vendredi, 29 décembre 2017
Une si belle promesse
La Promesse de l’aube, un film d’Éric Barbier d’après l’œuvre de Romain Gary. On oublie qu’il s’agit d’un remake, puisque Dassin, en 1971, avait déjà adapté le roman avec Mélina Mercouri dans le rôle de la mère.
Certes, Charlotte Gainsbourg « en fait des tonnes » comme a pu dire parfois la critique, mais peut-on être Nina Kacew sans en faire des tonnes, justement ? Au vrai, elle a raison, elle ne pouvait pas interpréter le rôle autrement. La distribution est excellente et l’on a fait un bon choix des acteurs interprétant Gary enfant puis jeune homme. Le passage à l’âge adulte se fait sans même que le spectateur s’en aperçoive. Le maquillage de tous les acteurs est bon, notamment dans les étapes du vieillissement.
Le réalisateur évite tous les pièges de la reconstitution, entre autres lors des combats aériens qu’il stylise avec intelligence. Il a de belles trouvailles, comme celle du général de Gaulle décorant Gary enfant, dans des images en noir et blanc au cadre réduit, comme si une réelle archive était insérée dans le film. Le rendu de la durée est très bon.
Seul défaut, l’usage d’un filtre jaune pour obtenir une lumière mordorée systématique, ce qui est regrettable.
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lundi, 25 décembre 2017
Melville centenaire
La bibliographie melvillienne s’est enrichie de deux ouvrages, en cette année du centenaire de l’artiste. Tous deux ont été publiés à l’automne.
Le livre d’Antoine de Baecque est un essai intéressant, à la fois biographique et thématique, bien écrit, abondamment illustré, intelligent. Celui de Bertrand Tessier est une biographie succincte, bien faite, rédigée sur un ton alerte, mais traitée trop rapidement.
Je ne comprends pas pourquoi il est dit, au dos de l’album illustré, que les livres consacrés à Melville sont peu nombreux. J’en possède dix-sept (dont deux rééditions, soit quinze ouvrages originaux), pour ne parler que de ceux écrits en français. Il en existe plusieurs dans différentes autres langues.
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samedi, 09 décembre 2017
Le nouveau Guédiguian
C’est sur un rythme très lent que Robert Guédiguian narre sa nouvelle histoire, La Villa, une rêverie supplémentaire sur le temps qui passe et la fidélité à sa jeunesse, à ses idées, à ses amours. Dans le décor superbe de la calanque de Méjean, à l’ouest de l’Estaque, il développe pas moins de sept histoires parallèles (au moins) sans sortir du cadre, allant son chemin d’un pas un peu triste, mélancolique, au fil d’une nostalgie contre laquelle il paraît lutter sans y rien pouvoir. L’action est scandée par le train de la Côte Bleue qui passe et repasse tout en haut de l’immense viaduc dominant la somptueuse calanque.
Image parfaitement nette, lumière de la Méditerranée sucée avec le lait et restituée avec justesse, jusque dans ses couchants, longs plans fixes ou presque fixes marquant le temps qui passe en même temps qu’il se fige, montage cut comme toujours, flot des générations qui se mêlent dans cette œuvre où les pêcheurs connaissent Claudel par cœur et trouvent le moyen de vivre leur rêve de toujours en faisant éclore un amour inattendu dans le cœur d’une femme blessée, meurtrie – Guédiguian traite de problèmes réels en maniant l’onirisme et, en ce qui concerne la scène finale, l’allégorie pure et simple. L’espoir appartient à la fois à la jeunesse – les trois enfants migrants – et à la sincérité absolue des autres personnages – du couple âgé qui se suicide aux gens mûrs que jouent ses comédiens habituels. L’espoir, c’est crier sous le viaduc à la recherche de l’écho. L’écho, c’est la réponse de demain aux tristesses d’aujourd’hui.
Photo La Provence
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