lundi, 17 décembre 2007
Un cadet de Gascogne
La chaîne Arte propose en ce moment une des mille adaptations des Trois mousquetaires. Il s’agit d’un triptyque américain réalisé en 1973. Incontestablement, cette version est la plus fidèle – j’en ai vu… combien ? – à l’ouvrage, mais la distribution (en français : casting) est étonnante. D’Artagnan paraît Gascon comme je ressemble, moi, à un Chinois. Athos n’a pas la noblesse qui le caractérise. Porthos et Aramis sont un peu effacés. Trois valets sur quatre ont disparu. Milady est Faye Dunaway, elle n’a pas le charme glacial et le venin de la comtesse de Winter – mais quelle actrice les possède ? Le rôle de Constance Bonacieux est tenu par Raquel Welch et c’est la plus grande erreur qu’il était possible de faire, à mon avis. Le talent de la comédienne n’est pas en cause, mais elle est la douce Constance comme Sarkozy ressemble au Marsupilami. La reine a le visage de Géraldine Chaplin, pourquoi pas ? Buckingham n’a pas la prestance d’un lord, premier ministre de Sa Majesté. Le roi Louis XIII est Jean-Pierre Cassel, Rochefort a le regard mauvais de Christopher Lee et je n’ai pas retenu le nom de l’acteur incarnant Richelieu, ce qui est tout de même regrettable.
La mise en récit filmique est donc fidèle, c’est-à-dire qu’elle respecte l’ordre et la nomenclature des épisodes, mais je me demande par quelle diablerie toutes les adaptations du chef-d’œuvre de Dumas prennent ça et là le parti du comique, voire du clownesque. Est-ce inhérent au film de cape et d’épée ? Le roman, palpitant, passionnant, plein d’intrigues et de rebondissements, n’est pas comique. Quand se profile la silhouette de Richelieu dans les pages de Dumas, on est inquiet, on a peur. Le Richelieu du romancier est vraiment inquiétant. Rochefort est terrible, dangereux. Milady est évidemment diabolique. Rien de cela ne passe à l’image. Les chutes gratuites, les gags, eux, sont toujours là : parfois, ils constituent presque l’équivalent des tartes à la crème d’un autre genre de films. Les Trois mousquetaires, c’est un récit faussement historique, composé à l’époque du drame romantique. Ce n’est pas une comédie.
Enfin, je regarderai cependant les autres époques du film sans me lasser jamais de cette extraordinaire histoire, découverte en 1963 avec un ravissement presque ahuri. Chaque fois, je galope tout seul sur mon canapé en ferraillant dans le vide. Milady réussira-t-elle à corrompre Felton ? Le bourreau de Béthune, dans sa barque, enveloppé dans son manteau, lèvera-t-il à bout de bras le corps de la morte, au clair de lune, en s’écriant : « Laissez passer la justice de Dieu » ? Ah là là, quel suspens !
14:55 Publié dans Fauteuil payant | Lien permanent | Commentaires (4)
Commentaires
Mouais, enfin, D'Artagnan torse-nu, on dirait Rahan, et Athos aurait été l'acteur idéal pour jouer... Porthos !
Écrit par : Fanny | lundi, 17 décembre 2007
Tiens, tu l'as vu ? J'avais bien dit que la distribution était étonnante. D'ailleurs, la fin de la seconde époque -- la troisième étant en réalité celle de Vingt ans après -- est très décevante.
Écrit par : Jacques Layani | lundi, 17 décembre 2007
Si ma mémoire est bonne, Richelieu est incarné par Charlton Heston. Je n'ai jamais apprécié cet acteur - et encore moins cet homme - mais c'est peut-être le seul (relativement) bon choix dans la distribution.
Comme vous, je suis déconcerté par le côté farce donné à l'ensemble (même si le roman ne manque pas de passages humoristiques, mais pas burlesques). Constance devient complètement gourde, incarnée par Raquel Welsh.
Contrairement à vous, je n'ai pas regardé la deuxième partie, trop déçu par la première. J'avouerai tout de même que je n'ai réellement lu Les trois mousquetaires que récemment, j'avais donc le modèle bien en tête, et peut-être une plus grande déception en découle.
Écrit par : Ignare | jeudi, 20 décembre 2007
Je suis même allé jusqu'à regarder la troisième partie, qui comprenait des personnages inventés et en faisait disapraître des tas d'autres. Le burlesque était toujours là. Noiret jouait Mazarin : encore une drôle d'idée.
Écrit par : Jacques Layani | jeudi, 20 décembre 2007
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