dimanche, 04 mars 2007
Oui, je l’aime
Je n’aime pas les comédies. J’aime, au cinéma, les drames, les films très noirs qui montrent des sentiments exacerbés et font crever les personnages dans leurs contradictions, leur problèmes ou même leur bonheur, pourquoi pas ?
Je suis pourtant allé voir Je crois que je l’aime. Je précise que c’était pour Sandrine Bonnaire. Je n’aurais pas assisté à cette projection avec qui que ce soit d’autre. Chez moi, on l’appelle « la grande Sandrine ». Elle est dans l’éclat de sa maturité, elle a quarante ans cette année, elle est lumineuse : ses yeux brillent, son sourire est éclatant de beauté et de confiance.
Cette comédie, donc, est intelligente, c’est-à-dire qu’elle fait rire intelligemment. Pas de tarte à la crème, pas de loufoquerie, on ne se tape pas sur le ventre et, ce faisant, on ne tape pas sur les nerfs du spectateur, non plus. Ce n’est pas du grand cinéma, c’est juste un bout d’émerveillement.
Et puis, on s’aperçoit, en y repensant lorsque le boulevard Sainte-Réalité se déroule devant soi à la sortie de la grande salle quasi déserte (quatre ou cinq spectateurs seulement lors de cette séance de midi trente), que le réalisateur manipule son public, qu’il l’amène où il le désire avec talent. Dès le début, on adopte, sans même s’en apercevoir, le point de vue du personnage incarné par Vincent Lindon, Lucas : on trouve ses agissements normaux, évidents. Aux trois quarts du récit, le point de vue change insensiblement et l’on s’aperçoit que c’est celui d’Elsa (Sandrine Bonnaire) qu’on présente et qui est le bon, en tout cas : le plus juste. J’aime bien me faire prendre ainsi, même si ce n’est pas une invention de Pierre Jolivet, j’aime qu’on se joue un peu de moi en art. D’autant que les ficelles ne se voyaient pas et qu’il n’y a pas de manque de respect du spectateur dans ce film toujours fin. Quelques légères erreurs (la scène des pizzas, trois fois) n’entachent rien. Le rendu de la durée – ma principale préoccupation – est très correct. Le personnage du détective Roland (François Berléand) est savoureux.
À la sortie du film, il y a quelques jours, Le Parisien, journal qui ne sait rien mais qui dit tout, avait écrit qu’il s’agissait de la première rencontre entre Lindon et Sandrine Bonnaire. L’excellent journaliste avançait que personne n’avait encore eu l’idée de les réunir. On le renverra simplement à Quelques jours avec moi, tourné par Sautet il y a vingt ans, en 1987.
21:55 Publié dans Fauteuil payant | Lien permanent | Commentaires (4)
Commentaires
Oui, ce n'est jamais qu'un film d'un cinéaste méconnu et qui ne passe jamais sur le petit écran (cinq ou six diffusions en 10 ans sur chaînes hertziennes si je ne m'abuse)... Vive "Le Parisien" !
Écrit par : Guillaume | samedi, 17 mars 2007
On peut évidemment toujours faire une erreur. Ce qui est incroyable, c'est l'aplomb avec lequel, ici, elle a été faite. Aucune vérification n'a été effectuée par l'auteur de l'article. A défaut de connaissances cinématographiques, une simple requête sur internet l'eût renseigné. Mais non.
Écrit par : Jacques Layani | samedi, 17 mars 2007
J'oubliais de te dire que je suis un fervent admirateur de Sandrine Bonnaire.
Écrit par : Guillaume | dimanche, 18 mars 2007
Nous nous comprenons.
Écrit par : Jacques Layani | dimanche, 18 mars 2007
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