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lundi, 03 novembre 2008

Les curieuses réactions des critiques

Voilà encore un article curieux publié sur la Toile, à propos de mon Fleming. À première vue, il est peu favorable. À la seconde lecture, il l’est davantage. Mais ce n’est pas là ce qui m’étonne.

 

On évoque mon « ton légèrement pontifiant », mais j’ai l’habitude. C’est un des premiers reproches qu’on me fait, quel que soit le sujet. Je ne sais pas très bien pourquoi. Quand on me connaît, on comprend que ce n’est pas du tout le cas ; c’est uniquement ma façon d’être sérieux et rigoureux qui donne au lecteur cette impression.

 

On dit que je me montre « fort de [m]on statut de pionnier hexagonal ». Du diable si j’ai eu ce sentiment, en composant ce livre. Effectivement, il n’y a pas d’équivalent sur ce sujet en langue française, mais je n’avais pas l’impression de concourir pour un titre quelconque. Je ne suis le premier que par hasard.

 

On parle d’ « une énorme erreur factuelle ». Je ne comprends pas pourquoi. J’ai vérifié le passage incriminé et n’ai pas trouvé d’erreur. Ce que relève le critique, je l’ai dit. J’admets bien volontiers l’avoir dit trop légèrement, trop succinctement, mais je ne vois toujours pas où est l’erreur factuelle.

 

On assure que j’ai « un intérêt limité pour les prolongements de l’œuvre littéraire de Fleming » : c’est exact et comme mon sujet était ailleurs, je ne vois pas pourquoi j’aurais poursuivi dans cette voie. Ce n’est pas la première fois qu’on m’oppose ce raisonnement curieux, qui consiste à contester non pas la façon dont j’ai pu traiter mon sujet, ce qui serait légitime, mais le sujet lui-même. En résumé, cela donne : « Vous avez traité tel sujet, soit. Mais pourquoi n’avez-vous pas plutôt traité tel autre ? » Eh, c’est parce que tel autre n’était pas à l’ordre du jour. Les éditeurs me font très souvent ce coup-là : je n’oublierai jamais cette fois où, proposant le projet de ma vie d’Albertine Sarrazin, je m’entendis demander d’écrire plutôt une biographie de Raymond Devos. Je dois à l’honnêteté de dire que l’éditeur en question accepta tout de même le livre sur Albertine et que, sept ans plus tard, c’est aussi lui qui publia celui consacré à Fleming. Il n’en demeure pas moins que cette réaction me laisse toujours sans voix.

 

Je m’attarde « complaisamment sur des questions de traduction qui pourraient être réglées en deux pages ». Ça alors ! Justement, le but de ce chapitre, intitulé « Questions de traduction », était précisément de détailler le plus possible les problèmes rencontrés par Fleming lorsqu’on a établi les premières versions françaises de ses œuvres. Je commence cet examen en disant qu’on ne peut évoquer des livres traduits comme s’ils avaient été rédigés directement en français et que, par conséquent, il importe d’y aller voir de plus près. Si je m’étais écouté, ce chapitre eût été encore plus long ! Rien à faire, un autre critique recommandait aux lecteurs de sauter ces passages. Celui-ci voudrait les réduire à deux pages. Il insiste : « Faut-il se pencher à ce point-là sur des éditions françaises des années soixante que le pékin moyen ne risque absolument pas de trouver aujourd’hui en librairie et dont le seul intérêt est l’absolue kitschitude ? » Passons sur le « pékin moyen » que je trouve bien méprisant (le critique est professeur de classes préparatoires et reste élitiste) quand il aurait pu dire « le lecteur », tout simplement. Il reste que les éditions « kitsch » et extrêmement fautives dont il est question sont toujours disponibles sur les sites de vente d’ouvrages d’occasion, où elles sont présentées comme des traductions originales et des objets de collection, très précieux. Il convenait donc de mettre en garde le lecteur, précisément.

 

« Il oublie peut-être le plus important, à savoir le statut mythique de James Bond », poursuit l’auteur de l’article. Des livres sur le mythe, il en existe de nombreux, dont le dernier vient à peine de paraître. Le mythe n’était pas mon propos, mais comment faire comprendre que je ne désire traiter que mon sujet et rien d’autre ? 

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