y a belle lurette que l'on embauche et place les gens en fonction de leur niveau d'ignorance dans un domaine précis afin d'être plus en phase avec le public (surtout pas un musicologue dans la musique classique ou le jazz, surtout pas un philosophe en sciences humaines ou en littérature).

Écrit par : Dominique | mardi, 08 novembre 2005

"Si la maison d'édition ou le diffuseur n'a pas demandé à son représentant de pousser en avant cet ouvrage ou au moins de le mentionner, il n'y a strictement aucune chance ".

Oui, vous avez raison. Mais alors, ce qui m'échappe, c'est l'attitude de l'éditeur. Après avoir publié le livre, c'est-à-dire engagé des frais, son simple intérêt commercial est de le faire connaître. Enfin, il me semble. L'imprimeur, lui, va lui présenter sa facture. Donc, je comprends mal : pourquoi un éditeur accepte-t-il une publication pour la laisser tomber ensuite ?

Écrit par : Jacques Layani | mercredi, 09 novembre 2005

Il est toujours amusant d'ailleurs d'écouter les questions que le public vient poser aux "libraires" de la Fnac. "Vous connaissez Madame Bovary de Flaubert?" "Je voudrais offrir un cadeau mais je ne sais que choisir" "Avez-vous tel livre sur le jardinage, sur la cuisine chinoise, sur le toilettage des caniches?"

Heureusement, finalement, que les "libraires" ont été bien choisis, sinon ils deviendraient déprressifs.

Écrit par : Feuilly | mercredi, 09 novembre 2005

J'ai raconté un certain nombre d'histoires comme ça dans mon petit livre intitulé, justement, "Avec le livre" -- mais toujours contextualisées, pour éviter l'anecdote. J'y parle aussi d'autre chose, quand même.

Cela étant, gardons-nous de l'élitisme, surtout.

Écrit par : Jacques Layani | mercredi, 09 novembre 2005

Gardons-nous de l'élitisme.
Tout à fait.

Mais c'est pour dire qu'un bon libraire (comme il en esxiste encore quelques-uns) fait finalement une part non négligeable de ses bénéfices sur ces livres que nous qualifierons de grand public.

C'est tentant, quand on est moins bon libraire, de ne privilégier que ces livres-là pour ce public-là.

Écrit par : Feuilly | mercredi, 09 novembre 2005

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