samedi, 28 juillet 2018
Cartes et livres
À Tarascon, voici cet estivant entrant, accompagné de quatre adolescents, dans la librairie Lettres vives. Je l’entends demander à la libraire, le plus sérieusement du monde, si elle vend des cartes à jouer. Devant sa dénégation polie, il demande où il peut s’en procurer. Enfin, il insiste, parle de cartes « avec des variantes, des tarots »... Amusant.
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dimanche, 01 juillet 2018
De la poésie
À Cavaillon, se tenait en 2018 le deuxième minuscule (sic) marché de la poésie. Il n’était pas si minuscule que cela, d’ailleurs, même si, naturellement, il n’y avait aucune commune mesure avec celui de la place Saint-Sulpice, à Paris. Ce qui frappait, c’était la beauté des plaquettes, le soin apporté à leur réalisation : papier, typographie, illustrations. Certains petits livres étaient magnifiques. Mais voilà : on regardait, on feuilletait, on achetait des objets et, du contenu, rien n’était dit ou envisagé. Il semblerait que la poésie contemporaine se soit réfugiée dans des volumes minuscules et parfaits, qu’il ne serait même plus nécessaire de lire. Étrange conception de la réalité de la poésie. Ce qui est indispensable à l’homme, le tient debout et le forme, commence au-delà du texte. La poésie, c’est ce qui découle du poème et non le poème en soi. Dans cet ordre, des poèmes imprimés sur du papier journal peuvent être vitaux et point n’est besoin de plaquettes aux couvertures gaufrées. Mais les poèmes sur papier journal, personne ne les lit, les achète, moins encore. C’est bien ce que je disais : dans ces manifestations, les lecteurs acquièrent des objets (souvent assez chers). Les éditeurs de poésie sont devenus des ateliers de typographie souvent talentueux mais à côté du problème. Je dois préciser que je n’ai pas la solution au dit problème. Je ne donne pas de leçons, j’observe.
La poésie, aujourd’hui, se tiendrait-elle uniquement chez les très grands, les incontestables d’une part et les auteurs de ces belles plaquettes d’autre part ? Où est sa place ? Les très grands existent dans les diverses collections de poche, les inconnus dans des plaquettes introuvables. La poésie, ce n’est pas seulement le texte, disais-je, c’est davantage. L’impression sur de délicieux papiers, la délicatesse de certaines peintures illustrant les vers, ou dictées par eux, les tirages microscopiques ne suffisent pas à dire l’indicible, que les très grands, d’ailleurs, ont déjà dit.
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